Mais la variation de l’effet-qualité a plusieurs dimensions sans qu’on sache d’ailleurs si la qualité s’améliore toujours ?
b/ la variation de la qualité des biens et services
D’abord, la mesure des variations des prix de biens et services d’une année à l’autre est compliquée par le fait que ces biens et services peuvent changer entre temps. Les variations de prix observées peuvent être le reflet de changements de caractéristiques ou n’être que de simples variations de prix. Il faut alors estimer une valeur correspondant à la variation des caractéristiques de sorte que l’indice de prix reflète uniquement de pures variations de prix. C.est ce qu’on appelle communément le problème des variations de qualité.
La qualité d’un produit est définie par ses caractéristiques (physiques et non physiques). En principe, chaque fois qu’une caractéristique d’un produit change, il faut considérer que la qualité du produit est différente. Ces variations de caractéristiques doivent être enregistrées comme des variations de volume et non pas comme des variations de prix. L’évaluation de ces variations de qualité constitue l’un des problèmes les plus ardus dans la mesure des prix et des volumes.
c/ la variation de la qualité, liée à la composition de l’échantillon
Elle provient aussi d’une modification de la composition en produits homogènes existants de l’échantillon qu’il est parfois difficile de traiter. En pratique, les biens et services répertoriés dans l’échantillon ne restent pas constants, leurs caractéristiques peuvent varier de manière continue. Par exemple, l’apparition d’une nouvelle option pour une voiture devrait correspondre à l’apparition d’un nouveau produit homogène puisque le prix de la voiture avec et sans cette option est différent. Mais, en calculant l’indice de volume à partir d’un indice de valeur et d’un indice de prix mesuré à partir d’un échantillon onconsidère que toute variation de valeur qui ne provient pas d’une variation de son indice de prix correspond soit à une variation des quantités, soit à une modification de structure qu’on qualifie d’effet qualité, et on ne cherche pas à séparer ces deux facteurs.
En procédant ainsi, on suppose que les prix des produits ne figurant pas dans l’échantillon de produits utilisé pour le calcul de l’indice des prix évoluent comme cet indice, c’est-à-dire qu’on impute implicitement aux nouveaux produits des prix à la période de base correspondant à une évolution identique à celle de l’indice de prix utilisé. Par exemple, si l’indice des prix de voitures a augmenté de 3% entre T-1 et T, on recalcule implicitement un prix de la voiture avec option pour la période de base en divisant le prix de la période courante par 1,03.
d/ l’apparition de nouveaux produits (biens et construction)
Il peut se produire des variations extérieures à l’échantillon, par exemple lors du lancement de nouveaux produits: un produit, par exemple le produit A, dans l’indice de prix d’une certaine catégorie de produits, disparaît du marché. Un nouveau produit, le produit B, est choisi pour le remplacer. Comment mesurer la variation de prix dans le temps ? Dans bien des cas, les produits A et B se trouvent sur le marché pendant une ou plusieurs périodes (c’est-à-dire qu’ils se «chevauchent»). Dans cette situation, on dispose de prix pour A et pour B au moment t (par exemple), de sorte que la variation de prix jusqu’à t peut être basée sur le produit A et après t sur le produit B. On considère ensuite implicitement que la différence de prix entre A et B, dans la période t, est une mesure de la valeur de la différence de qualité.
Ainsi, des produits nouveaux comme les ordinateurs apparaissent chaque jour ou bien certains produits ne sont pas suffisamment homogènes, même si ils ont parfois des caractéristiques communes (logements). Ainsi lorsque de nouvelles variétés du produit sont lancées fréquemment et lorsque les prix changent rapidement, la méthode du chevauchement peut ne pas donner de bons résultats. Le principal problème tient à ce qu’on peut obtenir des résultats très différents en fonction du moment où les produits entrent dans l’échantillon de prix et de celui où ils en sortent. Par exemple, si de nouveaux modèles d’ordinateurs entrent dans l’échantillon de prix dès leur apparition sur le marché et s’ils y restent jusqu’à ce qu’ils soient vendus, il est probable que l’indice de prix diminuera rapidement en raison des importants rabais accordés pour un ancien modèle après le lancement d’un nouveau modèle. Par contre, on peut obtenir un indice de prix qui diminue peu (ou pas du tout) si les prix des anciens modèles sont retirés de l’échantillon dès le lancement du nouveau modèle.
Dans ces cas, les comptables nationaux utilisent plusieurs méthodes mais la plus appropriée semble celle des indices de prix hédoniques. Par exemple, supposons que le prix d’un ordinateur soit déterminé à partir de plusieurs facteurs. Les méthodes économétriques permettent de reconstituer le prix de tout ordinateur à la période de base à partir de ces caractéristiques et donc de calculer le prix qu’aurait eu à la période de base un ordinateur qui n’est apparu qu’à la période courante. Il est dès lors possible de calculer un indice de prix et de l’utiliser pour déterminer un indice de volume.
e/ la mesure de l’effet qualité dans les services
La Il y a aussi la mesure de l’effet qualité dans les services. Par nature, le partage volume-prix est plus complexe dans les services que dans l’industrie où la qualité joue un rôle prédominant et se prête beaucoup plus difficilement à une mesure objective. Certes il existe de nombreux services pour lesquels la production est mesurée à partir des ventes (services aux ménages et aux entreprises, voire aux deux). Pour ceux-ci, le partage volume prix est plus ou moins bien fait parce qu’on dispose d’enquêtes sur les prix en définissant des produits homogènes (« actes élémentaires ») et en traitant aux mieux les produits nouveaux. Un effort a été fait pour les services aux entreprises dont les prix ont été enquêtés plus récemment que pour les services aux ménages, aussi appelés « traditionnels ». Toutefois les innovations sont nombreuses dans les services (sans d’ailleurs qu’elles profitent toujours au client). La mesure de l’effet-qualité y est particulièrement délicate (information, télécommunication,..).
Le partage volume‑prix est ainsi difficile dans les technologies de l’information et de la communication, ce qui constitue le cœur de l’économie numérique (voir ci dessous). : biens technologiques (ordinateurs, smartphones,,..) connaissent des innovations fréquentes dont la qualité est difficile à mesurer. Dans les services de communication,, des offres commerciales sont sans cesse renouvelées. Le partage volume‑prix des logiciels et applications serait tout aussi délicat.
Mais il reste surtout une masse énorme de services où les prix n’existent pas:
- soit parce qu’il n’y pas d’enquêtes de prix (R&D, auxiliaires financiers, associations)
- soit parce que la production n’est pas mesurée par les ventes mais par les marges. La production du commerce, des banques et des assurances est mesurée par la différence entre leurs ventes et leurs achats.
- soit parce que ces services sont non marchands ; les ventes représentent moins de la moitié des coûts de production. Les prix n’existent pas oune sont pas représentatifs si il existent. En réalité, dans la nomenclature, on parle de « services principalement non-marchands ». Les services de santé des professions libérales en font partie.
Le total de tous ces services atteint 48% de l’emploi en France en 2018, en incluant certes les services des professions libérales de santé , où il y a bien des prix, mais qui sont pour partie « remboursés » par les organismes de Sécurité Sociale, et aussi les services bancaires autres que le SIFIM (service d’intermédiation financière indirectement mesurée), qui sont tarifés. Ce sont pour ces services, sans indice de prix enquêtés, que l’effet-qualité est le plus complexe à mesurer.
La principale difficulté réside dans le fait que, la mesure de la production étant conventionnelle, il n’est pas possible de faire de parallèle entre la mesure de la valeur de ces services et la mesure de leur volume.
Si on y ajoute les biens et services de l’économie numérique et d’autres produits comme les travaux publics et certains services aux entreprises, ce pourcentage de 48% est largement dépassé. Il ne serait pas loin de 60%.

Dans cet ensemble, on distingue deux grandes catégories de services : ceux dont la mesure de la production est calculée comme une marge; ceux dont la production est calculée par les coûts.