Les variations de stocks et l’appréciation sur stock

L’appréciation sur stocks est facile à définir mais délicate à estimer. L’appréciation sur stocks (AS) est l’écart entre la variation des stocks en comptabilité d’entreprise (CE) et la variation des stocks en comptabilité nationale (CN) due principalement à une différence dans le mode de comptabilisation des sorties de stocks : prix du marché en CN, coûts historiques (coûts unitaires moyen pondérés, méthode FIFO), (méthode LIFO) en CE. L’AS reflète ainsi une hausse des prix des stocks si ces prix augmentent entre le début et la fin de l’année. En CN, les variations de stocks sont évalués hors cette AS. Cette AS ne peut pas faire partie de la valeur ajoutée, parce qu’elle ne résulte pas de l’activité de production.

Les stocks, au sens large couvrant à la fois les stocks et les transactions, jouent plusieurs rôles dans les comptes nationaux. Du point de vue des flux économiques, les variations de stocks sont une composante de la demande et, en tant que l’une des composantes les plus volatiles du produit intérieur brut (PIB), un déterminant important des variations à court terme de la croissance du PIB. En outre, les variations de stocks de matières et fournitures sont nécessaires pour passer des achats à la consommation intermédiaire et les variations de stocks de travaux en cours et de produits finis non vendus sont nécessaires pour passer des ventes à la production. Par conséquent, les variations de stocks affectent les agrégats des comptes nationaux sur la production, les revenus et les emplois (et donc les estimations du PIB par les approches de la production, des revenus et des dépenses). Ces questions sont brièvement expliquées ci-dessous pour les trois approches permettant d’obtenir des estimations du PIB.

Du point de vue du bilan, les stocks sont une composante importante et doivent être inclus pour obtenir une comptabilité complète de la richesse d’une nation ou d’un secteur. En outre, les mouvements historiques des stocks (ainsi que les ratios stocks/chiffre d’affaires (ventes)) fournissent une analyse supplémentaire pour surveiller les tendances des systèmes de transport et de communication. Par exemple, les progrès des systèmes de communication et de transport ont permis à certaines entreprises d’adopter des stratégies de stocks « juste à temps », ce qui a entraîné une tendance à la baisse des ratios stocks/chiffre d’affaires.  Plus récemment, les stocks ont également été reconnus comme des actifs qui fournissent des services en capital.

 

Inventory appreciation is easy to define but difficult to estimate. The inventory appreciation n (IA) is the difference between the change in inventories in business accounting (BA) and the change in inventories in national accounts (NA), mainly due to a difference in the method of accounting for inventory withdrawals: market prices in NA, historical costs (weighted average costs, FIFO method), (LIFO method) in BA. Thus, Inventory valuation IA reflects an increase in inventory prices if these prices increase between the beginning and the end of the year. In National account system, inventory changes are valued except this IA. This inventory appreciation cannot be part of the value added, because it does not result from the production activity.

Inventories, in the broadest sense covering both stocks and transactions, play several roles in the national accounts. From the perspective of economic flows, changes in inventories are a component of demand and, as one of the more volatile components of gross domestic product (GDP), an important determinant of short-term variations in GDP growth. In addition, changes in inventories of materials and supplies are needed to move purchases to intermediate consumption and changes in inventories of work-in-progress and finished goods not sold are needed to move from sales to output. Therefore, changes in inventories affect national accounts aggregates on production, incomes, and uses (and hence, the estimates of GDP by production, income and expenditure approaches). These issues are briefly explained below for all three approaches to derive GDP estimates.

From the perspective of the balance sheet, stocks of inventories are an important component and is to be included to get a full accounting of a nation’s or sector’s wealth. In addition, historical movements in the stock of inventories (as well as inventory to turnover (sales) ratios) provide additional analysis for monitoring trends in transportation and communication systems. For example, the advancement in communication and transportation systems allowed for some firms to adopt ‘just-in-time’ inventory strategies causing a declining trend in inventory to turnover ratios .  More recently, inventories have also been recognised as assets that provide capital services.

 

« La valeur des stocks d’un produit est toujours calculée au prix du marche à une date donnée (c’est donc une valeur potentielle : la somme qu’on récupérerait si on vendait alors tout le stock). Cette valeur peut avoir varie pendant une période parce que le prix de marche du produit en stock a changé. Pour désigner cette variation B, on parle souvent d’appréciation ou de dépréciation du stock» Jean Paul Piriou, Jacques Bournay, la comptabilité nationale.

« il conviendra de recourir à des méthodes d’approximation plus sophistiquées en cas de fluctuations sensibles à la fois du volume et des prix  des stocks au cours de la période comptable. Il  s’agira, par exemple, d’évaluer trimestriellement la variation des stocks ou d’exploiter des données sur la distribution des variations au cours de la période comptable (ces variations peuvent être plus importantes à la fin de l’année civile, pendant la récolte, etc.) » , Système europpéen des comptes, SEC 2010.

 

 

Sommaire

I – LES VARIATIONS DE STOCKS EN COMPTABILITÉ NATIONALE ET COMPTABILITÉ D’ENTREPRISE

II – LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE STOCK

III – LES STOCKS DANS LE SEC 2010

IV – LES VARIATIONS DE STOCKS DANS LES 3 APPROCHES DU PIB

V – L’APPRÉCIATION SUR STOCK PRODUCTEUR

VI – L’APPRÉCIATION SUR STOCK UTILISATEUR

VII – RECOMMANDATIONS ET PRATIQUES

VIII – LES TROIS MÉTHODES D’ESTIMATION DES VARIATIONS DE STOCK

IX – LES TROIS MÉTHODES D’ESTIMATION DES STOCKS

X – L’APPRÉCIATION SUR STOCK DANS LE CALCUL DES MARGES COMMERCIALES

 

Résumé

° Les stocks, au sens large, couvrant à la fois les stocks et les transactions, jouent plusieurs rôles dans les comptes nationaux. Du point de vue des flux économiques, la variation des stocks est une composante de la demande finale et, en tant que composante la plus volatile du produit intérieur brut (PIB), un facteur déterminant des variations à court terme de la croissance du PIB [1], [2] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).

 

 

1 – Les variations de stocks

° En outre, les variations de stocks de matériaux et de fournitures sont nécessaires pour passer des achats à la consommation intermédiaire et les variations de stocks de travaux en cours et de produits finis non vendus sont nécessaires pour passer des ventes à la production. Par conséquent, les variations de stocks affectent les agrégats des comptes nationaux sur la production, les revenus et les emplois (et donc les estimations du PIB) selon les 3 approches «production », « revenus » et  « demande ».

° On ajoute les variations de stocks produit (ou producteur) aux ventes pour estimer la production (voir page Comptabilité nationale et comptabilité privée). On retire des achats les variations de stock achats (utilisateurs) pour estimer les consommations intermédiaires. Par exemple si un agriculteur dispose de stock de 15 en, fin d’année et 0 en début d’année, la variation de stock produit est de +15 qu’on ajoute à ses ventes (100), soit une production de 115. Si il achète des engrais d’un montant de 60, mais qu’il en met 10 en stock en fin d’année (0 en début d’année), sa CI est de 50 (=60 -10-0).

 

 

 

° L’Insee publie les variations de stock en comptabilité nationale en base 2014 [3], [4].

° Pour l’aspect conceptuel, on s’appuie sur les recommandations du SEC  2010 et sur le guide Eurostat-OCDE sur l’enregistrement des stocks [5]. Il présente pour la première fois une vue d’ensemble exhaustive des aspects théoriques et pratiques de l’établissement du poste «stocks» dans les comptes nationaux.

° Ce nouveau guide a eu pour ambition de fournir aux statisticiens des orientations générales et des conseils pratiques concernant l’estimation et la valorisation des stocks, dans un rapport de cohérence réciproque avec l’opération «variations de stocks» et, ce faisant, d’améliorer la comparabilité internationale de ces postes. Le guide clarifie les concepts théoriques ainsi que les sources de données possibles. Il décrit plusieurs méthodes d’estimation, tant pour les stocks d’actifs que pour l’opération «variations de stocks», y compris leur ventilation par produits, branches d’activité et secteurs institutionnels. Il examine aussi plusieurs cas spécifiques d’estimation et rapporte les résultats d’un questionnaire — complété par 34 pays — sur les pratiques nationales dans l’estimation des stocks.

° La question de la mesure des variations de stocks ne reste pas simple, en particulier parce qu’on ne connaît pas la décomposition des stocks par produits d’une entreprise (ce qui rend difficile l’estimation des stocks utilisateurs et commerce).

 

 

 

 

 

2 – l’appréciation sur stock

° Mais la principale difficulté est de calculer l’appréciation sur stock pour passer de la comptabilité d’entreprise à la comptabilité nationale [6]. En effet, pour que la valeur du stock enregistré dans les comptes ait un sens, l’entrée en stocks d’un bien et sa sortie des stocks doivent nécessairement être valorisées au même prix. C’est le principe de « cohérence ».

° La variation des stocks est mesurée par la valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des éventuelles pertes courantes sur stocks (définition du SEC 2010).

° Il faut distinguer la mesure des variations de stock en comptabilité d’entreprise et en comptabilité nationale  L’appréciation sur stocks (AS) est l’écart entre la variation des stocks en comptabilité d’entreprise (CE) et la variation des stocks en comptabilité nationale (CN) due principalement à une différence dans le mode de comptabilisation des sorties de stocks : prix du marché en CN, coûts historiques (coûts unitaires moyens pondérés – CUMP, méthode FIFO, méthode LIFO) en CE. Cette page pose le problème de la mesure de l’appréciation sur stock dans le calcul des marges commerciales par produits dont on a pu observé qu’elle fluctuaient fortement dans les produits pétroliers raffinés et ce justement à cause de l’appréciation sur stock [7] . Ces questions sont importantes dans ce type de produit. 

 

 

3 – L’appréciation sur stock et le calcul du PIB

° Le calcul de l’AS a une influence sur le calcul du PIB. Le compte de résultat des statistiques d’entreprise fournit les variations de stocks utilisateurs (achats et autres approvisionnements), commerce (marchandises) et la production stockée. L’AS est calculée séparément pour les stocks utilisateurs, commerce et producteurs.

° Si on part d’un compte des entreprises (CE) non financières non corrigé de l’AS, il faut apporter les corrections suivantes pour passer à la comptabilité nationale :

  • Du côté de l’offre, l’AS commerce et l’AS producteurs sont retirées de la production. L’AS utilisateur est ajoutée aux CI. La valeur ajoutée se voit retirer toute l’AS. Ces 2 cas sont repris dans le tableau suivant.
  • – Du côté de la demande finale, l’AS est retirée des variations de stocks.
  • – Du côté des revenus, l’AS est retirée de la valeur ajoutée, de l’EBE et du RDB des entreprises non financières. Elle est aussi retirée des variations de stocks en emploi du compte de capital, si bien que le besoin de financement n’est pas modifié.

Calcul de la valeur ajoutée (approche « offre ») en tenant compte de l’appréciation sur stock

 

° On répercute ainsi la différence entre les variations de stocks des comptes nationaux et les variations de stocks des entreprises (l’appréciation sur stocks) sur la valeur ajoutée des entreprises. Cette différence n’est pas négligeable selon les comptes nationaux français, dépassant souvent 5 milliards d’euros dans un sens positif ou négatif.

 

 

 

 

 

I – LES VARIATIONS DE STOCKS EN COMPTABILITÉ NATIONALE ET COMPTABILITÉ D’ENTREPRISE

 

 

1/ les variations de stock en comptabilité d’entreprise

a) Inventaire permanent et inventaire intermittent

La variation des stocks est mesurée, en comptabilité d’entreprise par la différence entre la valeur du stock de clôture et celle du stock d’ouverture. L’entreprise doit enregistrer toutes les entrées et sorties de stock au moment où elles ont lieu : c’est la méthode de l’inventaire permanent [8].

Mais lorsque les entrées et les sorties sont nombreuses et quotidiennes ou mensuelles, ce mode d’enregistrement nécessite un système informatique assez complexe. Le plan comptable français laisse la possibilité d’évaluer les stocks uniquement en fin d’exercice, c’est la méthode de l’inventaire intermittent.

La méthode de l’inventaire intermittent repose sur l’égalité suivante  :

Valeur du stock de clôture = Valeur du stock d’ouverture + entrées en stocks − sorties des stocks

Cette égalité signifie que la valeur du stock de clôture provient de la valeur des stocks au début de l’exercice et qu’elle a augmenté avec les entrées en stocks et diminué avec les sorties de stocks.

Elle peut également s’écrire :

Entrées − sorties = stock de clôture − stock d’ouverture

Cette égalité signifie que si l’on remplace dans le compte Variation des stocks les entrées par le stock de clôture et les sorties par le stock d’ouverture on obtient le même solde égal à la variation des stocks.

 

 

b) Interprétation de la variation des stocks

L’une des conséquences du mode de valorisation des stocks est que, dans le compte du résultat, une variation des stocks positive n’implique pas que les quantités stockées aient augmenté au cours de l’exercice, elles peuvent très bien avoir diminué. Inversement une variation des stocks négative n’implique pas une diminution des quantités stockées.

En effet, la variation des stocks est estimée par la différence entre les entrées en stocks et les sorties de stocks, entrées et sorties étant toute deux valorisées au prix d’acquisition.

Le problème est que ce ne sont pas nécessairement des biens acquis au même prix qui entrent et qui sortent.

Par exemple, supposons que dans une entreprise les entrées en stocks correspondent à 22 unités d’un bien acheté à un prix de 10 et que les sorties correspondent à 20 unités du même bien achetés au cours de l’exercice précédent au prix de 12. On a donc :

entrées en stocks = 22 × 10 = 220
sorties des stocks = 20 × 12 = 240
variation des stocks = 220 − 240 = -20

En quantités physiques, la variation des stocks est positive puisqu’elle est égale à 2 unités mais en valeur elle est négative. On constate donc, dans cet exemple, que la variation des stocks peut être négative en valeur alors qu’elle est positive en quantité.

Ainsi, une variation des stocks négative n’implique pas nécessairement un déstockage par l’entreprise. Inversement, une variation des stocks positive au compte de résultat n’implique pas nécessairement un stockage.

 

 

c) deux méthodes d’évaluation des stocks :

En comptabilité d’entreprise, les stocks peuvent être évalués selon deux méthodes différentes :

– soit la méthode du premier entré – premier sorti (PEPS ou FIFO « en anglais ») ;

– soit la méthode du coût unitaire moyen pondéré (CUMP).

Ces deux méthodes restent sur un coût historique des biens stockés et non sur un prix réel à la date de clôture de l’exercice comptable. La fluctuation des prix entre la date d’achat, c’est-à-dire la date d’entrée en stock, et la date de clôture n’est pas prise en compte.

 

1 – La méthode FIFO suppose que les éléments du stock qui ont été acquis ou produits les premiers sont vendus les premiers, et qu’en conséquence, les éléments restant en stock à la fin de la période sont ceux qui ont été achetés ou produits le plus récemment. C’est en quelque sorte le principe des files d’attente : le premier arrivé est le premier servi, autrement dit le premier entré est aussi le premier sorti.

La méthode FIFO est particulièrement bien adaptée au cas de biens périssables pour lesquels la gestion physique des stocks correspond effectivement au principe du premier entré – premier sorti. En effet, dans ce cas, l’entreprise achète les biens par lots physiquement identifiables pour lesquels on connaît la date et le prix d’acquisition.

Dans le cas où la gestion physique des stocks correspond effectivement à la méthode PEPS, celle-ci n’est rien d’autre que la méthode générale puisqu’on connaît le prix d’acquisition de chaque unité et que chaque unité est valorisée à son prix d’acquisition.

 

2 – La méthode CUMP  revient à considérer que tous les biens entrant en stock sont mélangés et indiscernables. C’est le cas, par exemple, lorsque du pétrole est stocké dans une cuve et que l’on n’attend pas que la cuve soit vide pour la remplir. Toutes les unités de pétrole sont alors indiscernables.

La méthode CUMP consiste à calculer le prix moyen du stock initial et des entrées en stock puis d’appliquer ce prix aux unités restant en stock.

Par exemple, supposons que le stock initial soit composé de 100 unités au prix de 10, sa valeur est de 1000. Si 400 unités au prix de 12 entrent en stock, le stock comprend alors 500 unités et sa valeur est de 1000 + 4800 = 5800. Le prix moyen du stock est alors de 11,6.

La méthode CUMP consiste à valoriser toutes les sorties du stock à ce prix. Le stock après l’entrée et les sorties étant valorisés au coût moyen, le stock restant est lui aussi valorisé au coût moyen.

Le Plan comptable général prévoit la possibilité de ne pas appliquer la méthode à chaque entrée mais après une période correspondant à la durée moyenne de stockage. Cela revient à faire comme si toutes les entrées avaient lieu au début de la période et toutes les sorties à sa fin.

Par exemple, si nous supposons que le stock initial était composé de 100 unités valorisées au prix de 10 et que les entrées au cours de la période consistent en 400 unités achetées à 12 et 100 unités au prix de 8, cela représente au total 600 unités pour une valeur de :

100 × 10 + 400 × 12 + 100 × 8 = 1000 + 4800 + 800 = 6600

Les unités restant en stock sont donc valorisées au prix moyen de 4800 / 600 = 11.

 

 

2/ Les variations de stock dans le système d’entreprise ESANE de l’Insee

Les informations concernant les entreprises viennent d’ESANE. Pour une année donnée nous avons le stock de fin de période, au coût historique, et la variation au cours de la période, également évaluée au coût historique. Nous pouvons donc retrouver le montant des stocks de début de période, toujours au coût historique, ainsi :

Stocks_DEB_ESANE = Stocks_FIN_ESANE – ΔStocks_ESANE

avec

ΔStocks_ESANE : la variation des stocks estimée par les entreprises

Stocks_FIN_ESANE : le stock estimé par l’entreprise à la clôture de l’exercice Stocks_DEB_ESANE : le stock estimé par l’entreprise à l’ouverture de l’exercice

La variation des stocks peut prendre des valeurs positives ou négatives [9] :

– si l’entreprise utilise plus de matières premières qu’elle en achète, elle devra puiser dans ses réserves et son stock final sera plus faible que son stock initial. La variation sera négative puisqu’il y a déstockage.

– à l’inverse, une entreprise qui produit plus qu’elle ne vend, va conserver ses produits finis et son stock final sera plus important que son stock initial. La variation sera positive puisqu’il y a stockage .

 

3/ les variations de stock en comptabilité nationale

En comptabilité nationale, la variation des stocks correspond à la différence entre les entrées en stocks et les sorties, celles-ci étant évaluées en comptabilité d’entreprise au moment où elles ont lieu. Il n’est généralement pas possible de calculer la variation de stocks en comptabilité nationale de cette manière mais il est possible de s’en rapprocher moyennant certaines hypothèses (comme le fait que l’entreprise fabrique un seul produit).

En quantités physiques l’équation suivante est vérifiée :

Stock d’ouverture + entrées = sorties + stock de clôture

Cette équation signifie que, en ressources, les biens peuvent provenir soit du stock d’ouverture, soit des entrées, en emplois, soit ils sont sortis, soit ils se retrouvent dans le stock de clôture. Cette égalité peut également s’écrire (comme dans la comptabilité d’entreprise) :

Entrées − sorties = Stock de clôture − stock d’ouverture

Cette égalité montre que si tous ses éléments sont évalués au même prix, alors le calcul de la variation des stocks par la différence entre le stock de clôture et celui d’ouverture donne le même résultat qu’un calcul par la différence entre les entrées et les sorties : dans le cas favorable d’un prix unique, il est possible de déduire la variation des stocks de la comptabilité nationale de celle de la comptabilité des entreprises.

Si l’on fait l’hypothèse que les entrées et les sorties se font régulièrement au cours de l’exercice, le prix moyen sur la période des entrées et des sorties est le même, si bien que l’on se trouve dans le cas favorable qui vient d’être exposé. Dans le cas de la production stockée, par exemple, le prix moyen des entrées et des sorties est également le prix moyen de production.

S’agissant des stocks sur la production (stocks producteurs), si l’on évalue les stocks de clôture et d’ouverture tirés des bilans des entreprises au prix moyen de la production, on peut alors en déduire la variation de ces stocks par la différence entre ces deux valeurs. Pour cela il faut connaître trois prix, les prix des stocks de clôture et d’ouverture retenus par les comptables d’entreprise et le prix de base moyen de la production. Les prix retenus par les comptables d’entreprise dépendent de la méthode utilisée mais, dans tous les cas, ils sont évalués au coût de production alors que le prix de base comprend un élément correspondant au profit. Une première correction doit être apportée à ce niveau. La deuxième correction correspond au fait que les prix ont fluctué au cours de l’année, si bien que le prix moyen de la période est différent des prix à l’ouverture et à la clôture. Il faudra alors déflater les stocks par des indices de prix de manière à les ramener aux prix moyen.

 

 

 

 

II – LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE STOCK

Le Plan comptable français distingue trois grandes catégories de stocks :

  • les stocks de marchandises ;
  • les stocks de matières premières et autres approvisionnements ;
  • la production stockée.

 

 

1/ Les stocks de marchandises

Les marchandises sont des biens que l’entreprise achète pour les revendre sans transformation.

Au compte de résultat, les variations de stocks de marchandises sont associées au stock de marchandises. En effet, en quantités physiques, les achats correspondent aux entrées en stocks et les ventes aux sorties des stocks. On a donc :

Variation des stocks = achats − ventes

Soit : Ventes = achats − variation des stocks

Le coût des ventes est égal aux quantités vendues multipliées par leur prix d’achat. Multiplions donc les deux termes de l’égalité précédente par le prix d’achat. Le produit des quantités achetées par le prix d’achat est égal à la valeur des achats, le produit des quantités stockées par le prix d’achat est égal à la valeur des stocks puisque les stocks sont valorisés à leur prix d’acquisition. On a donc :

Coût des marchandises vendues = achats de marchandises − variation des stocks

 

 

 

2/ Les stocks de matières premières et autres approvisionnements

Les matières premières et autres approvisionnements sont des biens destinés à être consommés dans le processus de production, c’est-à-dire que, contrairement aux marchandises, ils sont destinés à être détruits et non vendus.

Les biens achetés correspondent aux entrées en stocks et les biens consommés aux sorties des stocks. L’équation de base en quantités est donc ici la suivante :

Variation des stocks = achats − biens consommés

Soit :

Biens consommés = achats − variation des stocks

La valorisation des biens consommés à leur prix d’acquisition donne le coût des biens consommés. En multipliant les deux termes de l’équation par le prix d’acquisition on obtient :

Coût des matières consommées = achats de matières − variation des stocks

 

 

3/ La production stockée

Les biens produits par l’entreprise peuvent être soit vendus, soit stockés. La production correspond aux entrées en stocks et la production vendue aux sorties des stocks. L’équation de base en quantités est ici la suivante :

Variation des stocks = production − production vendue

Soit :

Production = production vendue + variation des stocks

Ici, à la différence des cas précédents, on ne peut plus valoriser tous les éléments de la même manière. En effet, la production vendue doit être évaluée au prix de vente mais les entrées en stocks et les sorties de stocks doivent être évaluées au coût de production.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III – LES STOCKS DANS LE SEC 2010

1/ les catégorises de stocks

Selon le SEC 2010, Les stocks comprennent les catégories suivantes :

  • les matières premières et fournitures: il s’agit de tous les produits que les entreprises conservent en stocks avec l’intention de les utiliser comme entrées intermédiaires dans leurs processus de production, y compris les produits stockés par les administrations publiques. En font notamment partie l’or, les diamants, etc., lorsqu’ils sont destinés à des usages industriels ou à d’autres productions de même nature
  • les travaux en cours: il s’agit de la production des entreprises qui n’est pas encore terminée. Cette production est enregistrée dans les stocks de son producteur et peut, par exemple, revêtir les différentes formes suivantes:
  • Les biens finis: il s’agit des biens que leurs producteurs n’ont plus l’intention de transformer davantage avant de les livrer à d’autres unités institutionnelles;
  • les biens destinés à la revente: ceux-ci se définissent comme les biens acquis dans le but d’être revendus en l’état.

 

 

2/ le moment d’enregistrement

Le moment d’enregistrement et l’évaluation des variations de stocks sont cohérents avec ceux des autres opérations sur produits. Cela vaut en particulier pour la consommation intermédiaire (par exemple, matières premières et fournitures), pour la production (par exemple, travaux en cours et production découlant du stockage de produits agricoles) et pour la formation brute de capital fixe (par exemple, travaux en cours).

Pour mesurer la variation des stocks, les entrées en stocks sont évaluées au moment de l’entrée et les sorties de stocks au moment de la sortie.

 

3/ Les prix utilisés pour évaluer les variations de stocks sont les suivants:

  • les biens finis stockés par les producteurs sont évalués comme s’ils étaient vendus à ce moment, c’est-à-dire aux prix de base courants;
  • les entrées en travaux en cours sont évaluées proportionnellement au prix de base courant estimé du produit fini;
  • les biens déstockés pour être vendus sont évalués aux prix de base;
  • les biens destinés à la revente entrant dans les stocks des grossistes et détaillants sont évalués aux prix d’acquisition effectifs ou estimés des négociants;
  • les biens destinés à la revente sortant de stocks sont évalués aux prix d’acquisition auxquels ils peuvent être remplacés au moment de leur sortie, et non à celui de leur acquisition effective.

 

Mais en l’absence de données, les méthodes d’approximation suivantes sont utilisées pour estimer les variations de stocks:

  • lorsque les variations du volume des stocks sont régulières, une méthode d’approximation acceptable consiste à multiplier la variation du volume des stocks par les prix moyen de la période (prix d’acquisition pour les stocks détenus par les utilisateurs, les grossistes ou les détaillants et prix de base pour ceux détenus par les producteurs);
  • lorsque les prix des biens concernés restent constants, les fluctuations du volume des stocks n’invalident pas l’approximation qui consiste à estimer la variation des stocks en multipliant la variation en volume par le prix moyen;
  • il conviendra de recourir à des méthodes d’approximation plus sophistiquées en cas de fluctuations sensibles à la fois du volume et des prix des stocks au cours de la période comptable. Il s’agira, par exemple, d’évaluer trimestrielle-ment la variation des stocks ou d’exploiter des données sur la distribution des variations au cours de la période comptable (ces variations peuvent être plus importantes à la fin de l’an-née civile, pendant la récolte, etc.);
  • si les valeurs connues sont celles de début et de fin de période comptable (c’est le cas, par exemple, du commerce de gros ou de détail qui souvent doit gérer des stocks composés de nombreux produits différents), mais qu’il n’existe pas de données distinctes sur les prix et les volumes, il convient d’estimer les variations en volume entre le début et la fin de la période. L’une des méthodes applicables pour estimer l’évolution des volumes consiste à estimer des taux de rotation constants par type de produit.

 

 

4/ Le partage volume prix des variations de stocks

D’une manière générale, les variations de stocks correspondent à la différence entre les entrées en stocks et les sorties de stocks.

En comptabilité nationale, les entrées et les sorties de stocks de produits doivent être valorisés aux prix du marché de ces produits au moment du mouvement. Ce prix de marché est en pratique, sauf exceptions (notamment stocks des branches agricoles) :

– pour les stocks producteurs, l’indice de prix des ventes ;

– pour les stocks utilisateurs, l’indice de prix des consommations intermédiaires ;

– pour les stocks commerce, une moyenne pondérée des indices de prix des emplois

 

 

 

 

 

IV – LES VARIATIONS DE STOCKS DANS LES 3 APPROCHES DU PIB

Les paragraphes suivants décrivent les variations de stocks du point de vue des trois approches du PIB. On verra également comment relier les variations de stocks aux stocks dans les comptes de patrimoine.

 

1/ l’approche « production »

Le PIB mesure la production totale produite sur le territoire et l’un des moyens de le calculer consiste à faire la somme des valeurs ajoutées à chaque étape de la production. La production est une activité dans laquelle une unité utilise les intrants (travail, capital, consommation intermédiaire) pour produire des biens et des services. Les gains et pertes de détention («gains de détention») ne font pas partie de la production, car ils découlent de changements de prix des produits déjà fabriqués et en stock. Pour enlever les effets des gains de détention, la production et la consommation intermédiaire doivent être évalués aux prix en vigueur au moment où la production et l’utilisation des intrants ont lieu.

Un  produit qui entre dans le stock est compté comme production lorsqu’il est produit, en même temps qu’il est ajouté au stock. Lorsque le produit est retiré des stocks et vendu, aucune production ne doit être enregistrée. Ainsi, la valeur de la vente est compensée par la variation négative correspondante des stocks, à savoir les que sorties des stocks doivent être évalués aux prix auxquels les biens sont vendus. De même, un produit est enregistré comme consommation intermédiaire lorsqu’il est utilisé dans le processus de production et non au moment où il a été acheté. En conséquence, l’utilisation des matériaux est évaluée aux prix en vigueur au moment de leur utilisation, c’est-à-dire les prix au moment de sorties de stock.

Le schéma suivant issu d’un  document de travail du FMI illustre la relation entre la valeur ajoutée et les variations de stocks. Dans cet exemple, une entreprise importe 5 quantités d’un produit dont le prix est de 10. Au moment où elle l’utilise pour produire un bien, le prix est de 12. Sa CI est donc de 60 (5*12). Le bien produit est de 10 quantités au prix de 15. Les entrées de stocks sont donc de 150 (10*15). Mais au moment où elle vend 8 quantités du bien, le prix est de 16, soit 128 de ventes (8*16), et donc 22 de variations de stocks de produits finis (10*15-8*16). Le PIB de l’approche production est de 90 (=150-60). La production se décompose entre 128 de ventes et 22 de variation de stock producteur. La CI comprend 50 d’achats moins les variations de stock utilisateur (5*10-5*12).

En effet, pour la production, on rajoute les stocks sur les produits aux ventes dont la valeur est estimée par la différence entre les entrées en stocks et les sorties de stock. Mais pour la CI, on retire des achats les stocks sur les achats (égaux aux entrées de stocks moins les sorties de stocks), en sachant que si les stocks sont par exemple nuls à l’achat et qu’ils sont de 2 au moment de la production, la CI est nécessairement plus faible que les achats. Dans l’exemple, les stocks sont de 50 à l’achat (l’entrée de stock est de 50) et de 60 au moment de la production (la sortie de stock est de 60). On a donc une CI égale à 50 -((5*10)-(5*12), soit 50 – (-10) = 60.

 

Comme le montre l’exemple précédent, si les sorties de stocks ne sont pas valorisées à la valeur actuelle du prix, la valeur ajoutée brute inclura les « gains de détention ». En supposant que les sorties de stock soient évaluées aux prix de 15 au lieu des prix au moment des sorties (16), comme indiqué ci-dessus, l’effet sera le suivant:

° la production sera surestimée ((8 * 16) + [(10 * 15) – (8 * 15)] = 128 + 30 = 158; au lieu de 150),
° la consommation intermédiaire sera sous-estimée ((5*10) – [(5 * 10) – (5 * 10)] = 50; au lieu de 60)
° la valeur ajoutée brute sera surestimée (158 – 50 = 108; au lieu de 90) car elle inclut des effets de valorisation sur la production et la consommation intermédiaire.

La question des gains de détention ne se pose pas lorsque la production est mesurée directement à l’aide de données sur les quantités multipliées par des prix  comme indiqué dans le schéma. On peut dire la même chose quand on mesure la consommation intermédiaire directement à partir du produit de la quantité de matière utilisée par son prix.

 

 

2/ l’approche « demande »

La valeur des variations de stocks est une composante des emplois finaux (demande) et est donc importante dans l’estimation du PIB par la méthode des ERE. Les emplois finaux sont enregistrés au moment du transfert de propriété des biens et évalués aux prix auxquels les transactions sont effectuées, c.-à-d. aux prix d’achat. La valeur du produit au moment de son acquisition pour des emplois peut inclure des gains de détention. Afin de compenser les gains de détention que le prix d’achat d’un produit peut inclure, les sorties de ce produit des stocks doivent être évaluées aux prix en vigueur au moment  de la sortie.

Si la mesure de la variation des stocks ne reflète pas les prix réels auxquels les sorties ont lieu, mais les prix historiques qui sont utilisés pour évaluer les sorties (comme dans la plupart des comptes d’entreprise), les estimations des variations de stocks incluront les gains de détention qui seront reflétés dans la valeur du PIB.

Le schéma suivant fournit un exemple numérique illustrant la relation entre les emplois finaux et les gains de détention sur stocks.

Pour la calcul du PIB on comptabilise une consommation finale égale à 128(8*16) des variations stock producteur de 32 (2*16), des variations de stock utilisateur de -10, soit des variations de stock totales de +12. mais on retire les importations de 50, soit un PIB (approche demande) égal à 128 +12 -50 = 90.

On note que la variation de stock producteur (« Finished Goods ») se retrouve dans les deux approches de calcul du PIB. On trouve leur valeur (22) dans le calcul du PIB selon l’approche production. Ils viennent s’ajouter aux ventes. Et on les retrouve en emplois finals de l’approche demande du calcul du PIB. Autrement dit, ils sont dans le « haut » de l’ERE (passage des ventes aux ressources) et dans le « bas » de l’ERE (calcul des emplois). Mais ceci n’empêche pas qu’ils aient une influence sur le niveau du PIB (et son évolution).

Comme illustré dans ce schéma, la variation des stocks peut être négative même lorsque la modification physique des stocks est nulle ou positive. Par exemple, la variation physique des stocks de matières est zéro, mais la valeur de variation des stocks de matières est négative. Les prix au moment de l’utilisation (ou de la vente dans d’autres cas) des matériaux incluent les gains de détention, qui sont des gains réalisés lorsque ces produits sont utilisés ou vendus. Les emplois ou les ventes sont enregistrés à leurs prix. Les plus-values ​​réalisées incluses dans les prix d’achat des matériaux sont exactement compensées dans les variations de stocks en valorisant les sorties aux mêmes prix (les prix au le moment d’utilisation ou de vente). L’exemple montre que la valeur des variations de stocks de matériel est de –10, ce qui est égal aux gains de détention réalisés. Les variations de stocks reflètent donc non seulement le mouvement en stocks mais aussi un ajustement pour la différence d’évaluation entre production et utilisation en raison des gains de détention réalisés. En conséquence, la somme des emplois finaux moins les importations donne le PIB de l’approche « demande » à l’exclusion des gains de détention.

Dans le schéma précédent et le schéma suivant, le total des gains de détention sur stocks comprend à la fois les gains réalisés et non réalisés.

 

a) comptabilisation des stocks et des variations de stock 

Les stocks, les variations de stocks et les gains de détention correspondants sont enregistrés dans l’ensemble du système de comptabilité nationale dans les comptes d’accumulation et les de patrimoine. Les variations de stocks font partie de la formation brute de capital et sont inscrits à l’actif du compte de capital Les gains de détention sur les stocks sont enregistrés dans le compte de réévaluation, un sous-compte des comptes de patrimoine..

Les comptes d’accumulation et les comptes de patrimoine sont étroitement liés. Continuant avec l’exemple numérique présenté précédemment, le schéma suivant  illustre le lien entre les stocks et les variations de stocks sur le compte de patrimoine.

 

 

 

b) La mesure des trois variations de stocks dans les équilibres-ressources-emplois (ERE)

L’affectation des variations de stocks par type de produit se révèle compliquée, beaucoup plus que pour les autres emplois d’un ERE. Certes, les travaux en cours et les produits finis sont faciles à affecter, car les produits concernés doivent être ceux que produit l’unité qui déclare les stocks. On peut donc les estimer par produits au prorata des ventes d’une entreprise entre ses produits.

Mais le cas des matières premières et fournitures est plus complexe. Certaines seront spécifiques à l’unité de production qui les comptabilise, par exemple, les stocks utilisateurs de pétrole brut peuvent être estimés par les stocks sur achats des entreprises du secteur d’activité du pétrole raffiné.

Mais ces cas sont rares. Quasiment toutes les unités de production détiennent des fournitures de bureau et du matériel de nettoyage, par exemple, même si leur importance est moindre. Il est donc difficile d’estimer les variations de stocks utilisateurs de ces produits à partir des déclarations des entreprises de leur variations de stock sur achats. Ils sont mêlés à d’autre stocks. Une solution proposée ci dessous est de calculer leur répartition au prorata des CI du TEI. par exemple, connaissant le stock initial des secteurs A et B et la matrice du TEI des secteurs A et B en produit a et b, on peut déterminer la matrice de stock initial au prorata. Si le secteur A consomme deux fois plus de produit a que de produit b, son « stock utilisateur » initial en produit a et b est réparti pour deux tiers en produit a et un tiers en produit b (voir exemple ci dessous).

De même, concernant les biens destinés à la revente, pratiquement tous les types de biens peuvent être inclus dans les stocks. Non seulement l’éventail des biens concernés est vaste, mais le schéma des biens détenus en vue de leur revente varie fortement dans le temps, y compris à l’intérieur d’une même période comptable. Dans le contexte de la mise en équilibre d’un ERE, cette incertitude quant à la composition des stocks, ajoutée au fait que même l’évaluation des variations de stocks risque d’être moins solide que prévu, signifie que les stocks sont souvent estimés indirectement et peuvent constituer l’une variables d’ajustement (d’arbitrage) des ERE.

 

 

 

3/ l’approche « revenu »

Les gains de détention sur les stocks affectent « l’excédent d’exploitation / les revenus mixtes ». Lorsque ces variables sont calculées par solde (en déduisant la rémunération des employés et les impôts – moins les subventions – de la valeur ajoutée), la production et les consommations intermédiaires doivent être ajustées, si nécessaire, pour tenir compte des gains de détention. sur les stocks (voir l’approche de la production ci-dessus). Si l’excédent d’exploitation est calculé à l’aide d’informations provenant de la comptabilité d’entreprise, il doit être ajusté pour éliminer les gains sur les stocks inclus dans les bénéfices du compte de résultat de l’entreprise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V – L’APPRÉCIATION SUR STOCK PRODUCTEUR

Un point essentiel dans la mesure des variations de stock est d’isoler l’appréciation sur stock. Elle découle d’une différence de valorisation par les entreprises et la comptabilité nationale (CN) des quantités physiques détenues en stocks. Elle est  la différence entre les deux estimations :

appréciation sur stock = Δstocks_(comptabilité d’entreprise – Esane) – ΔStocks_(comptabilité nationale)

Les stocks des entreprises sont évalués à leur coût historique alors que la comptabilité nationale (CN) préconise de les évaluer aux coûts du marché Les comptables nationaux  calculent donc leurs propres variations de stocks au prix du marché.

 

Pour passer de la production marchande non stockée à la production marchande au prix du producteur, il faut ajouter les variations de stocks producteurs. Il n’y a pas de ventilation entre production vendue de biens et services et ventes de marchandises car elles ne concernent pas les ventes de marchandises [10].

Le SEC définit la variation des stocks en comptabilité nationale (CN) comme suit « Paragraphe 3.117 : La variation des stocks (P.52) est mesurée par la valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des éventuelles pertes courantes sur stocks. »

Nous avons donc :

ΔStocks_CN = Entrées_CN – Sorties_CN

avec

ΔStocks_CN : la variation des stocks estimée par la comptabilité nationale

Entrées_CN : les entrées en stocks définies par la CN

Sorties_CN : les sorties de stocks pour utilisation et pertes définies par la CN

De même qu’en comptabilité d’entreprise, la variation des stocks en comptabilité nationale peut prendre des valeurs positives ou négatives.

 

Les variations de stocks producteurs sont mesurées entre la fin de l’exercice et le début de l’exercice comptable. Cette évaluation est compliquée par le fait que les stocks déclarés par les entreprises dans Esane ne sont pas corrigés de l’inflation. Un bien stocké peut ne plus avoir la même valeur à sa sortie si le prix a augmenté ou diminué entre temps : il peut s’être « apprécié » ou « déprécié ». D’une manière générale nous parlerons d’appréciation sur stocks dans les deux cas (positive ou négative).  L’appréciation sur stocks n’est pas un concept pur de comptabilité nationale mais elle découle d’une différence de valorisation par les entreprises et la comptabilité nationale des quantités physiques détenues en stocks.

Conceptuellement, la comptabilité nationale doit neutraliser les effets de cette « appréciation » sur la mesure des variations de stocks. Pour cela, on détermine le « prix moyen » de l’année pour chaque type de bien. Cette évaluation est obtenue par l’utilisation d’indices de Prix de Ventes Industriels (IPVI).

On a alors :

ΔStocks_CN = Entrées_PrixMoy – Sorties_PrixMoy

Malheureusement les quantités entrées et sorties ne sont pas connues. L’utilisation de l’équilibre des quantités physiques, valorisées au prix moyen, va permettre de calculer la variation des stocks de la comptabilité nationale en passant par les stocks de début et de fin.

Entrées_PrixMoy – Sorties_PrixMoy = Stocks_FIN_PrixMoy – Stocks_DEB_PrixMoy

En utilisant les indices de prix moyen de l’année, au mois de décembre d’une année et au mois de décembre l’année précédente nous pouvons déterminer les stocks de fin et de début au prix moyen :

 

 

a) 1° Exemple :

Soit un secteur d’activités dont le stock initial déclaré dans Esane a pour valeur 300 et le stock final 330. Le prix en fin d’année n-1 était de 100, le prix en fin d’année n de 110. Le prix moyen annuel est de 105. Le tableau 20  résume les données du problème :

Exemple simple de calcul des variations de stocks producteurs en CN

 

 

On a :

 

 

b) 2° Exemple :

L’appréciation sur stocks peut prendre des valeurs positives ou négatives. Mais surtout, le signe des deux variations n’est pas forcément identique. Une forte évolution des prix peut entraîner des variations de signe opposé entre les variations de stock d’entreprise et celles de la comptabilité nationale.

 

 

Une fois évaluées les variations de stocks des secteurs d’activités au sens de la comptabilité nationale (c’est-à-dire corrigées de l’appréciation sur stocks), il reste à les répartir en branches. On utilise pour cela la structure en branches de la production (matrice passage secteur-branche) vendue de biens et services, figurant dans la « première ligne des ERE ».

 

 

 

 

VI – L’APPRÉCIATION SUR STOCK UTILISATEUR

 

1/ La mesure des variations de stocks utilisateur hors appréciation

Pour les variations de stocks utilisateurs, la mesure est beaucoup plus complexe que pour les variations de stocks producteurs car elle nécessite de faire des hypothèses sur la composition des stocks par produit, en s’appuyant sur la structure des achats. On s’appuie donc sur le tableau des entrées-intermédiaires (TEI).

En comptabilité d’entreprise, on dispose des stocks résultant des achats. On peut alors évaluer les stocks utilisateurs par secteur d’activité (branche d’activité principale). Pour obtenir les variations des stocks utilisateurs par produit, on inverse le TEI en répartissant les stocks utilisateurs par branche d’activité principale au prorata de la consommation intermédiaire par branche d’activité principale. On obtient ainsi une décomposition des variations de stocks des utilisateurs par colonne. Ensuite, en faisant des totaux par ligne, on estime un total des variations de stocks des utilisateurs par produit.

Par exemple, si les variations de stocks de la branche d’activité principale  « cuirs et peaux » sont de 50 selon la source entreprises et que le TEI montre que cette branche ne consomme que deux produits, l’agriculture pour 60 % et l’industrie du textile-habillement pour 40 %, les variations de stocks utilisateur du produit « agriculture » sont estimées à 30, et celles du produit « industrie textile-l’habillement à 20, et ainsi de suite pour toutes les colonnes.

 

L’exemple suivant propose deux secteurs d’activité A et B et deux produits A et B. On connaît les stocks initiaux et finaux des secteurs A et B. Connaissant par ailleurs le TEI, on peut déterminer les stocks initiaux et finaux des produits A et B.

On détermine ainsi le stock initial du produit A par le secteur A (107 dans l’exemple suivant) en multipliant  le stock initial du secteur A  (150 ) par le ratio de la CI du produit A par le secteur A (500)  dans la CI du secteur A (700). On fait de même pour le stock final. On en déduit une matrice de variations de stock puis les variations de stocks utilisateur des produits a et b, soient respectivement 70 et 65 (tableau suivant).

On note que cette méthode est à peu près satisfaisante pour les variations de stock des produits industriels mais elle ne l’est pas pour l’estimation des variations de stocks utilisateur des produits de la construction (41B, 43Z). Ce sont les promoteurs (41A) qui ont des stocks en produits 41B et 43Z. Or les promoteurs n’achètent quasiment pas ces 2 produits sauf un peu de petit entretien en travaux. Ils achètent surtout quelques produits industriels, de l’électricité et des services.  Il est donc important d’estimer les variations de stock utilisateur des produits 41B et 43Z à partir des variations de stock chez les promoteurs (variable R213 d’Esane) sans appliquer la méthode générale à partir du TEI.

tableau 11 calcul des vaiations de stocks utilisateur

Exemple fictif du calcul des variations de stocks utilisateur dans tenir compte de l’appréciation sur stock

 

 

 

2/ La mesure des variations de stocks utilisateur y compris l’appréciation

Supposons une hausse des prix des stock du produit A de 50% de 1 à 1,50 (en fait une hausse des prix du produit A) et une stabilité des prix du produit B.

La matrice des variations de stock de la comptabilité nationale est calculée en T4. Elle résulte de la variation des stocks hors appréciation. Le stock initial du produit A par le secteur A (134) est égal au produit du stock initial de la comptabilité d’entreprise (107) par 1,25 (prix moyen). Le stock final du produit A par le secteur A (119) est égal au produit du stock final de la comptabilité d’entreprise (143) par 1,25, divisé par 1,5 (prix en fin de période).

Pour le produit A, la variation des stock utilisateur en comptabilité d’entreprise est de 70. Celle de la comptabilité nationale est de -22, soit une appréciation sur stock de 92.

On en déduit la matrice T5 de l’appréciation sur stock.

 

 

 

 

 

 

VII – RECOMMANDATIONS ET PRATIQUES

Tous les pays de l’OCDE disposent des variations de stocks et des encours de stocks par produits ou par branches. En France, ces données sont fournies par ESANE. Les trois variations de stocks (utilisateurs, marchandises et producteurs) sont données par le compte de résultat et les encours par le bilan. Nous n’abordons pas à ce stade les difficultés rencontrées, notamment les différences entre les stocks de début de l’année N et ceux de fin de N-1. Une fois connue les variations de stocks CE, il est équivalent d’estimer les variations de stocks CN et l’appréciation sur stocks.

 

 

1/ Recommandations générales

Dans le SEC2010, les variations de stocks sont mentionnées au §3,153 et les gains de détention aux §6,32-6.33.

§3,153 En l’absence de données, les méthodes d’approxi­mation suivantes sont utilisées pour estimer les variations de stocks:

  1. lorsque les variations du volume des stocks sont régulières, une méthode d’approxima­tion acceptable consiste à multiplier, la varia­tion du volume des stocks par les prix moyens ;
  2. lorsque les prix des biens concernés restent constants, les fluctuations du volume des stocks n’invalident pas l’approximation qui consiste à estimer la variation des stocks en multipliant la variation en volume par le prix moyen;
  3. il conviendra de recourir à des méthodes d’ap­proximation plus sophistiquées en cas de fluc­tuations sensibles à la fois du volume et des prix des stocks au cours de la période comptable. Il s’agira, par exemple, d’évaluer trimestrielle­ment la variation des stocks ou d’exploiter des données sur la distribution des variations au cours de la période comptable (ces variations peuvent être plus importantes à la fin de l’an­née civile, pendant la récolte, etc.);
  4. si les valeurs connues sont celles de début et de fin de période comptable (c’est le cas, par exemple, du commerce de gros ou de détail qui souvent doit gérer des stocks composés de nombreux produits différents), mais qu’il n’existe pas de données distinctes sur les prix et les volumes, il convient d’estimer les variations en volume entre le début et la fin de la période. L’une des méthodes applicables pour estimer l’évolution des volumes consiste à estimer des taux de rotation constants par type de produit.

Les fluctuations saisonnières des prix pourront refléter un changement de qualité (par exemple, prix pratiqués pendant les soldes ou prix des fruits et légumes hors saison). De telles modifications de la qualité sont traitées comme changements de volume.

 

 

2/ La méthode du Canada

On reprend ici la méthode du Canada. Dans le Système de comptabilité nationale (SCN), les entrées intermédiaires de produits  sont enregistrées et évaluées au moment où elles entrent dans le processus de production, tandis que les sorties de produits sont enregistrées aux prix courants au moment où elles émergent du processus. La règle du SCN voulant que les entrées soient évaluées aux prix courants au moment où elles sont consommées et les sorties, aux prix au moment où elles sont produites équivaut à évaluer les biens en question comme s’ils n’avaient jamais été mis en stock, ce qui assure que les valeurs de la consommation intermédiaire et de la production  n’incluent aucun gain de détention. Habituellement, dans les comptes des entreprises, les entrées intermédiaires sont enregistrées et évaluées au moment de leur achat, tandis que les sorties le sont au moment de leur vente. Donc, les valeurs des entrées utilisées en production et des sorties produites enregistrées dans le SCN doivent être calculées par ajustement des achats et des ventes correspondants en vue de tenir compte des variations de stocks déclarées dans les comptes des entreprises.

L’objectif de l’ajustement n’est pas simplement de calculer les quantités exactes, mais aussi de s’assurer que les entrées et les sorties soient évaluées correctement. Les règles d’évaluation du SCN exigent que les entrées en stock et les sorties de stock soient évaluées aux prix en vigueur au moment où elles ont lieu. Si un bien est entré en stock à un prix et subséquemment sorti de stock à un prix plus élevé, les valeurs de l’acquisition et de l’utilisation ne s’annulent pas, de sorte que la valeur monétaire de la variation des stocks n’est pas nulle, même si la variation quantitative l’est. Quand un bien est sorti de stock à un prix plus élevé que celui auquel il a été entré, le propriétaire de l’entreprise fait un gain de détention nominal égal à l’écart entre les deux prix. Ce gain de détention ne peut pas faire partie de la valeur ajoutée, parce qu’il ne résulte pas de l’activité de production.

Donc, la première tâche du comptable national consiste à examiner les postes suivants des comptes d’une entreprise : la valeur déclarée des stocks dans le bilan de début et de fin d’exercice, la base sur laquelle est faite l’évaluation, la durée de rotation des stocks (c.-à-d. la période entre les points d’entrée et de sortie) et, naturellement, les statistiques sur les prix aux points d’entrée et de sortie. Dans les comptes d’entreprise, la valeur comptable déclarée de la variation des stocks est égale à la valeur des stocks dans le bilan de fin d’exercice moins la valeur des stocks dans le bilan de début d’exercice. Dans le SCN, cette variation de la valeur comptable déclarée doit être ventilée en une valeur de la variation (de volume/quantité) des stocks et les gains de détention. La valeur aux prix courant de la variation des stocks et les gains de détention nominaux à la période t, ainsi que les volumes/quantités (q) et les prix (p) donnés aux périodes t et t-1 sont formulés de la façon qui suit dans le SCN de 1993 :

Variation des stocks = ( qt – qt-1) pt

Gains de détention nominaux = ( pt- pt-1) qt-1

Habituellement, une entreprise n’enregistre dans ses comptes que la valeur agrégée des stocks figurant dans les bilans de début et de fin d’exercice, plutôt que les valeurs ou quantités des biens individuels. Le cas échéant, il faut commencer par estimer le volume en utilisant des indices de prix; ce n’est qu’après cette conversion que l’on peut calculer la valeur de la variation des stocks et celle des gains de détention nominaux. On  appelle la variation des stocks , la valeur de la variation matérielle des stocks (VVM) et les gains de détention nominaux sont appelés ajustements de la valeur des stocks (AVS).

Le calcul de la VVM et de l’AVS comprend huit lignes :

 

 

Enregistrement de la variation des stocks et des gains de détention

 

 

 

a) Déflateurs

On part de l’hypothèse que les valeurs comptables des stocks sont déclarées selon la méthode LIFO (premier entré, premier sorti). Par conséquent, chaque bien en stock a une « période de rotation » qui correspond au temps moyen qu’il passe dans le stock (ou, de façon équivalente, le nombre de jours ou de semaines de stock qu’un établissement garde à sa disposition). La valeur comptable des stocks déclarés par un établissement pour une période de référence donnée est égale à la somme des coûts des biens entrés en stocks durant la période de rotation de la période de référence. Pour déflater la valeur comptable en dollars constants de l’année de base, l’indice de prix utilisé doit refléter les fluctuations des prix durant la période de rotation. Par conséquent, on l’obtient en calculant la moyenne d’une série d’indices de prix durant la période de rotation, à la fin de la période de référence.

Pour un bien dont la période de rotation est de trois mois (comme dans cet exemple), le déflateur au quatrième trimestre sera égal à la somme des indices de prix de décembre, de novembre et d’octobre, divisée par trois. Pour les périodes de rotation de moins d’un mois, la série de déflateurs correspond à la série de prix.

 

 

b) Indices de réévaluation

La série d’indices de prix utilisée pour convertir la VVM en dollars constants à la VVM en dollars courants reflète les coûts moyens des stocks durant une période donnée. Pour les calculs mensuels, les indices de réévaluation sont les séries de prix de référence proprement dites. Pour les calculs trimestriels, on utilise une simple moyenne sur le trimestre.

Aux niveaux agrégés, l’indice de réévaluation implicite (le ratio de la VVM en dollars courants à la VVM en dollars constants) ressemble parfois fort peu à une série de prix convenable. Dans un cas extrême, deux séries pourraient présenter des fluctuations en dollars constants de même amplitude, mais de sens opposé, de sorte que l’indice de réévaluation implicite de leur somme ne serait pas défini.

 

c) Variation des stocks dans un contexte de forte inflation

La VVM de l’étape 6 du calcul de Statistique Canada est identique à la variation des stocks de la ligne 6 de la méthode du SCN. L’AVS de l’étape 8 de Statistique Canada est identique à la ligne 7 de la méthode du SCN. En pratique, les gains et pertes de détention et l’appréciation surs stock ne sont pas toujours égaux.

Quelques commentaires sur l’information figurant dans ce tableau suivant sont nécessaires pour mieux comprendre les calculs. Les valeurs du bilan sont calculées aux prix du marché. Les quantités au trimestre 0 (4e trimestre de l’année précédente) étaient égales à 100 et, après avoir diminué pendant deux trimestres, ont augmenté au 3e et au 4e trimestres, pour donner de nouveau 100 unités à la fin du 4e trimestre. Cet exemple est celui d’une économie où sévit une inflation grave. Les prix grimpent pour passer de 0,4 par unité à 2,5 par unité en une année, c’est-à-dire qu’ils passent de 100 à 625. Les variations de la valeur des stocks du bilan de  chaque trimestre sont calculées. Le total pour les quatre trimestres de l’année est de 210, exactement égal à 250 moins 40, comme il est déclaré dans la colonne des valeurs comptables pour l’année. La quantité diminue de 40 durant chacun des deux premiers trimestres, puis augmente de 40 durant chacun des deux derniers trimestres, ce qui se solde par une variation nulle pour l’ensemble de l’année. La variation de 210 inscrite au bilan correspond à une variation des stocks (naturellement, en prix courants) de 98 et d’une variation des gains de détention nominaux de 112.

La méthode adoptée au Canada donne les mêmes résultats que la méthode du SCN pour la VVM et l’AVS. Cependant, elle ne nécessite pas de données sur la quantité, car ce genre de renseignement n’est habituellement pas obtenu lors des enquêtes. Le volume est calculé aux prix de base. La variation de volume ainsi calculée multipliée par l’indice de réévaluation, qui est le même que le déflateur, donne les valeurs de la VVM (variation des stocks). De même, le calcul de l’AVS suit les mêmes principes que la méthode du SCN et les résultats sont identiques.

 

 

 

d) Commentaire sur les résultats

Les résultats paraissent plausibles du point de vue d’un compte d’entreprise. Les gains de détention nominaux de 112 sont en harmonie avec le flux de trésorerie de l’entreprise : si l’on utilise la méthode du SCN, celle-ci a dépensé 40 $ pour acquérir 100 unités à la période 0, a vendu 40 unités au T1 pour 20 $, a vendu 40 autres unités au T2 pour 32 $, a acheté 40 unités au T3 pour 50 $, et a acheté 40 unités au T4 pour 100 $, ce qui donne un montant total net des dépenses de 138. La valeur marchande de 100 unités au T4 est de 250, ce qui donne un gain de détention nominal de 112 (250-138).

La variation de la valeur du bilan moins les gains de détention est égale à la variation de 98 unités des stocks. Cependant, la variation des stocks en prix constants ou la variation de la quantité des stocks pour l’année entière est nulle. Le déflateur implicite, c’est-à-dire la variation des stocks en prix courants divisée par la variation des stocks en prix constants, n’est pas interprétable pour l’ensemble de l’année. Cependant, pour chaque trimestre, le déflateur implicite se comporte comme prévu. Les données agrégées pour l’année ne semblent pas donner lieu à la même interprétation que les données pour les quatre trimestres.

 

 

 

3/La méthode en France

On évalue les appréciations sur stocks producteurs, utilisateurs et commerce par branche à partir de la formule :

ASi = (Sf/Cf – Si/Ci)*Cm

 

où Si et Sf sont les stocks de début et de fin de la branche.

  • Les stocks producteurs par branche sont obtenus en appliquant la matrice de passage secteurs-branches aux stocks producteurs des secteurs.
  • Les stocks utilisateurs par branche sont obtenus d’abord en évaluant les stocks utilisateurs par branche en appliquant la matrice de passage secteurs-branches aux stocks utilisateurs des secteurs puis en multipliant ce vecteur par le TEI qui répartit des stocks selon les branches qui les utilisent (voir la méthode ci-dessus).
  • Les stocks commerce.

 

Ci et Cf sont des déflateurs obtenus par moyenne des indices de prix de la production des 4 derniers mois

  • Cf = 1/4 (indice septembre N + indice octobre N + indice novembre N + indice décembre N)
  • Ci= 1/4 (indice septembre N-1 + indice octobre N-1 + indice novembre N-1 + indice décembre N-1)
  • Cm = 1/2 (Ci + Cf)
  • Les indices de prix de la production sont fournis par la banque de données macroéconomique (BDM).

Cette AS est donc retirée des variations de stocks CE pour estimer les variations de stocks CN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII – LES TROIS MÉTHODES D’ESTIMATION DES VARIATIONS DE STOCK

L’Ocde et Eurostat ont établi un rapport de recommandations sur l’estimation des variations de stocks fondé sur les pratiques existantes.

Les chapitres 1 à 3 soulignent l’importance des variations de stocks pour les trois approches du PIB et la difficulté de leur estimation (voir ci-dessus).

Le chapitre 4 consacré aux données comptables d’entreprises comprend un exemple simple et éclairant sur les conséquences des trois modes de comptabilisation des stocks par les entreprises et en CN. Selon le mode valorisation retenu, l’AS est différente : en période d’inflation, L’AS croît lorsque l’on passe des méthodes LIFO, CUMP et FIFO. Il insiste sur la différence entre AS et gain de détention, Mais il comporte un paragraphe 4,40 qui démontre que sous des hypothèses de mouvements continus des prix des stocks, on a (qepe – qapa) – p̅(qe – qa) = (pe – pa)q = gain de détention selon le SEC 2010  $6.32–6.33. Autrement dit, si on suppose que (pe – pa)q est le gain de détention,  p̅(qe – qa) fournit la variation des stocks CN car on a

Variation des encours CN.= Variation des stocks CN + gains de détention.

 

Le chapitre 5 (qu’on essaie de résumer ici) montre qu’il y a trois méthodes d’estimation des variations de stocks ;

1) Méthode 1 : A partir des comptes d’entreprises

2) Méthode 2 ; Estimation à partir des quantités et prix pour l’agriculture, les produits pétroliers

3) Méthode 3 ; comme solde des ERE.

 

 

1/ Méthode 1 : A partir des comptes d’entreprises

Elle se fait en plusieurs étapes.

 

Étape 1 : La première étape est de déterminer le mode de valorisation en CE.

Il convient de séparer les valeurs comptables des stocks aux dates d’ouverture et de clôture de la période par méthode comptable utilisée. Dans la plupart des cas, les données sur la valeur comptable sont disponibles par branche d’activité (secteur d’activité) et non par type de produit. Appliquer les ajustements nécessaires aux données de valeur comptable déclarées, comme inclure une majoration pour l’excédent d’exploitation dans le cas des stocks de travaux en cours et de produits finis ou un multiplicateur de couverture si les données n’incluent pas l’ensemble de la population (par exemple si les données n’incluent pas les entreprises non constituées en société).

 

Étape 2 : Techniques pour FIFO, méthodes de comptabilité au coût moyen pondéré et LIFO.

(a) Construire un déflateur de prix approprié pour convertir les valeurs comptables des stocks en volumes. Pour cela il faut une hypothèse de la durée de conservation des marchandises en stock (ou période de conservation des stocks) et des prix ​​appropriés pour les marchandises détenues en stock.

(b) Calculer les valeurs à prix constants en divisant les valeurs comptables des stocks par le déflateur de prix approprié.

(c) Faire la différence entre les valeurs à prix constants des stocks au début et à la fin de la période. Cela fournit une estimation de la variation en volume du stock de stocks aux prix de l’année précédente. En principe, cette notion équivaut à la variation des quantités de stocks entre le début et la fin de la période comptable.

(d) La variation en volume du stock de stocks est multipliée par un indice de prix moyen pour la période comptable en cours (cet indice de prix doit avoir la même période de référence que celle utilisée pour déflater les valeurs comptables des stocks) pour obtenir une estimation de la variations de stocks à prix courants. En principe, cette méthode est équivalente à la méthode de réévaluation des quantités où la variation des quantités de stocks au cours d’une période est multipliée par les prix moyens de la période en cours.

La procédure générale pour les méthodes comptables FIFO et CUMP peut être exprimée comme suit :

(1) ΔSi,t = Pmi,t * Bi,t* bi,t* ci,t / Cii,t

Où ΔSi,t est la variation de valeur des stocks pour l’article de stock i aux prix moyens de la période courante t.

Bi,t est la valeur comptable des stocks pour l’article de stock i à l’instant t,

bi,t indique une majoration pour l’excédent d’exploitation et d’autres coûts pertinents qui ne sont pas inclus dans les stocks de travaux en cours et de produits finis dans la comptabilité d’entreprise,

ci,t est un multiplicateur de couverture.

Cii,t est le déflateur (parfois appelé indice du coût d’acquisition) utilisé pour convertir la valeur comptable des stocks de l’article i en volumes à prix constants, et Pmi,t est le prix moyen de l’article i au cours de la période t.

Étape 3 : Techniques pour les méthodes comptables LIFO.

Étape 4 : Calculez les totaux en additionnant les variations de stocks de chaque méthode comptable.

 

a) La première étape est de déterminer le mode de valorisation en CE

La méthode 1 commence par les valeurs comptables des stocks telles que déclarées par les entreprises. L’exemple suivant suppose que les données sont représentatives et que les inventaires des entreprises non constituées en société sont inclus dans les données. le tableau suivant utilise directement les données sur la valeur comptable telles que déclarées par les entreprises et les hypothèses  sur la proportion de la valeur comptable par méthode d’évaluation de stocks  pour désagréger la valeur comptable totale. Les hypothèses sur les 3 méthodes d’évaluation des stocks pourraient être basées sur les  données sources, mais tous les pays n’ont pas nécessairement les 3 méthodes d’évaluation supposées ci-dessous; les pays supposent que seule la méthode d’évaluation FIFO est utilisée.

L’idéal est pour chaque produit d’avoir la décomposition des stocks de début ou de fin par méthode de valorisation.

Tableau 10 stock et AS

Valeur comptable des stocks en CE, par les 3 méthodes d’évaluation de stocks (exemple fictif)

 

 

b) Techniques du premier entré, premier sorti et du coût unitaire moyen pondéré : méthodes de comptabilisation

Les techniques utilisées pour réévaluer les valeurs comptables du FIFO et du coût moyen pondéré peuvent être décrites comme un processus de déflation, de différenciation et de réévaluation. L’évaluation des variations du volume des stocks au prix moyen du produit en stock est parfois appelée valeur de la variation physique des stocks; il s’agit d’une approximation du concept de comptabilité nationale  et ce n’est que dans des conditions spécifiques que ces techniques fourniront une une estimation précise de la variation des stocks selon le SCN 2008 et le SEC 2010.

Le défi le plus difficile à relever lors de l’utilisation de cette méthode est la création de déflateurs appropriés pour la valeur comptable des stocks. Le choix du déflateur doit être représentatif du type de méthode comptable utilisée et de l’évolution des prix au cours de la période considérée.

Les indices de prix utilisés pour construire les déflateurs des valeurs comptables des stocks doivent avoir le même concept de prix que celui utilisé pour évaluer les flux de stocks. Il est préférable de construire les déflateurs de la valeur des stocks à des niveaux désagrégés pour tenir compte des différences dans les périodes de détention et les mouvements de prix entre divers groupes de produits. Par conséquent, les déflateurs au niveau de chaque groupe doivent être construits.

Étant donné que les informations actuelles sur la composition des produits ne seront généralement pas disponibles, les poids des produits devront peut-être être tirés de données détaillées (de référence) sur la composition des produits des stocks. Une alternative serait de supposer que la composition en produits des stocks de produits finis est la même que la composition en produits de la production.  De même, on suppose généralement que la composition en produits des stocks de des matériaux et des fournitures est généralement supposée être la même que celle des achats ou de la consommation de ces biens.

Lors de la construction d’indices de prix appropriés, il faut également tenir compte de la part des produits qui sont produits au niveau national par rapport aux produits importés, et utiliser les indices de prix appropriés, par exemple les indices des prix à la production pour les biens produits localement et les prix à l’importation pour les biens importés.  Les informations sur la part des produits importés peuvent être estimées à partir des informations obtenues dans les tableaux des ressources et des emplois (TRE).

 

1 – Indice FIFO

L’évaluation FIFO des stocks implique que les prix utilisés pour l’évaluation des stocks à un moment donné sont les prix des dernières acquisitions. Si l’on considère un seul article détenu en stock, les prix pertinents pour cet article sont les prix auxquels les unités détenues en stock ont été acquises. En supposant que que les stocks sont détenus pendant (k) mois, le déflateur de la valeur comptable des stocks à la fin d’un mois donné serait le suivant.

Où, PCIFIFO,t est l’indice de coût utilisé pour déflater la valeur comptable FIFO, PIt sont les indices de prix mensuels pour l’article détenu en stock, n se réfère aux mois pendant lesquels les stocks sont constitués, et Wt représente les proportions de la quantité de stocks acquis chaque mois qui restent en stock.

Lorsque les déflateurs sont calculés pour un groupe de produits en stock, l’IP doit être une moyenne mensuelle pondérée des indices de prix représentant la composition des biens en stock.  Les pondérations, Wt , sont généralement calculés à partir des données déclarées par les entreprises,

En supposant que la composition des stocks pour ce groupe de produits (parfois, les données ne sont disponibles que par secteur d’activité),  il est alors nécessaire de faire une hypothèse sur les types de produits détenus en stock pour ce secteur. On suppose dans l’exemple suivant que le secteur d’activité a deux produits est de 40 % pour le produit A et 60 % pour le produit B. En outre, on suppose que le taux de rotation est de 4,1 mois pour le produit A et de 4,1 mois pour le produit B  pour l’ensemble de la période (et que la distribution est uniforme sur les mois, de sorte que les pondérations sont de [0,24]. les pondérations sont [0,24, 0,24, 0,24, 0,24, 0,04]. Ensuite, les calculs suivants peuvent être effectués :

Indice mensuel des prix (PIt ) : Calculé comme la moyenne pondérée des prix des produits de base. Pour décembre 2015 : (119.8 * 0.4) + (130.2 * 0.6) = 126.0

Indice mensuel des coûts (CIfifo,t ) : Calculé comme les indices de prix mensuels pour la période de détention du stock, pondérés par le modèle de rotation.

Pour décembre 2015 : (126,0 * 0,24) + (124,2 * 0,24) + (122,3 * 0,24) + (119,5 * 0,24) + (116,8 * 0,04) = 122,8

 

Méthode FIFO avec deux produits et avec une rotation des stocks de 4,1 mois,

 

Le déflateur est la somme des indices de prix pondérée par les prix des 4,1 derniers mois, Ainsi, on déflate les stocks de début par 104,6 et ceux de fin par 122,8.

Stock CN (fin) = (2 160/(122.8/100)) = 1 759

Stock CN (début) = (1500/(104.6/100)) = 1 434

La différence des stocks déflatés donne la variation des stocks à prix constants, soit 325 = 1795 – 1434.

Pour avoir la différence à prix courants, on la multiplie par la moyenne annuelle des indices de prix de 2015 soit 118,3. On obtient 384. Ainsi la variation de volume du stock peut être réévaluée en la multipliant par les prix moyens de la période. volume du stock de stocks peut être réévalué en le multipliant par les prix moyens de la période

 

 

2 – Indice du coût unitaire moyen pondéré (CUMP)

En utilisant la même composition des stocks (40 % pour le produit A et 60 % pour le produit B), les indices de prix mensuels du tableau 5.4 peuvent être utilisés comme point de départ du calcul. En prenant les pondérations dérivées (dernière colonne du tableau suivant), des calculs peuvent être effectués :

Indice de coût mensuel (CIW AC,t ) : Calculé comme les indices de prix mensuels pondérés par les pondérations moyennes pondérées des coûts.

Pour décembre 2015 : (128,9 * 0,3300) + (126,7 * 0,2210) + (125,4 * 0,1481) + (124,3 * 0,0993) + (122,1 * 0,0665) + (122.4 * 0.0446) + (121.0 * 0.0299) + (119.4 * 0.0200) + (116.6 * 0.0160) + (114.4 * 0.0140) + (112.4 * 0.0115) = 125.8

Méthode CUMP avec deux produits et avec une rotation des stocks de 4,1 mois

 

Le déflateur – l’indice de coût – est la moyenne des indices de prix sur un an : 108,4 pour 2014 et 125,8 pour 2015. On a alors :

Stock CN (fin) = (600/(125.8/100)) = 477

Stock CN (début) = (333/(108,4 /100)) = 307

Ce qui fournit la variation des stocks CN à prix constant : 170 = 477 – 307.

Pour obtenir les  variations de stocks CN à prix courant, on multiplie ce montant  par la moyenne annuelle des indices de prix de 2015 soit 120,3. On obtient 204.

3 – Indice LIFO

Dans le cadre de la méthode des coûts LIFO, les entreprises enregistrent les retraits des stocks aux prix des dernières acquisitions. Lorsque les quantités de stocks sont stables ou en augmentation au cours de la période comptable, les prix des articles retirés sont calculés en fonction des prix des dernières acquisitions. Les prix des articles retirés sont susceptibles de représenter (presque) les prix courants parce qu’aucun des articles plus anciens en stock ne sont retirés. Dans de tels cas, les changements de la valeur des livres de la comptabilité d’entreprise (entrées et sorties) correspondraient aux concepts d’évaluation de la comptabilité nationale, et, par conséquent, aucun ajustement de l’évaluation des stocks n’est nécessaire pour convertir les variations des valeurs comptables déclarées par les entreprises en variations de stocks de la comptabilité nationale.

Par conséquent, dans les pays où la méthode LIFO est une norme comptable acceptée, l’INS fait une hypothèse simplificatrice selon laquelle, lorsque les stocks LIFO sont stables ou en hausse, les variations de prix courants des stocks dans les comptes nationaux sont simplement la différence entre les valeurs comptables déclarées LIFO, comme le montre l’équation  suivante :

Ainsi, en utilisant les données du tableau précédent sur la Valeur comptable des stocks en CE, par les 3 méthode d’évaluation de stocks, les variations actuelles de prix des stocks pour 2015 pour les stocks évalués selon la méthode LIFO sont de 73 (240 – 167).

Cette méthode est autorisée mais peu employée en France.

 

4 – Calcul de la variation totale des stocks

Pour calculer le total des comptes nationaux de la variation des stocks, il suffit d’additionner les variations de stocks dérivées de chaque méthode comptable.

ΔSTOTAL,t = ΔSFIFO,t + ΔSWAC,t + ΔSLIFO,t

La variation totale des stocks à prix courants pour 2015 correspond à somme de la variation des prix courants FIFO, de la moyenne pondérée des prix courants des stocks, comme le montre le tableau ci-dessous. On a repris les variations de stocks à prix constants des méthodes LIFO et CUMP.

Ainsi, le tableau suivant indique dees variations de stock à prix courants en CN de 384 + 204 + 73 = 662.

Variations de stocks à prix courants et à prix constants

 

 

c) Forces et faiblesses de la méthode

L’un des points forts de cette méthode est que les données sur la valeur comptable des stocks des entreprises sont généralement disponibles, mais la faiblesse est que ces données se réfèrent à des valeurs de stocks détenus par les entreprises basées sur des évaluations de coûts historiques.et ne doivent donc généralement pas être utilisées directement pour estimer les variations de stocks. La méthode décrite  ci-dessus est un moyen de réévaluer les données relatives à la valeur comptable des entreprises selon les concepts d’évaluation des comptes nationaux ;

Cependant, elle n’est pas sans faiblesses. Toute technique statistique permettant d’estimer les variations de stocks qui utilise des données sur les valeurs comptables d’ouverture et de clôture ne peut produire la mesure correcte de ces transactions aux prix courants que si les stocks varient à un rythme constant ou d’un montant constant. Dans la pratique, les fluctuations des stocks peuvent être volatiles, reflétant des facteurs saisonniers et techniques ainsi que des décisions économiques.

L’application des techniques statistiques décrites dans cette section avec des données à plus haute fréquence augmentera la précision des estimations des variations de stocks aux prix courants. Ceci est dû au fait que les données à plus haute fréquence  réduisent la possibilité de mouvements inégaux des prix et des volumes au cours de la période. En conséquence la somme annuelle des ajustements trimestriels de l’évaluation peut être supérieure à celle des ajustements calculés annuellement à condition  qu’il n’y ait d’autres différences flagrantes, telles que des différences de couverture ou de détail. De même, si des données mensuelles sont disponibles, le calcul doit généralement être effectué sur une base mensuelle pour être utilisé dans les estimations trimestrielles.

Tous ces facteurs doivent être évalués à la lumière des conditions propres à chaque pays. Si les variations de stocks à une fréquence trimestrielle (ou mensuelle) sont d’une qualité suffisamment élevée, les INS peuvent alors estimer les variations annuelles des stocks comme une simple somme des estimations trimestrielles (ou mensuelles).

La technique décrite ci-dessus  est très gourmande en données et repose sur diverses hypothèses concernant la façon dont les déflateurs sont construits.  Certains pays peuvent utiliser des hypothèses simplificatrices pour pondérer les prix correspondants dans la construction des déflateurs des valeurs comptables. L’une des principales faiblesses est l’absence de données solides sur les taux de rotation : presque tous les pays ne peuvent fournir que des approximations grossières des taux de rotation et des pondérations  pour estimer les prix d’évaluation des actions. Lorsque les prix sont très volatils sur de courtes périodes, même des erreurs minimes dans les modèles de rotation supposés peuvent entraîner des erreurs importantes dans les variations estimées des stocks.

.En outre, si les données de base contiennent une volatilité erronée, les estimations des variations de stocks peuvent être volatiles et conduire à une volatilité excessive  des estimations du PIB. Des révisions notables peuvent se produire lorsque les données sources provisoires sont révisées de manière significative. Étant donné que les variations de stocks peuvent être une composante majeure des fluctuations trimestrielles du PIB, ces révisions peuvent avoir un effet négatif sur les taux de croissance du PIB.

Une  meilleure façon d’estimer les variations de stocks de la comptabilité nationale est d’estimer les variations de stocks qui respecte les principes du SCN 2008 en matière d’évaluation et d’enregistrement des  opérations sur les stocks est de mesurer séparément les flux d’entrées en stocks et les flux de sorties de stocks. Mais selon l’enquête Eurostat-OCDE, aucun pays ayant répondu à l’enquête n’utilise actuellement cette méthode  pour estimer la variations de stocks.

 

 

2/ Méthode 2 : Estimation directe des variations de stocks.

Lorsque les quantités de stocks sont disponibles, une estimation directe de la variation des stocks (P.52) peut être calculée en utilisant la méthode du prix multiplié par la variation des quantités. . Pour certains produits, tels que les produits agricoles (céréales et bétail) ou les produits liés aux combustibles, les prix et les quantités peuvent être directement disponibles pour les comptables nationaux (voir page Comptes de l’énergie). Cette méthode peut alors conduire à une estimation précise et opportune des variations de stocks.

Lors du calcul des variations de stocks (c’est-à-dire de la transaction), d’une manière théoriquement correcte selon les concepts et définitions de la comptabilité nationale, des informations sur toutes les entrées et sorties de stocks sont nécessaires. Ces entrées et sorties doivent également être évaluées aux prix réels au moment où les transactions sont effectuées. En conséquence, les variations de stocks peuvent être calculées à l’aide de l’équation suivante.

 

où ΔS est la valeur des variations de stocks et Pe et Qe sont les prix du marché et les quantités d’entrées dans les stocks et Pw et Qw sont les sorties correspondantes des stocks, respectivement.

Cependant, ces flux et l’évaluation correspondante sont difficiles à mesurer dans la pratique et les données statistiques sont souvent manquantes. Comme indiqué au paragraphe 2.87, le SCN 2008  indique que lorsque les informations font défaut, des méthodes approximatives d’estimation des variations de stocks sont utilisées. On peut alors trouver des méthodes d’estimation, à savoir comment les variations de stocks peuvent être estimées si les informations statistiques disponibles sont des quantités d’un produit spécifique au début et à la fin d’une période comptable et un prix moyen pour le même produit.

En tous les cas, il faut disposer des encours de stocks ou des variations de stocks par trimestre si on se réfère à l’exemple fictif suivant.

Lorsque la méthode du prix multiplié par les quantités est utilisée, les variations de quantités sont multipliées par le prix unitaire moyen des produits en stock au cours de la période comptable, comme le montre l’équation suivante.

Où ΔSi,t est la variation de la valeur des stocks pour l’article de stock i aux prix unitaires moyens ( Pi,t ) de la période courante t et Qi,tE , Qi,tE – 1 est la quantité de l’article de stock i dans les périodes t et t-1. Cette méthode est assez simple et peut être illustrée par un exemple numérique :

Calcul des variations de stocks à l’aide de données sur les quantités et les prix

 

Ce tableau présente les informations disponibles et les résultats des calculs. En utilisant l’équation précédente, les variations des des stocks en prix courants sont calculées en multipliant la variation de quantité entre le stock d’ouverture et de stock de clôture avec les prix moyens correspondants pour la période comptable. Dans l’exemple, la variation de quantité est de 3 pour le premier trimestre de l’année t et le prix unitaire moyen du produit est de 10, la valeur de la variation physique est donc de 3 * 10 = 30. La valeur annuelle est calculée comme la somme des quatre trimestres (30,0 – 52,5 – 22,0 + 48,0 = 3,5).On note que cela est différent que si la méthode était appliquée aux valeurs annuelles (0 * 10,88 = 0). Parce que les prix et les quantités fluctuent au cours de la période, on obtient un résultat annuel plus précis en appliquant cette méthode sur une base trimestrielle.

La variation des stocks à prix constants est calculée en multipliant la variation de la quantité par le prix moyen de l’année précédente ou le prix de l’année de base. Pour le premier trimestre de l’année t+1, la variation estimée des stocks à prix constants est de 3 * 7 = 21.

 

 

3/ Estimation des variations de stocks à l’aide de la méthode des équilibres-ressources-emplois

Il peut arriver que les informations sur les stocks (soit les valeurs comptables, soit les quantités) ne soient pas disponibles pour certains types de produits et qu’une estimation directe de la variation des stocks (P.52) ne soit pas possible. Dans de tels cas, le calcul des variations de stocks peut être possible si d’autres flux de ce produit sont disponibles.

On fournit ici une vue d’ensemble du calcul des variations de stocks, par produit, en utilisant un modèle d’offre et de demande. Il est important de noter que cette équation est valable au niveau détaillé, par produit, mais qu’elle ne sera pas utilisée pour le calcul des stocks au niveau agrégé.

Selon la formule des ERE, l’offre d’un certain produit de base, qui comprend les importations et la production intérieure, devrait être égale à la demande de ce produit, qui comprend la demande intérieure finale (consommation et formation brute de capital fixe), la variation (ajouts ou retraits de stocks) et les exportations. Si l’estimation de la variation des stocks est manquante, et que les autres variables sont disponibles, cette estimation pourrait être être calculée comme le résidu, qui résulte d’une addition (ou d’un retrait si la demande a dépassé l’offre) au stock stock de stocks de la période précédente. Ainsi, le modèle ressources-emplois peut être exprimé par l’équation suivante :

Voici un exemple d’un modèle d’offre et de demande plus spécifique qui tient compte des marges et de la CI de ce produit. La variation des stocks du produit XYZ se calcule comme suit : le résidu après avoir mesurer l’offre totale, qui est la somme de la production, des importations et des marges applicables, et la demande, qui est la production, les importations et les marges applicables. et la demande, qui comprend les intrants intermédiaires (CI), la demande intérieure finale et les exportations.

Pour cet exemple, il est supposé que la production, le commerce et la demande intérieure finale du produit XYZ, sont connues en utilisant d’autres sources de données. Les marges sont estimées en utilisant différents ratios de marge pour couvrir les marges telles que le commerce de gros, le commerce de détail et les exportations., et les marges de transport. Le ratio d’intrants intermédiaires est calculé sur la base des données relatives aux intrants utilisés dans la fabrication d’autres produits.

Estimation des variations de stocks avec le modèle ressources-emplois pour le produit XYZ

Cette méthode de calcul ressources-emplois est un calcul aisé lorsque les autres variables sont facilement disponibles. Ce n’est pas vraiment le cas en France où la CI, voire la FBCF en produits industriels, ne sont pas bien conues. Aussi on ne voit pas très bien comment l’appliquer en France. Bien que cette méthode ne fournisse pas le niveau des stocks, les variations de stocks peuvent être ajoutées à un stock de départ, avec une accumulation continue dans le temps. En général, l’offre égale la demande d’une marchandise lorsqu’on compare une économie entière, indépendamment de la composante temporelle. Toutefois, il convient de noter que les transferts intersectoriels et les différences temporelles peuvent entraîner des différences d’offre et de demande pour des périodes et des secteurs spécifiques.

L’identité entre l’offre et la demande ne vaut que pour le niveau détaillé des produits et ne doit pas être utilisée au niveau agrégé. Cela est dû au fait que lorsque deux méthodes de calcul du PIB sont équilibrées, il y aura très probablement un écart statistique. Il en est ainsi parce que lorsque deux méthodes de calcul du PIB sont équilibrées, il y aura très probablement une divergence statistique et cette divergence constituera également une composante du résidu. Par conséquent, si cette méthode est utilisée au niveau agrégé, l’écart statistique sera inévitablement inclus également.

 

 

 

 

 

 

IX – LES TROIS MÉTHODES D’ESTIMATION DES STOCKS

 

On présente ici les méthode d’évaluation des stocks en CN, du moins l’une d’entre elle en relation avec l’exemple précédent du chapitre 4. On rappelle que les pays ont utilisé plusieurs méthodes pour estimer leurs stocks annuels (AN.12), comme le révèlent leurs réponses à l’enquête Eurostat-OCDE sur les pratiques nationales en matière d’estimation des stocks. Il semble également évident que le choix des méthodes d’estimation des stocks annuels est fortement lié aux sources de données.

Les estimations des stocks ainsi que des variations de stocks (P.52) ont le même principe d’évaluation : l’évaluation aux prix courants. La différence entre les deux provient du prix et des postes d’inventaire appliqués dans l’évaluation. Les stocks doivent être évalués aux prix en vigueur à une date pertinente, telle que la fin de l’année ou du trimestre, tandis que les variations de stocks doivent être évaluées aux prix moyens de la période. En outre, les transactions sur les stocks (c’est-à-dire les acquisitions moins les retraits des stocks) importent pour l’estimation des variations de stocks, alors que les éléments restant en stock sont importants pour l’estimation des stocks.  Ainsi, lors de l’estimation de la variation des stocks, seules les opérations sur les stocks sont prises en compte et les autres flux, tels que les autres variations du volume des stocks et les gains et pertes nominaux de détention doivent être exclus.  Les estimations des stocks, en revanche, font apparaître tous les résultats des transactions sur les stocks, des autres variations du volume des stocks et des gains de détention. A cet égard, lorsque la valeur des stocks annuels est estimée, il convient de garder à l’esprit sa similitude et sa différence avec la valeur des variations de stocks.

Trois méthodes d’estimation possibles sont possibles pour le calcul de l’inventaire annuel annuel au niveau national (ou sectoriel).

  • La première méthode utilise directement (pour l’essentiel) les données relatives à la valeur comptable des stocks des entreprises (c’est celle-ci qu’on va développer; elle permet d’estimer les gains et pertes de détention et l’appréciation sur stock).
  • La deuxième méthode est une application d’une approche directe, c’est-à-dire la méthode du prix multiplié par la quantité. Cette méthode peut s’appliquer aux produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche  ou de l’industrie des carburants, où les données sur les quantités et les prix sont souvent disponibles.
  • La troisième méthode pour l’estimation du stock annuel dans les comptes nationaux est l’application de la méthode de l’inventaire permanent. Cette méthode consiste à établir une série des encours de stocks telle que : encours des stocks CN (année N) = encours des stocks CN (année N-1) + variation des stocks (N), Il est donc important des mesurer les stocks pour une année de base.

Ces trois méthodes ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive des options, mais plutôt comme représentatives. D’autre part, les deux premières méthodes s’appliquent aussi à l’estimation des variations de stock.

 

 

 

1/ La méthode à partir des comptes d’entreprises

Elle consiste à calculer une batterie de coefficients de conversion permettant de passer des stocks CE aux stocks CN en valeur. Ces coefficients dépendent de l’activité et du type de stocks. Ils sont égaux à ai = Pi/Ci où Pi est l’indice de prix et Ci l’indice de coût.

Ensuite les stocks CN en valeur sont convertis en stocks CN en volume par déflation des premiers par les indices de prix.

Les gains de détention sont estimés par la formule suivante :

Gains de détention = (stocks de fin CN en valeur/prix de fin + stock de début CN en valeur/prix de début)*(prix de fin – prix de début)/2

Si on reprend l’exemple du chapitre précédent, on obtient :

Tableau 10 stock et AS

Valeur comptable des stocks en CE, par les 3 méthodes d’évaluation de stocks (exemple fictif)

 

Méthode FIFO avec deux produits et avec une rotation des stocks de 4,1 mois,

Méthode CUMP avec deux produits et avec une rotation des stocks de 4,1 mois

 

Le calcul se fait en plusieurs étapes :

 

a) Estimation des stocks CN de la période initiale à prix constants.

On déflate les encours en valeur par l’indice des coûts de décembre 2014 (WAC= coût moyen pondéré).

INVQFIFO = (1 500/(104.6/100)) = 1 434

INVQWAC = (333 /(108.4/100)) = 307

INVQLIFO = (167/(104.6/100)) = 160

INVQ2014 = INVQFIFO + INVQWAC + INVQLIFO = 1 901

Encours de stocks à prix constant

 

b) L’estimation des stocks CN des périodes ultérieures à prix constants

On reprend les données déjà calculées au chapitre 4 :

variations de stocks à prix courants

Puis on divise les variations de stocks à prix courants par l’indice des prix moyens de l’année.

ΔSQFIFO,t = ΔSFIFO,t PIFIFO,t = 384 / (118.3/100) = 325

ΔSQWAC,t = ΔSWAC,t PIWAC,t = 204 / (120.3/100) = 170

Variations de stocks à prix constant

Encours et variations de stocks à prix constant

Les encours de stocks 2015 à prix constant sont calculés à partir des stocks à prix constant 2014  plus les variations de stocks à prix constant de 2015.

 

 

 

c) L’estimation des stocks à prix courants à partir des stocks à prix constant.

Les stocks à prix courants sont obtenus en multipliant les stocks à prix constant par l’indice des prix de décembre de l’année.

INVFIFO 2015 = 1 758 * (126.0/100) = 2 216

INVWAC 2015 = 477 * (128.9/100) = 615

INVLIFO 2015 = 221 * (126.0/100) = 279

INV 2015 = INVFIFO 2015 + INVWAC 2015 + INVLIFO 2015= 3 110

Encours de stocks à prix courants

d) Le calcul des gains de détention nominaux et l’appréciation sur stocks.

Les gains de détention (GD) en N sont calculés en multipliant la moyenne des encours de stocks de fin N et de début N déflatés des indices de prix de fin d’exercice (décembre) par les variations des indices de prix de ces indices.

GD FIFO = ((1 758 + 1 434)/2) * (126.0 – 105.5)/100 = 328

GD WAC = ((477 + 307)/2) * (128.9 – 108.9)/100 = 78

GD LIFO = ((221 + 160)/2) * (126.0 – 105.5)/100 = 39

GD FIFO + GD  WAC + GD  LIFO = 445

 

L’appréciation sur stocks (AS) est la différence entre les variations d’encours CE et les variations de stocks à prix courants.

AS FIFO = (2 160 – 1 500) – 384 = 276

AS  WAC = (600 – 333) – 204 = 63

AS  LIFO = (240 – 167) – 73 = 0

AS FIFO + AS WAC + AS  LIFO = 338

Gains et pertes nominaux de détention et ppréciation sur stocks

Les gains de détention ne sont pas égaux à l’appréciation sur stocks.

 

L’encadré suivant reprend les définitions et calculs. Le tableau suivant les récapitule.

 Récapitulatif du calcul des stocks, variations de stocks et appréciation sur stock

 

 

2/ Estimation des stocks en utilisant la méthode de l’inventaire permanent (PIM)

La troisième méthode d’estimation des stocks annuels (AN.12) pour les bilans nationaux ou sectoriels est la méthode de l’inventaire permanent (PIM). Alors que la première méthode utilise directement les valeurs comptables déclarées par les entreprises pour les stocks déclarés par les entreprises, et la seconde méthode repose sur des données relatives aux quantités et aux prix des stocks, la méthode PIM estime la valeur des stocks comme l’accumulation des variations annuelles de la valeur des stocks ajoutés à un niveau de stock initial estimé pour une période de base. fournit quelques exemples numériques spécifiques, et discute de certaines de ses forces et faiblesses.

Dans les comptes nationaux, la MIP est peut-être la plus fréquemment utilisée pour estimer les stocks nets d’actifs fixes pour les comptes de patrimoine. Elle est basée sur l’idée que les stocks sont la somme des flux accumulés d’additions moins les soustractions. Les variations du stock d’actifs fixes consistent en des ajouts par le biais d’investissements fixes, moins les soustractions par le biais de l’amortissement et des sorties, plus les gains et pertes nominaux de détention (« gains de détention »), plus les autres changements dans les volumes des actifs.

De même, les pays peuvent utiliser une variante de la MIP pour estimer les stocks roulants des inventaires sur la base des sommes cumulées des flux nets. La valeur de clôture des stocks d’une période, évaluée aux prix courant est égale à la valeur d’ouverture des stocks, plus les transactions qui augmentent le stock (par exemple, l’achat de matériaux et de fournitures ou la production de nouveaux stocks de produits finis ou en cours de fabrication), moins les transactions qui qui réduisent le stock (par exemple, l’utilisation de matériaux et de fournitures ou la vente de stocks),plus d’autres changements de volume (tels que les pertes résultant de catastrophes naturelles, plus les réévaluations (gains de détention résultant des variations de prix). Si les données source nécessaires sont disponibles, la MIP peut produire des estimations de tous les stocks et flux de stocks pour un compte de patrimoine.

D’après les réponses à l’enquête de l’Équipe spéciale sur les méthodes d’estimation des stocks annuels, au moins 12 pays utilisent une MIP pour estimer les encours de stock.  Beaucoup de ces pays disposent de données sur les stocks annuels mais préfèrent estimer les variations de stocks (P.52), et ensuite estimer les stocks comme la somme de ces variations, accumulées à partir d’une année de base initiale. La plupart d’entre eux ne disposent pas de données détaillées sur des opérations spécifiques et préfèrent estimer les opérations et les gains de détention provenant de la variation des stocks à l’aide de données sur les variations de prix et d’hypothèses sur les taux de rotation.

 

 

 

 

 

 

X – L’APPRÉCIATION SUR STOCK DANS LE CALCUL DES MARGES COMMERCIALES

Pour calculer les marges commerciales au sens de la comptabilité nationale à partir des données comptables d’entreprises (système intermédiaire), il convient de retirer l’appréciation sur stocks (plus précisément l’appréciation sur stocks commerce). Ce point n’est ici pas mis en cause. En revanche dans le calcul des marges par produit se pose un problème d’articulation entre la ventilation par produits des marges et la déduction de l’appréciation.

 

La méthode actuellement appliquée répartit d’abord selon les divers produits la marge au sens de la comptabilité d’entreprise (appréciation comprise), puis on en déduit une appréciation sur stocks commerce pour chaque produit. C’est la méthode la plus simple puisque l’appréciation est d’abord calculée par produits avant qu’on en déduise une appréciation par sous-secteurs commerciaux. Mais cette méthode tend à produire des résultats aberrants, conduisant à une forte instabilité des marges pour certains produits, et on démontre en outre, par cette note, qu’elle est fautive sur le plan théorique. L’imputation de l’appréciation sur stocks n’est évidemment sensible que pour les quelques marchandises susceptibles de subir des fortes variations de prix, à la hausse ou à la baisse, à des rythmes infra-annuels, ce qui est bien évidemment le cas des produits pétroliers et aussi de quelques autres produits.

 

 

1/ la théorie

 

a) le cas d’un seul produit.

Soit un commerçant qui achète le produit au prix p et le revend au prix pv = (1+m)p, avec donc un taux de marque m.

Au cours de l’année il a acheté une quantité (physique) qa de ce produit et a revendu une quantité qv .

La variation de son stock de marchandise est s1- s0 (stock final – stock initial).

On suppose qu’il n’y a pas de pertes donc, en quantités physiques, on a :

s1- s0 = qa – qv.

Si on applique les règles de la comptabilité nationale (principe de l’inventaire permanent = les différents éléments de la variation de stocks sont évalués aux prix du jour de l’inventaire), cette variation de stock (Ds) doit être valorisée au prix d’achat p.

En valeur on a donc Ds = p * (s1 – s0) = p* (qa -qv)

On définit la marge commerciale (mc) par :

Marge = ventes -coût d’achat des marchandises vendues et :

coût d’achat des marchandises vendues = achats – variations de stocks marchandises d’où :

Marge = ventes – achats + variations de stocks marchandises ce qui donne :

mc

= pv * qv – p*qa +Ds

= (1+m) p * qv – p * qa + p * (qa-qv)

= (1+m) p *qv – p * qv

= m *p *qv

 

Donc la marge est égale au coût d’achat des marchandises vendues (p*qv) multipliée par le taux m, à condition toutefois que le stock soit bien mesuré conformément aux principes de la comptabilité nationale :

Ds = p * ( s1 – s0) = p* (qa -qv).

 

Or le problème vient de ce que la mesure du stock en comptabilité d’entreprise est différente :

DsCE = p1* s1 – p0*s0 ( p0 et p1 sont les prix respectifs en début et fin d’exercice).

L’écart est l’appréciation sur stocks (ASS) Ainsi la marge calculée dans ESANE à partir des données comptables d’entreprises inclut l’appréciation sur stocks et doit donc être corrigée. Pour estimer convenablement la marge commerciale, il convient de déduire cette ASS de la marge issue d’ESANE.

 

 

b) Le cas de plusieurs produits

Si on a maintenant non plus un seul produit, mais plusieurs, se pose la question de la ventilation de la marge entre ces produits. Pour cela on dispose en général de la ventilation des ventes par produits, de la marge globale, au sens ESANE , et d’une estimation des stocks et de l’appréciation par produits. La ventilation des marges par produits doit alors s’appuyer sur une hypothèse. On peut envisager celles de taux de marges égaux par produits : il faut alors ventiler les marges proportionnellement aux ventes.

Cette hypothèse peut paraître forte, et on peut lui préférer l’utilisation de taux de marges distincts par produit, estimés a priori par une autre méthode. Cependant si on souhaite se recaler sur la marge comptable, on voit facilement que cela revient à ventiler cette marge proportionnellement non plus aux ventes brutes, mais à des ventes pondérées, les coefficients de pondération étant les marges estimées « ex ante ». L’introduction de telles pondérations ne changera pas fondamentalement les conclusions développées ci-dessous ; on se contentera donc d’examiner le cas d’une ventilation proportionnelle aux ventes.

 

Le problème ici est l’articulation de la correction pour appréciation sur stocks avec la ventilation des marges. La comptabilité privée d’où est issu ESANE et un premier calcul des marges, comptabilise les achats, les ventes et les stocks finaux aux prix du jour des différents événements, donc, négligeant les appréciations sur stocks au jour le jour, elle intègre effectivement le montant de ces appréciations dans le calcul de la marge commerciale :

Marge commerciale (en comptabilité privée, c’est à dire évaluée en intégrant l’ASS) = Ventes – Achats + Variations de stocks marchandises.

Comme dans les données de comptabilité privée, les ventes et les stocks finaux sont calculés respectivement aux prix des ventes et aux prix en fin d’exercice et les stocks début aux prix d’achat, l’ASS est effectivement incluse dans ces ventes et dans ces stocks finaux et donc dans la marge commerciale d’ESANE, il convient donc de retirer l’ASS des données « marges » d’ESANE pour passer aux données « marges » de la comptabilité nationale. Les appréciations dues aux fluctuations de prix au jour le jour sont déjà incluses dans les ventes et donc à ce titre, incluses dans le calcul de la marge ; mais il faut les retirer de l’appréciation sur stocks, c’est à dire des stocks finaux au sens de la comptabilité privée.

 

 

 

 

2/ la pratique

Il ne s’agit pas, pour l’examen de l’appréciation sur stocks (ASS), d’examiner le « niveau » des marges, mais leur évolution entre les comptes annuels. Les très fortes évolutions constatées sur les produits pétroliers par exemple, proviennent notamment de l’évolution des appréciations sur stocks,

Examinons d’abord ce que cela donne sur un exemple fictif : on prend le cas d’un commerce qui vend deux produits avec des taux de marge a priori égaux, mais des variations de prix, et donc des ASS différentes : Pour cette ventilation , on peut concevoir deux méthodes :

1ère méthode: on ventile les marges au sens ESANE puis on retire l’ASS par produit.

2ème méthode: on retire l’ASS globale puis on ventile les marges par produit.

 

Il apparaît que les taux de marges calculés selon la méthode 1 sont non seulement différents selon les produits, contrairement à l’hypothèse sous-jacente, mais de plus fortement instables d’une année sur l’autre. Avec la méthode 2 au contraire on retrouve des taux égaux pour les deux produits, et dont les variations dans le temps ne reflètent que celles de la marge totale.

On constate de plus que lorsque l’appréciation sur stocks est élevée, ce qui correspond à une année de hausse des prix, les marges calculées avec la méthode 1 sont basses, ce qui ne correspond pas du tout à l’idée intuitive qu’on peut avoir de l’impact de la hausse des prix sur les taux de marge . Avec la méthode 1 la déduction a posteriori de l’ASS tend à écraser les taux de marges. La supériorité de la méthode 2 peut s’expliquer en revenant aux formules théoriques : on a vu plus haut que la formule mc = m *p *qv ne s’applique que si le stock est bien mesuré conformément aux principes de la comptabilité nationale ; cette formule montre donc que ce sont les marges hors appréciation (mc) qui sont proportionnelles aux ventes. En revanche ce n’est pas le cas des marges avant déduction de l’appréciation (celles qu’on peut calculer à partir d’ESANE), car l’appréciation peut être différente entre les divers produits.

Ainsi, pour estimer correctement dans ce cas les marges par produits, à partir des données comptables et de la répartition des ventes, il convient donc de déduire d’abord l’appréciation puis de faire la répartition par produits au prorata des ventes, c’est à dire d’appliquer la méthode 2, alors que la méthode 1 introduit des fluctuations parasites des taux de marges par produit. Le calcul des marges obtenu ici est cohérent avec la formule précédente où les variations de stock sont égales aux stock fin moins les stock début. Toutefois il faut noter qu’ESANE enregistre les variations de stock comme les stocks début moins les stock fin.

Dans le cas de l’énergie où les marges de commerce sur le produit C19Z (produits pétroliers raffinés) ont souvent fluctué fortement d’une année à l’autre par le passé tout en représentant des montants élevés, la méthode 1 aboutit à un résultat paradoxal : en période de hausse (par exemple, mais on peut faire le parallèle en cas de baisse) au jour le jour des prix du pétrole lors d’un exercice annuel, il y a un tassement des marges commerciales sur produits pétroliers. Cela va à l’encontre de l’idée couramment admise qui veut que les pétroliers répercutent à la pompe les variations de prix (des coûts d’achat) avec beaucoup de célérité en cas de hausse et avec beaucoup moins en cas de baisse.

La célérité plus ou moins grande des pétroliers à répercuter les variations de prix des achats sur les ventes à la pompe, influe évidemment sur les marges en comptabilité privée (les ventes sont calculées aux prix de vente du jour et les stocks finaux aux prix de fin d’exercice), mais moins dans le cas du calcul des marges commerciales de comptabilité nationale où les stocks finaux sont exprimés aux coûts du jour de clôture de l’exercice. Enfin si l’on revient à la démonstration théorique, il ne faut pas négliger qu’en cas de forte variation de prix, il y a évidemment répercussions sur les prix de vente, mais aussi sur les quantités vendues. Qu’en est-il de l’élasticité prix, car les marges au sens de la comptabilité nationale dépendent notamment des quantités vendues ?

 

 

 

Michel Braibant


BIBLIOGRAPHIE

[1] Comment interpréter les variations de stocks ?https://www.seco.admin.ch/dam/seco/fr/dokumente/…/kt_spezial_2009_12_f.pdf

[2] Rôle des variations de stocks dans les cycles d’activité des principaux pays industrialisés C. Bouthevillain, D. Eyssartier, Revue de l’OFCE N° 62 / Juillet 1997, https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/5-62.pdf

[3] Formation brute de capital fixe et variation de stocks en 2017, Comptes nationaux annuels – base 2014 30/05/2018, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3547383?sommaire=3547646

[4] Tableaux de l’économie française, Édition 2017, 02/03/2017, Croissance – Productivité, https://www.insee.fr/fr/statistiques/2569400?sommaire=2587886

[5] Eurostat- OECD compilation guide on inventories, 2017 édition, https://unstats.un.org/unsd/nationalaccount/docs/3017071e.pdf

[6] Appréciation des stocks, profit, autofinancement et comptabilité nationale, M.Anyadike-Danes, Revue de l’OFCE Année 1984 9 pp. 125-136

[7] Pétrole : statu quo, Céline Antonin, evue de l’OFCE – Analyse et prévisions, 2013, pp.173-180. https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-01024856/document

[8] Chapitre 4 : les stocks, F. Malherbehttp://www.comptanat.fr/privee/priv4.pdf

[9] Quel sens donner à la variation de stock dans le compte de résultat ?https://ibkfinance.wordpress.com/2011/06/20/quel-sens-donner-a-la-variation-de-stock-dans-le-compte-de-resultat/

[10] Compte des sociétés non financières et des entrepreneurs individuels. Évaluation de la production et du partage de la valeur ajoutée par branche, Note de méthode, Régis Arthaut, Insee, août 2012

 

 

 

 

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)