LES MUTATIONS DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

La consommation effective des ménages inclut tous les biens et les services acquis par les ménages résidents pour la satisfaction de leurs besoins, que ces acquisitions aient fait, ou non, l’objet d’une dépense de leur part. La consommation effective des ménages comprend donc, en plus des biens et des services acquis par leurs propres dépenses de consommation finale, les biens et les services qui, ayant fait l’objet de dépenses de consommation individuelle des administrations publiques ou des Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), donnent lieu à des transferts sociaux en nature de leur part vers les ménages (santé, éducation,…).

L’Insee établit des données par produit dans le cadre des ERE (équilibres- ressources-emplois). Celles-ci sont ventilées par fonction pour estimer la consommation finale des ménages par fonction, moyennant des clés de passage entre la nomenclature des produits et celle des fonctions (COICOP). Ce sont ces données qui intéressent surtout les utilisateurs. L’analyse de la consommation par fonction permet ainsi de compléter celle par produit.

Les ménages ont des modes de consommation très différents en fonction des niveaux de revenu, des habitudes culturelles ou de la situation géographique. Si l’on examine la composition des dépenses des ménages de l’UE par objectif de consommation par les dix principales catégories de COICOP en 2021, un quart des dépenses des ménages de l’UE (25 % du total mais 27,6% en France ) a été consacré au «Logement, à l’eau, à l’électricité, au gaz et aux autres combustibles». D’autres parts importantes sont observées pour les «boissons alimentaires et non alcoolisées» (14,3 % du total et 13,9% en France), «Transports» (12,1 % du total et 12,7% en France) et «Produits et services divers» (11,5 % du total). «Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles», «Alimentation et boissons non alcoolisées» et «Transports» représentent plus de la moitié des dépenses totales des ménages (51,4 % mais 54,2% en France). Les fonctions «Recréation et culture» (8,0 % du total), «Restaurants et hôtels» (6,6 % du total) et «meubles, équipements ménagers et entretien courant des ménages» (6,0 % du total) viennent ensuite. Les dépenses restantes des ménages ont été réparties entre «Santé» (4,7 % du total), «Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants» (4,3 % du total), «Vêtements et chaussures» (4,2 % du total), «Communications» (2,5 % du total) et «Éducation» (0,9 % du total). Donc presque la moitié du budget des ménages de l’UE est touché par l’inflation actuelle, notamment l’énergie pour le logement ou le transport et les produits alimentaires.

L’économie collaborative, également appelée économie du partage, couvre une grande variété de secteurs et se développe rapidement à travers l’Europe. Dans le secteur du tourisme, l’économie collaborative offre de nombreuses opportunités intéressantes pour les citoyens en tant que consommateurs, ainsi que pour les micro-entrepreneurs et les PME.

 

Actual consumption of households includes all goods and services acquired by resident households for the satisfaction of their needs, whether or not these acquisitions were the object of an expenditure on their part. Actual consumption of households therefore includes, in addition to goods and services acquired through their own final consumption expenditure, goods and services which, having been the subject of individual consumption expenditure by general government or non-profit institutions serving households (NPISH), give rise to social transfers in kind from them to households (health, education, etc.).

INSEE establishes data by product within the framework of the ERE (commodity flow products). These are broken down by purpose to compile final consumption of households by purpose, using nomenclature keys between consumption by product and consumption by purpose (COICOP’s classification). It is this data that is of most interest to users. The analysis of consumption by function thus makes it possible to supplement that by product.

Households have different consumption patterns very much depending on income levels, cultural habits or geographical situation. Looking at the composition of EU household expenditure by consumption purpose by the main 10 COICOP categories in 2021, a quarter of EU household expenditure (25 of total but 27,6% in France) was devoted to ‘Housing, water, electricity, gas and other fuels. Other large shares are observed for ‘Food and non-alcoholic beverages’ (14.3 % of total in EU and 13,9% in France), ‘Transport’ (12.1 % of total and 12,7% in France), and ‘Miscellaneous goods and services’ (11.5 % of total). ‘Housing, water, electricity, gas and other fuels’, ‘Food and non-alcoholic beverages’ and ‘Transport’ account for more than half of the total household expenditure (51.4 % but 54,2% in France). Recreation and culture’ (8.0 % of total in EU), ‘Restaurants and hotels’ (6.6 % of total in EU) and ‘Furnishings, household equipment and routine household maintenance’ (6.0 % of total) followed. The remaining household spending was distributed over ‘Health’ (4.7 % of total), ‘Alcoholic beverages, tobacco and narcotics’ (4.3 % of total), ‘Clothing and footwear’ (4.2 % of total), ‘Communications’ (2.5 % of total) and ‘Education’ (0.9 % of total). So Half of EU household expenditures is almost affected by current inflation, especially energy for housing or for transport and food.

The collaborative economy, also known as the sharing economy, covers a wide variety of sectors and is developing rapidly across Europe. In the tourism sector, the collaborative economy offers many interesting opportunities for citizens as consumers, as well as for micro-entreprises and SMEs.

 

«Le but de l’économie n’est pas le travail, mais la consommation», Alfred Sauvy

« Un acte d’épargne individuelle signifie, pour ainsi dire, une décision de ne pas dîner aujourd’hui. Mais il n’implique pas nécessairement une décision de prendre ce dîner ou d’acheter une paire de chaussure une semaine ou une année plus tard, ou de consommer un bien donné à une date donnée. Il déprime donc l’activité économique consistant à préparer le dîner d’aujourd’hui sans stimuler l’activité pourvoyant à quelque acte futur de consommation. Il n’induit pas la substitution d’une demande de consommation future à une demande de consommation présente, il induit une diminution nette de cette demande présente. » John Maynard Keynes, Essais sur la monnaie et l’économie, 1923-1931

 

 

Sommaire

I – LES PRINCIPALES NOTIONS DE LA CONSOMMATION FINALE DES MÉNAGES

II – LA CONSOMMATION FINALE DES MÉNAGES DANS LES COMPTES NATIONAUX FRANÇAIS

III – LE POUVOIR D ‘ACHAT DES MÉNAGES

IV – CONSOMMATION EFFECTIVE PAR FONCTION ET PAR DURABILITÉ

V — LE COEFFICIENT BUDGÉTAIRE DES SERVICES GAGNE 10 POINTS ENTRE 1975 ET 2019

VI – LA CONSOMMATION DES  MÉNAGES PAR FONCTION EN EUROPE

VII – STRUCTURE DE LA CONSOMMATION SELON LE QUINTILE DE REVENU DU MÉNAGE

VIII – IMPACT DE LA PANDÉMIE DU COVID 19 SUR LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

IX – LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN FRANCE EN 2021 ET 2022

X – VERS UN NOUVEAU MODÈLE DE CONSOMMATION : L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE

 

 

Résumé

° L’analyse de l’évolution de la dépense de consommation des ménages, associée à celle d’autres grandeurs (telles que le revenu disponible brut), permet d’apprécier le comportement des ménages en matière de consommation/épargne [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).

°  Elle permet en outre une analyse fine de la consommation selon trois niveaux d’analyse complémentaires :

– par produits consommés. Les produits sont définis selon une optique de processus de fabrication et de matière de l’objet consommé, par exemple textile, bois, chimie, etc. ;
– par fonction, à savoir selon les besoins auxquels la consommation répond. Par exemple : alimentation, boissons alcoolisées et tabac, articles d’habillement et chaussures, logement chauffage éclairage, etc. ;
– selon le caractère plus ou moins durable des biens consommés (opposition biens durables/biens fongibles). Sont ainsi distingués les biens durables importants (véhicules, meubles, équipement ménager ou de loisir), les biens semi-durables (textile, habillement) et les biens non durables (alimentation, énergie).

°  La classification des fonctions de consommation des ménages, ou COICOP (Classification of Individual Consumption by Purpose), est une classification mise au point par la division statistique des Nations Unies pour classer et analyser, en fonction de leur affectation, les dépenses de consommation individuelles des ménages, des institutions à but non lucratif au service des ménages et des administrations publiques. Elle comprend des catégories telles que les vêtements et chaussures, le logement et l’eau, ainsi que l’électricité, le gaz et d’autres combustibles.

 

 

 

1 – Définitions

° En comptabilité nationale, deux approches sont possibles pour étudier la part des dépenses des ménages dans leur budget : soit la dépense de consommation finale, soit la consommation finale effective qui mesure ce que les ménages consomment réellement [2]. En effet, les ménages ne paient pas directement tout ce qu’ils consomment.

° La dépense de consommation finale comprend les dépenses réalisées par les ménages, les administrations publiques et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) pour acquérir des biens et des services destinés à satisfaire les besoins de consommation individuels ou collectifs.

° La consommation finale effective des ménages inclut tous les biens et les services consommés par les ménages résidents pour la satisfaction directe de leurs besoins individuels, que ces biens et services aient fait l’objet d’une dépense directe des ménages ou qu’ils aient été financés par des administrations publiques ou des ISBLSM.

° Le coefficient budgétaire rapporte la consommation finale d’un produit à la consommation totale intérieure. L’évolution de cette part budgétaire dépend de deux paramètres : l’évolution relative des prix et celle des volumes.

°  On ne connaît pas la ventilation de la consommation finale nationale car on ne connaît pas la ventilation du solde touristique (PCHTR). Ce solde est la différence entre les achats des non-résidents sur le territoire et les achats des résidents à l’étranger. La consommation totale (nationale) de l’économie est ainsi obtenue en retranchant à la consommation totale intérieure, la consommation des non-résidents sur le territoire et en ajoutant la consommation des résidents hors du territoire. En France, les achats des résidents à l’étranger sont inférieurs aux achats des non-résidents en France. L’Insee évalue par produit une consommation intérieure représentant l’ensemble des achats effectués sur le territoire par des ménages résidents ou non. Les données nécessaires sont obtenues par un traitement particulier de la Balance des Paiements (voir ci-dessous).

° De nombreux documents ou notes de base ont été publiés à l’Insee [3], [4]. Les principales sources sont le Panel Nielsen, le Panel GFK France, (télévision, ordinateur, matériel de bricolage …), les données de l’IPEA (Institut de prospective et d’études de marché) pour les meubles, le Chiffre d’affaires par clientèles dont celui des particuliers dans l’enquête ESA de l’Insee et surtout la consommation commercialisable de biens estimée à partir de l’ESA commerce (voir page compte industrie), avec un arbitrage possible avec les comptes du commerce. On utilise aussi parfois à un niveau très détaillé de la nomenclature, les enquêtes de branche en faisant l’équation « production + importations- exportations », et en considérant que le résultat va en consommation des ménages. Parfois certaines sources sont utilisées pour les années de base. D’autres le sont pour les années courantes. Malgré ces nombreuses sources, la CFM (consommation finale des ménages) peut être arbitrée sur plusieurs produits. Dans le cas des hôtels et restaurants par exemple, il s’agit d’être en cohérence avec l’ERE de la correction territoriale (PCHTR).

 

 

 

2 – Les questions économiques importantes

° les comptes de revenu et de patrimoine des ménages par catégorie prennent de l’ampleur depuis quelques années (voir page Inégalités de revenus).  On peut d’ailleurs lister quelques questions à étudier :

 

 

 

3 – La structure de la consommation dans l’UE

° Les coefficients budgétaires peuvent être estimées par fonction, produit ou durabilité. Il semble que la notion de fonction soit la plus pertinente pour les comparaisons internationales. L’analyse par fonction vise à donner une vue globale des dépenses réalisées par une unité donnée en fonction d’un besoin donné en tenant compte des activités facturées et non facturées. Par exemple, les fonctions suivantes peuvent être distinguées: éducation, , logement, habillement, transports… . Le but de l’analyse est d’observer comment un besoin donné est satisfait. Une analyse par fonction peut dès lors couvrir de nombreux produits.

° L’étude des coefficients budgétaires est aussi importante pour l’analyse économique en séparant les biens et les services. Encore que on achète parfois des abonnement biens-services par exemple dans les produits des TIC auprès des opérateurs téléphoniques.

° La part des services dans la consommation effective en volume n’augmente que de 4 points depuis 1960 mais de 7,5 points depuis 1975.

° La fonction logement est le premier poste de dépense de consommation finale des ménages dans les 27 pays de l’Union européenne (UE). En 2019, la dépense liée au logement représente 22,0 % de la consommation finale effective des ménage en moyenne dans les pays de l’UE . La France se situe à un niveau légèrement supérieur (23,2 %), proche de l’Allemagne (23,4 %) et de la Roumanie (23,7 %). Cette proportion est la plus élevée en Slovaquie (29,5 %) et en République tchèque (25,3 %) ; elle est la plus faible à Malte (13,8 %) et à Chypre (17,9 %).

° En 2019, le transport, qui comprend l’achat et l’utilisation de véhicules personnels ainsi que les services de transport, représente 9,9 % de la consommation finale effective des ménages de l’UE. À Chypre (13,5 %), en Lituanie (13,6 %) ou en Slovénie (13,9 %), cette proportion est plus de deux fois plus élevée qu’en Slovaquie (5,5 %).

° Le poids de l’alimentation dans la consommation finale effective des ménages européens est identique à celui du transport (9,9 %). Les fortes disparités au sein de l’UE concernant ce poste reflètent notamment les écarts de niveaux de vie. Ainsi, l’alimentation pèse nettement plus dans les États entrés plus récemment dans l’UE, comme la Roumanie (20,1 %) ou la Lituanie (17,3 %).

° La dépense consacrée à la culture, aux loisirs et aux communications représente 8,4 % de la consommation finale effective dans l’UE en 2019. Cette proportion est la plus faible au Luxembourg (5,4 %) : elle y est deux fois moindre qu’en Bulgarie (11,3 %), en Croatie (11,0 %) ou en Slovaquie (10,8 %). Ces dépenses sont portées ces dernières années par la généralisation de l’équipement informatique, de l’accès internet au domicile et de l’Internet mobile.

 

Répartition de la consommation finale effective des ménages dans l’Union européenne en 2019 en %

 

 

 

4 – La hausse des prix à la consommation

° Au cours de la dernière décennie, l’inflation de l’UE a diminué entre 2013 et 2015, atteignant un niveau bas de 0,1 % en 2015 et un taux légèrement plus élevé de 0,2 % en 2016. Le taux d’inflation annuel moyen est passé à 1,7 % en 2017 et à 1,9 % en 2018, puis à 1,5 % en 2019. Après avoir enregistré 0,7 % en 2020, il a fortement augmenté pour atteindre 2,9 % en 2021, atteignant un sommet historique de 9,2 % en 2022. Ainsi, les taux d’inflation les plus bas de l’UE ont été enregistrés au cours de la période 2014-2016. L’inflation annuelle s’est accélérée de 2017 à 2019; diminution en 2020 dans le cadre de l’incidence des mesures relatives à la COVID-19. L’augmentation a fortement augmenté en 2021 et a plus que triplé en 2022 ((voir page Reprise économique fragile).).

° La variation globale de l’IPCH dans l’UE au cours de la période 2013-2022 s’est établie à 20,1 %, soit une moyenne annuelle de 2,1 %. Le graphique suivant montre l’évolution comparative des prix à la consommation pour plusieurs des plus grandes économies mondiales. Les variations des prix au Japon étaient généralement inférieures à celles de l’UE, alors qu’elles étaient généralement plus élevées aux États-Unis et en Chine, sauf ces dernières années. Au cours de la période 2013-2022, les prix à la consommation ont augmenté en moyenne de 0,8 % au Japon, de 2,3 % aux États-Unis et de 1,9 % en Chine.

° Si l’on examine les dernières données annuelles de l’IPCH (tableau suivant), en 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 19,4 % en Estonie. Les augmentations suivantes les plus élevées ont été enregistrées en Lituanie (18,9 %) et en Lettonie (17,2 %). À l’autre extrémité de la fourchette, les taux d’inflation annuels moyens les plus bas en 2022 ont été enregistrés en France (5,9 %), à Malte (6,1 %) et en Finlande (7,2 %). L ‘évolution des prix en France est donc la plus faible de l’UE en 2022.

 

taux d’inflation moyens annuels dans l’UE et aux États-Unis, 2014-2022, (%)

IPCH de l’UE et IPC du Japon, des États-Unis et de la Chine – taux d’inflation annuels moyens tous éléments, 2013-2022, (%)

 

° En ce qui concerne les dernières évolutions annuelles dans l’UE (graphique suivant), parmi les 12 principales rubriques, les prix à la consommation du logement, de l’eau, de l’électricité, du gaz et d’autres combustibles ont enregistré la plus forte augmentation en 2022, soit une moyenne de 18,0 %. Les transports ont suivi, avec une augmentation moyenne de 12,1 %, tandis que les aliments et les boissons non alcoolisées ont augmenté en moyenne de 11,9 %. En revanche, le prix des communications a baissé de 0,1 %. Les autres rubriques principales ont toutes augmenté en 2022, entre 2,0 % et 8,1 %.

° Entre 2013 et 2022, les boissons alcoolisées et le tabac ont été la principale rubrique de l’IPCH avec la hausse la plus forte dans l’UE, avec 31,3 %. L’indice du logement, de l’eau, du gaz, de l’électricité et d’autres combustibles a connu la deuxième hausse la plus élevée, soit 31,0 %. En revanche, le prix des communications a globalement baissé de 6,3 % au cours de la même période. Les prix des vêtements et des chaussures ont connu des variations relativement plus faibles (6,5 %). Les principales rubriques restantes de l’IPCH ont enregistré des augmentations à deux chiffres au cours de cette période (voir «Données sources pour les tableaux et les graphiques»).

 

Prix à la consommation (%, taux annuel d’évolution, UE, 2021 et 2022)

Source : Eurostat

 

 

 

 

 

5 – Les inégalités de consommation

° Exemple des inégalités, 28,0 % des habitants de l’UE ne peuvent pas s’offrir une semaine de vacances annuelles (graphique  suivant). Presque la moitié de la population en Grèce (49,2 %) se trouve dans cette situation, et plus encore en Roumanie (54,1 %). Au Luxembourg, en Suède et au Danemark, cela concerne seulement un habitant sur dix. Les personnes les plus modestes ont le plus de difficultés à partir en vacances. En Roumanie et en Croatie, plus de huit personnes sur dix vivant sous le seuil de pauvreté ne peuvent pas s’offrir une semaine de vacances par an loin de leur domicile. En France, 57,2 % des personnes pauvres ne peuvent faire face à une telle dépense, soit 2,6 fois plus que dans l’ensemble de la population (22,2 %) (voir page Inégalités de revenus).

 

Part des personnes ne pouvant s’offrir une semaine de vacances par an loin du domicile en 2019 en %


 

 

 

 

 

 

I – LES PRINCIPALES NOTIONS DE LA CONSOMMATION FINALE DES MÉNAGES

 

1/ Dépense de consommation finale et consommation finale effective

  • La consommation dans le système de comptabilité nationale SEC 2010 Les comptes nationaux français en base 2014 sont établis selon le Système Européen des Comptes 2010 (SEC 2010). Dans ce système, deux concepts de consommation finale sont distingués : la dépense de consommation finale et la consommation finale effective.
  • La dépense de consommation finale des ménages recouvre les dépenses consacrées par les ménages résidents à l’acquisition de biens et de services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains « individuels ». Cette dépense se limite aux dépenses que les ménages supportent directement ;
  • la consommation finale effective des ménages recouvre l’ensemble des biens et des services qu’ils utilisent effectivement (ou consomment) quelle que soit la manière dont ils sont financés ;

les « transferts sociaux en nature des administrations » constituent l’écart entre ces deux notions. Il correspond aux remboursements de sécurité sociale, aux aides au logement, aux dépenses de la collectivité en éducation, en santé, etc. Le concept de consommation effective, visant à mesurer les biens et les services à la disposition des ménages, indépendamment de la manière dont ceux-ci y accèdent, permet en particulier d’améliorer la pertinence des comparaisons internationales.

 

a) De la dépense de consommation des ménages…

La consommation des ménages qui doit être évaluée est celle des ménages résidents, qu’elle ait lieu dans ou hors du territoire économique national. Selon le SEC 2010, « on considère comme unités résidentes, les ménages qui ont un centre d’intérêt économique dans le pays, même s’ils se rendent à l’étranger pour une courte durée (moins d’un an) ». Le territoire économique français inclut les départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion et Mayotte), mais exclut les collectivités d’outre-mer.

Pour des raisons de difficulté de production statistique, on ne peut évaluer par produit, qu’une consommation territoriale, représentant l’ensemble des achats effectués sur le territoire par des ménages résidents ou non. La consommation totale est obtenue en retranchant la consommation des non-résidents sur le territoire et en additionnant la consommation des résidents hors du territoire. Les données nécessaires sont obtenues par un traitement particulier de la balance des paiements.

Les biens et services marchands constituent l’essentiel de la dépense des ménages ; ils correspondent aux achats de biens neufs (sauf les logements, mais y compris les achats en leasing pour les automobiles), aux achats de véhicules d’occasion (passant par le commerce), et aux achats de services marchands. Ils comprennent aussi l’autoconsommation de produits alimentaires, les avantages en nature fournis par les employeurs à leurs salariés ou par l’armée aux militaires, les loyers « imputés » aux propriétaires occupant leur logement, qui, tous, viennent en contrepartie des revenus de même montant inclus dans le revenu
disponible des ménages. S’y ajoutent les services domestiques fournis par le personnel salarié employé par les ménages (employés de maison, nourrices, concierges et gardiens d’immeubles), qui ont leur contrepartie en production pour compte propre des ménages.

Quand ces biens et services marchands sont utilisés par des entrepreneurs individuels pour leur activité productive, on ne les prend pas en compte dans la consommation finale des ménages. Pour les biens et services à usage mixte, on ne retient ici qu’une partie de leur valeur, proportionnelle à l’utilisation domestique qui en est faite.

Les services non marchands pris en compte dans la dépense de consommation finale des ménages comprennent tout d’abord les paiements partiels des ménages aux administrations publiques (APU) (hôpitaux, enseignement, musées, théâtres) ou aux institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) (séances de ciné-club, spectacles amateurs, offices religieux). En revanche, la dépense de consommation des ménages ne tient pas compte de la production pour compte propre de services d’activité domestique (préparation des repas, travail ménager, aide aux enfants dans leurs devoirs scolaires, bricolage…)

 

 

b/ …à la consommation effective

Pour passer de la dépense de consommation des ménages à la consommation effective, il faut ajouter les transferts sociaux en nature versés par les APU et ISBLSM, qui constituent une dépense de consommation pour celles-ci.

Les dépenses de consommation finale des administrations publiques sont subdivisées entre dépenses de consommation finale individualisable (celles dont le consommateur effectif est identifiable), santé et éducation pour l’essentiel, et dépenses de consommation collective correspondant aux fonctions régaliennes des administrations : justice, défense, police, administration générale.

Les transferts sociaux en nature des administrations publiques aux ménages correspondent aux dépenses de consommation finale individualisable de ces administrations.

La consommation effective des administrations publiques ne comprend alors que les biens et services inclus dans les dépenses de consommation finale collective.

L’ensemble de la dépense de consommation des ISBLSM, qui est considéré comme individualisable, constitue une consommation effective des ménages. Il n’y a donc pas de consommation finale effective pour les ISBLSM.

 

 

c)… en passant par la notion de la dépense des ménages

La dépense de consommation des ménages définie par la comptabilité nationale est différente de la dépense qui ressort des enquêtes auprès des ménages comme l’enquête « budget des familles » ou l’enquête nationale logement. La première comprend en effet l’autoconsommation, les avantages en nature, les loyers imputés aux propriétaires occupant leur logement, les SIFIM (Services d’intermédiation financière indirectement mesurés).

Mais la dépense de consommation est aussi une notion plus restreinte de dépense, car l’achat et les gros travaux d’amélioration du logement, les intérêts liés à ceux-ci, les impôts ne sont pas classés en consommation par la comptabilité nationale. Elle ne retrace pas non plus les transactions entre ménages : seules les marges commerciales des éventuels intermédiaires revendeurs sont prises en compte. C’est notamment le cas pour le poste « voitures d’occasion ».

Si elles couvrent des champs différents et satisfont à des contraintes particulières, ces deux notions ont aussi des utilisations complémentaires. La consommation mesurée par les comptes nationaux est une variable privilégiée pour l’analyse des séries temporelles et l’analyse économétrique et source de comparaison dans le temps et dans l’espace. La dépense saisie par les enquêtes auprès des ménages est plus apte à mettre en évidence les disparités internes aux populations enquêtées (socioprofessionnelles, démographiques ou géographiques), et permet d’introduire des données autres que comptables, plus qualitatives, dans des études à caractère micro-économique.

L’enquête Budget de famille est peu utilisée pour estimer la consommation des ménages par produit car elle porte sur les dépenses des ménages. Dans le cas de la Loterie Nationale, on ne peut estimer la consommation finale à partir des dépenses des ménages car il faut retrancher les gains. Il en va de même pour les assurances (voir l’encadré ci dessous)

 

 

 

d) La consommation effective peut être rapprochée du chiffre d’affaires du commerce

Une partie des achats des ménages est effectuée auprès du commerce, essentiellement de détail. On peut ainsi rapprocher le chiffre d’affaires des commerçants de la consommation des ménages telle qu’elle vient d’être définie. Ce rapprochement ne porte en fait que sur la partie dite « commercialisable » des achats des ménages, celle susceptible de transiter par un commerçant. En sont exclus l’eau, le gaz naturel, l’électricité et tous les services.

Les statistiques de chiffre d’affaires apportent des informations complémentaires par rapport aux données de la comptabilité nationale. Elles permettent en particulier de décrire de façon détaillée le système de distribution (commerce spécialisé ou non, types de commerces tels qu’hypermarché, magasin populaire, supérette en succursales, tranche de chiffre d’affaires ou d’effectif salarié).

 

 

2/ Dépense de consommation finale des ménages (concept national et concept intérieur)

Les TRE à l’étranger et TES en France sont établis selon le concept intérieur, à la différence des comptes des secteurs qui sont établis selon le concept national. La différence entre ces deux concepts est liée au traitement, d’une part, des dépenses de consommation finale des Français à l’étranger et, d’autre part, des dépenses de consommation des étrangers en France.

Le concept intérieur comprend toutes les dépenses de consommation, effectuées par les résidents et les non-résidents, sur le territoire d’un pays, alors que le concept national comprend toutes les dépenses de consommation des résidents d’un pays, indépendamment du fait qu’ils se trouvent sur le territoire de ce pays ou à l’étranger.

Selon le SEC 2010 paragraphe 2.04, « Les unités qui constituent l’économie d’un pays et dont les flux et les stocks sont comptabilisés dans le SEC 2010 sont celles qui sont résidentes. Une unité institutionnelle est résidente dans un pays lorsqu’elle a son centre d’intérêt économique prépondérant sur le territoire économique dudit pays. Ces unités sont qualifiées de résidentes, quelles que soient leur nationalité, leur personnalité juridique, et qu’elles soient présentes ou non sur le territoire économique au moment où elles effectuent une opération».

L’utilisation du concept intérieur dans les TRE est surtout liée à des considérations pratiques. Le total des dépenses de consommation des Français à l’étranger et des dépenses de consommation finale des étrangers en France provient de la balance des paiements. Si ces montants étaient repris dans les TRE, ils devraient être répartis entre les différents groupes de produits auxquels ils correspondent. Ces informations ne sont cependant pas disponibles et la répartition n’est donc pas possible (comme pour la correction CAF-FAB par produits).

Pour évaluer la PCHTR, la Balance des Paiements (BdP) s’appuie sur les enquêtes EVE et SDT avec un échantillon de respectivement 80.000 et 22.000 personnes interrogées annuellement.

  • EVE est une enquête auprès des visiteurs venant de l’étranger, réalisée « aux frontières » pour le tourisme récepteur (règlement (CE) n° 184/2005 du Parlement Européen et du Conseil du 12 janvier 2005) : elle fournit un comptage des flux aux différents points de sortie du territoire, une qualification des flux en nombre de personnes (résidents et non résidents), plus une enquête auprès des étrangers sortant du territoire pour connaître leur durée de séjour et leurs dépenses.
  • SDT est une enquête de suivi de la demande touristique pour le tourisme émetteur (règlement européen (692/2011) sur les statistiques du tourisme) : panel de 22.000 résidents français, interrogation mensuelle.

Le questionnaire EVE est assez précis sur tout ce qui est hébergement, mais beaucoup moins sur le périmètre des dépenses enregistrées. Normalement le ‘sac Louis Vuitton’ est censé y être, mais on peut s’interroger sur d’autres types d’achats (type cosmétiques par exemple).

 

Enquête EVE – banque de France

 

 

La PCHTR correspond à la ligne «voyages» de la BdP.

Concernant l’hôtellerie, normalement ce type de dépenses est bien capté par la PCHTR (bien qu’elle ne soit pas affectée par produit). Mais il faut aller vers une ventilation de la correction territoriale comme pour la correction CAF-FAB.

Actuellement, cette ventilation est déjà réalisée à titre statistique pour la confection des bases de TES inter-pays (FIGARO d’Eurostat). Seul le Royaume-Uni dispose d’informations pour les achats directs à l’étranger et les non-résidents. Eurostat a utilisé cette information pour fractionner les chiffres du Royaume-Uni et ceux d’autres pays de l’UE. La structure britannique a été utilisée pour l’ensemble des pays, ce qui est une hypothèse très forte, les Britanniques n’achetant pas à l’étranger les même type de biens et services que les Autrichiens ou les Allemands. Pour rendre les distributions de produits dérivés plus spécifiques à chaque pays, Eurostat a comparé les valeurs obtenues aux parts correspondantes des cinq sous-postes de services de voyage: marchandises, transport local, l’hébergement, la restauration et d’autres services, tous donnés pour chaque pays dans leurs ERE. En outre, d’autres informations sur les dépenses en voyages touristiques provenant de l’enquête annuelle sur les voyages des résidents de l’UE (Eurostat) pourraient également être utilisés pour affiner la répartition des achats directs à l’étranger par produit. Les États-Unis et le Canada envisageraient de ventiler leur correction territoriale.

 

On note que le solde touristique (Consommation finale des ménages non-résidents sur le territoire économique – consommation finale des ménages résidents dans le reste du monde) varie très fortement selon les pays. La France se place en troisième position des pays étudiés avec un solde touristique de 17,6 Mds d’euros, loin derrière l’Espagne (38,8 Mds d’euros).

 

 

On donne enfin ici un cas d’arbitrage possible de la CFM : on calcule la consommation des hôtels en 2016 en valeur au prorata de l’évolution de la production (71,3 = 75*95/100). Une enquête de fréquentation dans l’hôtellerie est utilisée par ailleurs pour estimer l’évolution de la CFM en volume. Elle fournit des données sur les nuitées selon le pays de résidence des touristes et la proportion de tourisme d’affaires. Mais le chiffre de la CFM en valeur (et par ricochet celui en volume) en 2016 peut être arbitrée au vue de l’ERE du PCHTR. Les dépenses en hôtels représentent grosso modo la moitié du PCHTR en France (TES Mondial).

Selon cet ERE, le niveau de la correction territoriale retrouve en 2017 celui de 2015, après une année 2016 très dégradée dans le contexte des attentats survenus en France. En 2016, il y a eu beaucoup moins de touristes étrangers qui sont venus en France, et après le creux de la vague ceux-ci sont revenus en 2017; les achats des non-résidents sont très dynamiques en 2017. Par ailleurs, la consommation des français à l’étranger est restée relativement stable.

On suppose ici que les dépenses des étrangers en France et des résidents à l’étranger ne concernent pas le tourisme d’affaires (CI). La CFM en valeur des hôtels est d’abord estimée à partir de l’évolution de la production. Mais elle peut être ensuite arbitrée en tenant compte de l’évolution de la PCHTR. Ainsi, l’arbitrage est surtout nécessaire dans les années exceptionnelles (comme en 2016) : 69,5 de CFM est ainsi obtenue comme « moyenne » entre 71,3 et 68.

 

 

 

 

 

 

 

II – LA CONSOMMATION DES MÉNAGES DANS LES COMPTES NATIONAUX FRANÇAIS

L’analyse de l’évolution de la dépense de consommation des ménages, associée à celle d’autres grandeurs (telles que le revenu disponible brut), permet d’apprécier le comportement des ménages en matière de consommation/épargne.

Elle permet en outre une analyse fine de la consommation selon trois niveaux d’analyse complémentaires :

– par produits consommés. Les produits sont définis selon une optique de processus de fabrication et de matière de l’objet consommé, par exemple textile, bois, chimie, etc. ;
– par fonction, à savoir selon les besoins auxquels la consommation répond. Par exemple : alimentation, boissons alcoolisées et tabac, articles d’habillement et chaussures, logement chauffage éclairage, etc. ;
– selon le caractère plus ou moins durable des biens consommés (opposition biens durables/biens fongibles). Sont ainsi distingués les biens durables importants (véhicules, meubles, équipement ménager ou de loisir), les biens semi-durables (textile, habillement) et les biens non durables (alimentation, énergie,…).

Avec 67 % en France, les dépenses de consommation finale des ménages représentent de loin la catégorie de dépenses de consommation la plus importante. Elles comprennent les achats de biens et de services de consommation (comme les denrées alimentaires, les voitures, les assurances, etc.). La frontière « biens / services » est d’ailleurs difficile à faire avec le développement du leasing, de la location. De même, la consommation des ménages devrait mieux intégrer les formes de dématérialisation (produits numériques) et d’économie collaborative, via les plateformes (covoiturage, location d’appartement par un touriste à un particulier,…).

 

1/ Historique

L’évaluation de la consommation des ménages en base 1995 diffère sensiblement de celle de la base 80 (changements conceptuels, modifications de champ et de réévaluations des niveaux de consommation, changement de nomenclature de produits).

En base 1995, elle recouvre :
– l’intégration des départements d’outre-mer (DOM) ;
– le classement en « dépense des ménages » de taxes et impôts de la base 80 (exemple : taxe d’enlèvement des ordures ménagères) ;
– un traitement différent des compensations des réductions tarifaires ;
– le retrait de la consommation des antiquités et objets d’art ;
– la réévaluation des niveaux de la base 80 à partir des sources disponibles, y compris l’ajout de nouveaux produits.

Par rapport à la base 95, la consommation en base 2000 recouvre de plus :
– l’intégration dans le périmètre de la consommation des ménages de dépenses en services d’intermédiation financière indirectement mesurées (SIFIM) ; ces dépenses correspondent aux marges d’intérêts des institutions financières sur les crédits à la consommation et sur les dépôts.
– la réévaluation des niveaux de la base 95 à partir des sources disponibles, y compris l’ajout de nouveaux produits, en particulier pour les biens et services des technologies de l’information et de la communication.

En base 2005, la consommation s’appuie désormais sur la nomenclature d’activités française Naf rév.2. Elle a fait l’objet :
– d’une refonte du compte des institutions sans but lucratif aux services des ménages et de l’action sociale ;
– de l’intégration de la TVA sur crédit-bail dans les SIFIM ;
– d’une réévaluation de niveaux de consommation basée sur les sources disponibles, dont les recalages sur les comptes satellites.

En base 2010, les niveaux de consommation sont évalués selon les concepts décrits dans le nouveau système européen des comptes (SEC 2010). Par rapport à la base 2005, elle comprend :
– l’intégration de Mayotte comme département d’outre-mer ;
– le traitement du crédit d’impôt qui minore de la dépense de consommation des ménages (soit en tant que subvention, soit en tant prestation sociale en nature) ;
– le classement en « dépense de consommation des ménages » de la taxe sur les certificats d’immatriculation ;
– la nouvelle définition de la consommation en assurance dommages, basée sur la différence entre primes collectées et indemnités attendues (et non plus indemnités réellement versées) ;
– la réévaluation des niveaux de la base 2005 à partir des sources disponibles.

En base 2014, les niveaux de consommation sont toujours évalués selon les concepts décrits dans le système européen des comptes 2010, mais améliorent notamment la cohérence entre sources de données, et permettent de répondre aux dernières recommandations Européennes. Par rapport à la base 2010, ont été revus :
– les niveaux de consommation des ménages en services ont été réexaminés et ajustés pour prendre en compte de nouvelles sources. Ces ajustements ont permis en contrepartie de rehausser le solde extérieur et de le rapprocher des estimations de la Balance des paiements.
– les dépenses des non-résidents en France ont été rehaussées, en cohérence avec les dernières estimations de la Balance des paiements.
– la prise en compte du trafic de stupéfiants dans les comptes a conduit à très faiblement rehausser la consommation des ménages en cohérence avec les données publiées par des organismes experts du sujet.
– la redevance audiovisuelle versée à France Télévision et à Radio France est désormais classée en prélèvement obligatoire ce qui diminue la dépense de consommation des ménages.
– les résultats récents de l’enquête nationale Logement 2013 ont été intégrés, ce qui accroît le dynamisme des loyers sur la période 2006-2015.

 

 

2/ Méthodologie du chiffrage

Trois étapes sont nécessaires au chiffrage de la dépense de consommation d’une année donnée :

 

1. Dans une optique comportement des ménages, une « proposition » à un niveau de nomenclature très fin est élaborée grâce à une synthèse de sources variées : enquêtes périodiques (Budget de famille, par exemple) ou de conjoncture auprès des ménages, enquêtes de branches, statistiques de syndicats professionnels, données sur le commerce extérieur, exploitation de panels de ménages ou de commerçants.

Cette première synthèse conduit :

– le plus souvent, à retenir un indice d’évolution en valeur, utilisé pour obtenir une consommation en valeur courante. Celle-ci est ensuite déflatée par l’évolution annuelle moyenne des prix à la consommation (IPC) afin d’obtenir la consommation évaluée aux prix de l’année précédente ;
– dans les autres cas, à retenir un indice d’évolution en volume, qui, appliqué à la consommation en valeur de l’année précédente, permet d’obtenir la consommation évaluée aux prix de l’année précédente. A cette dernière, on applique l’évolution annuelle moyenne des prix à la consommation pour obtenir la consommation en valeur courante.

 

2. Ces estimations détaillées sont ensuite confrontées à un niveau plus agrégé à d’autres évaluations :

– les comptes du commerce, élaborés dans une optique de distribution, sur le champ de la « consommation commercialisable » (voir page Comptes de l’industrie) ;
– les « équilibres ressources-emplois » par produits (dans lesquels la consommation constitue un emploi), où prédomine l’optique production.

Des arbitrages qui peuvent toucher la consommation des ménages sont nécessaires. Le plus souvent, l’évaluation de la consommation est arrêtée à la fin de cette étape.

 

3. Dans une dernière phase, la consommation équilibrée par produits et l’agrégat « dépense de consommation finale des ménages » sont confrontés aux grands équilibres du « tableau économique d’ensemble » et aux agrégats du compte des ménages. Cette confrontation peut également mener à des arbitrages, qui modifient l’évaluation de la consommation. Ces arbitrages sont en regle général d’une ampleur faible sauf pour les hôtels et restaurants. Dans certains services on dispose pourtant de peu de sources contrairement aux biens où les sources sont plus nombreuses.

Les dépenses individualisables des administrations publiques (transferts sociaux en nature) sont quant à elles issues des comptes essentiellement élaborés par la Direction des Finances Publiques (DGFiP) et validés par l’Insee. Les dépenses individualisables des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) sont évaluées dans le cadre de la synthèse du compte de ce secteur institutionnel.

 

 

 

III – LE POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES

1/ Les évolutions en longue période

Depuis 1960, la croissance économique en France se décompose en deux grandes périodes. Dans un premier temps, après la période de pénurie de l’après-guerre et jusqu’au milieu des années 1970, les Trente Glorieuses sont caractérisées par un cercle « vertueux » alliant forte croissance des revenus distribués et avènement d’une consommation de masse. De 1960 à 1974, le revenu disponible des ménages (RDB) a progressé de façon continue, de 11,2% en moyenne par an. Les prix de la consommation ont augmenté de 5,2% en moyenne, le pouvoir d’achat du revenu disponible de l’ensemble des ménages a donc progressé sur la période de + 5,8%par an. Compte tenu de l’évolution du nombre de ménages et de leur composition, cette croissance correspond à une progression moyenne du pouvoir d’achat au niveau individuel de 4,6 %. La consommation de masse s’est traduite dans le même temps par une augmentation annuelle au niveau individuel des dépenses en volume de 4,1% par an.

Le premier choc pétrolier en 1974 a marqué une rupture dans le rythme de croissance tendanciel de l’économie française. Le pouvoir d’achat des ménages a depuis lors progressé moins vite : + 2,1 % par an en moyenne entre 1975 et 2008, soit, compte tenu de la hausse tendancielle de la population, + 1,3 % au niveau individuel. La consommation est demeurée un peu plus dynamique (+ 2,2% par an, soit + 1,5% au niveau individuel) car les ménages ont diminué sur la même période leur taux d’épargne (de 21 % à 15 %). Dans un premier temps, entre 1975 et 1987, le pouvoir d’achat a nettement décéléré (+ 0,9%par an au niveau individuel), avec le ralentissement du PIB. Malgré cela, les ménages ont maintenu un rythme de consommation ferme (+ 1,7%au niveau individuel), en puisant dans leur épargne dont le taux a perdu 10 points, passant de 21 % en 1975 à 11 % en 1987. Revenu au début des années 1990 à 15 %, le taux d’épargne s’est ensuite stabilisé, la croissance des dépenses de consommation suivant celle des revenus. Sur la période récente, de 2000 à 2007, les dépenses de consommation ont progressé à un rythme assez régulier, de 1,8 % par an au niveau individuel, quasi indépendant des fluctuations du pouvoir d’achat. Toutefois, en 2008, sous le coup du fort ralentissement de ce dernier (0,0% après + 2,4%en 2007), elles ont nettement marqué le pas (+ 0,3 % après +1,8 %). Entre 2008 et 2017, le pouvoir d’achat du RDB augmente de 0,8% et la consommation en volume de 0,9% [5].

Tableau 10 pouvoir d’achat France

Évolution du pouvoir d’achat et des dépenses de consommation des ménages, taux d’épargne en  niveau, en %

Le tableau suivant présente année par année le lien entre l’évolution du pouvoir d’achat et de la dépense de consommation finale en volume selon les données de l’Insee. En 2022, le pouvoir d’achat des ménages stagne. Les ménages puisent dans leur épargne pour augmenter leur dépense de consommation de 2,1%.

Évolution de la dépense de consommation et du pouvoir d’achat des ménages en %

 

 

 

 

 

2/ Le pouvoir d’achat moyen des ménages recule légèrement en 2022

En 2022, le revenu disponible brut (RDB) de l’ensemble des ménages accélère (+5,1 % en euros courants, après +4,2 % en 2021). Dans le même temps, le prix de la dépense de consommation finale accélère fortement (+4,8 %, après +1,5 % en 2021), du fait notamment de la nette augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentaire. Ainsi, le pouvoir d’achat du revenu disponible marque le pas : +0,2 %, après +2,6 % en 2021. Cette légère hausse est inférieure à la croissance de la population. Ainsi, une fois ramenée au niveau individuel et en tenant compte de l’évolution de la taille des ménages, le pouvoir d’achat par unité de consommation recule : -0,3 %, après +2,1 % en 2021

Pouvoir d’achat du RDB des ménages par unité de consommation

Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages par unité de consommation recule de 0,3 %. Le prix de la consommation contribue pour 4,8 points à cette baisse, les impôts courants par unité de consommation pour 1,2 point

Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

 

 

 

 

3/ les notions de revenu « arbitrable » et de dépenses « pré-engagées ».

En 2020, le revenu disponible brut des ménages (RDB) continue à progresser (+ 1,0 % en valeur) malgré la grave crise sanitaire qui engendre un recul inédit du produit intérieur brut (– 5,5 % en valeur). Il ralentit toutefois par rapport aux années précédentes (+ 3,4 % en 2019 et + 3,1 % en 2018). Dans le même temps, le prix de la dépense finale de consommation des ménages continue à augmenter (+ 0,6 %, après + 0,8 % et + 1,7 %). Le pouvoir d’achat du RDB progresse donc de 0,4 % en 2020. Cette hausse, mesurée pour l’ensemble des ménages, ne tient pas compte de la croissance de la population ni de l’évolution de la taille ou de la structure des ménages. Ramené au niveau individuel, le pouvoir d’achat par unité de consommation est stable [6].

Les ménages bénéficient toutefois de biens et services dont le coût est pour l’essentiel pris en charge par la collectivité : éducation, santé, aides au logement versées aux locataires, notamment (transferts sociaux en nature). Ajoutant ces dépenses au RDB, le revenu disponible ajusté des ménages (RDBA) augmente de 1,4 % en 2020. Cette progression est plus rapide que celle du seul RDB, car les dépenses de santé induites par la crise sanitaire ont augmenté plus rapidement (page Reprise économique fragile).

Si le RDB augmente en 2020, ses différentes composantes évoluent de façon très contrastée (graphique suivant). Sous l’effet de la crise économique et sanitaire, les revenus nets d’activité diminuent fortement malgré les aides du Fonds de Solidarité à destination des entrepreneurs individuels et contribuent négativement à l’évolution du RDB des ménages, pour – 2,4 points. De même, les revenus du patrimoine jouent à la baisse, à hauteur de – 0,7 point, en raison notamment de la diminution des dividendes distribués par les entreprises. Néanmoins, l’accroissement des prestations sociales versées en espèces contribue à hauteur de + 3,4 points à l’évolution du RDB et compense ces deux facteurs de baisse. Cette dynamique s’explique en premier lieu par des facteurs conjoncturels : dispositif d’indemnisation de l’activité partielle, augmentation des prestations liées au chômage et aux arrêts maladie, aides exceptionnelles de solidarité liées à l’urgence sanitaire et dédiées aux ménages les plus précaires, etc. Plus structurellement, la progression est aussi liée à l’évolution des pensions de retraite. La diminution des impôts prélevés sur les revenus et les patrimoines, liée à la fois à la baisse de l’activité économique et à l’allégement de la taxe d’habitation, contribue également à soutenir le RDB des ménages, à hauteur de + 0,6 point.

 

 

Pour mesurer le pouvoir d’achat, l’évolution du revenu disponible brut est d’abord rapportée à celle du prix de la dépense de consommation des ménages pour obtenir l’évolution du RDB en termes réels. Celle-­ci est ensuite ramenée par habitant, par ménage ou par unité de consommation (UC) pour tenir compte des évolutions démographiques et calculer ainsi l’évolution moyenne du pouvoir d’achat. Il faut en effet tenir compte de l’évolution des unités de consommation qui augmentent elles aussi sous l’effet de la croissance de la population de l’ordre de +0,6% par an. Le pouvoir d’achat par unité de consommation (UC) augmente donc de +1,5% en 2019. Les unités de consommation reflètent mieux les situations individuelles Le RDB est calculé pour l’ensemble des ménages.

Or, l’évolution du pouvoir d’achat dépend aussi des évolutions démographiques.  La progression du nombre de ménages est plus rapide que celle de la population en raison du vieillissement de la population et de la tendance à la décohabitation, si bien que le pouvoir d’achat par ménage progresse moins vite que le pouvoir d’achat par habitant. Entre 2007 et 2018, le pouvoir d’achat par habitant a progressé de 3,6 % alors que celui par ménage a baissé de 0,9 %. Le pouvoir d’achat par UC se situe entre les deux, avec une croissance de + 1,3 % en 12 ans. Compte tenu de ces évolutions très contrastées, le choix de la variable démographique est très important. L’Insee privilégie le calcul du pouvoir d’achat par unité de consommation qui reflète mieux les situations individuelles.

Par ailleurs, une partie des dépenses de consommation des ménages est pré-engagée (les ménages ne peuvent s’y soumettre ; énergie loyers,a abonnements téléphoniques,..) [7]. Elles représentent 424,1 Mds d’euros en 2019 sur un total du RDB de 1473,7 Mds.  Leurs prix augmentent moins fortement que les prix globaux de la consommation (+0,6% en 2019 contre +0,9%). Du coup l’indice de prix de la consommation finale des ménages autres que « pré-engagées » augmente plus vite (+1,1%).

Si on divise le « revenu arbitrable » par l’indice des prix hors dépenses pré-engagées, on obtient un pouvoir d’achat en hausse de +2,4% et donc +1,7% par UC.

On peut ainsi présenter un compte des ménages complet qui fait le passage entre le revenu primaire et le RDB.

On définit souvent 3 catégories de revenus dans le RDB :

Revenus nets d’activité : Ils incluent les salaires nets (salaires bruts diminués de l’ensemble des cotisations salariales, y compris celles versées aux complémentaires santé) et les revenus nets des entrepreneurs individuels,
Revenus du patrimoine, définis comme la somme des revenus de la propriété (D4) et des revenus immobiliers (EBE essentiellement tirés de la propriété d’un logement en tant que propriétaire ou loueur). Le RDB exclut les gains et pertes de détention,
Transferts nets reçus : ils comprennent en positif les prestations en espèces et en négatif les impôts courants sur le revenu et le patrimoine, ainsi qu’un reliquat d’autres transferts courants

Les encadrés suivants explicitent ces différents concepts.

 

 

Le taux d’épargne (rapport entre l’épargne et le revenu disponible brut) augmente de nouveau depuis 2015-2016 st surtout explose en 2020 (page Reprise économique fragile). En revanche le taux d’épargne financière (épargne  moins FBCF soit la capacité de financement/RDB) n’augmente pas autant du fait d’une forte croissance des achats de logements neufs et du gros entretien depuis 2016.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV – CONSOMMATION EFFECTIVE PAR FONCTION ET PAR DURABILITÉ

Les séries de consommation finale des ménages sont produites dans trois nomenclatures. Chacune d’elles est adaptée à un usage particulier.

 

– La première est la nomenclature d’élaboration de la consommation et, de ce fait, la plus détaillée. Il s’agit de la nomenclature de produits, comprenant 405 postes élémentaires pour la consommation des ménages. Elle classe les produits selon une optique de processus de fabrication et matière de l’objet consommé (textile, bois, chimie,…). Elle distingue les biens des services, le marchand du non marchand.

Elle s’articule avec les regroupements plus agrégés utilisés dans les comptes nationaux : un regroupement dit « A138 » correspondant aux 138 niveaux de travail des comptes annuels et cinq regroupements utilisés pour la diffusion A5, A10, A17, A38 et A88. Cette nomenclature est à privilégier quand on se réfère à la production, pour des études de marché, ou lors de comparaisons avec des chiffres d’affaires. Elle est établie à partir de la NAF rév.2 ou de la classification des produits française (CPF).

 

– La deuxième est la nomenclature de fonctions. Elle correspond à un classement selon les besoins auxquels la consommation répond. Alimentation, boissons alcoolisées et tabac, articles d’habillement et chaussures, logement, chauffage et éclairage, équipement du logement, santé, transport, communications, loisirs-culture, éducation, hôtels, cafés et restaurants, autres biens et services constituent les douze grandes fonctions. La fonction 13 représente les dépenses de consommation des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), la 14ème regroupe les dépenses de consommation individualisable des administrations publiques (APU) et la 15ème la correction territoriale (ou solde territorial).

Cette nomenclature regroupe, au prix de quelques conventions, les biens et services complémentaires, c’est-à-dire simultanément nécessaires à la satisfaction d’un même besoin, ou substituables, c’est-à-dire alternatifs pour satisfaire un même besoin. Par exemple, la fonction « transport » regroupe les achats de véhicules, leurs frais d’entretien et de réparation, la consommation de carburants, les dépenses de transports ferroviaires, routiers et enfin les transports aériens.

Une telle présentation se prête à l’étude du comportement des ménages. Pour cette raison, elle est utilisée dans les modèles de consommation, et dans les calculs d’élasticité de la consommation par rapport au revenu aussi bien qu’aux prix. Le plus souvent, les projections sont faites selon cette nomenclature. Cette présentation est retenue en particulier pour l’analyse de la consommation sur le long ou moyen terme. De plus, la nomenclature de fonctions présente l’avantage d’être harmonisée avec la nomenclature internationale COICOP. . C’est pourquoi elle convient tout à fait aux comparaisons entre pays. Elle est ainsi utilisée dans les publications de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Organisation de coopération et  de développement économique (OCDE) et d’Eurostat, l’Office statistique des communautés européennes.

 

– La troisième nomenclature se fonde sur le critère de durabilité, et oppose les biens durables aux biens fongibles. Elle distingue les biens des services. Elle classe les biens en trois groupes : biens durables (véhicules, meubles, équipement ménager ou de loisir), biens semi-durables (textile, habillement) et biens non durables (alimentation, énergie). Cette nomenclature est très utile pour l’analyse conjoncturelle.

 

On présente ici les approches sommaires par fonction et durabilité, puis de manière plus détaillée par produit et par fonction dans les chapitres suivants.

 

 

1/ Résultats récents en France par fonction

L’hébergement et la restauration restent très dynamiques en volume en  2018 malgré des prix en hausse. La fréquentation touristique atteint un nouveau record en Île-de-France avec environ 50 millions de touristes en 2018. Le dynamisme de la dépense en hôtels-cafés-restaurants en volume est principalement le fait de la restauration mobile (restaurants et services). La dépense en transports décélère mais reste assez dynamique en volume malgré la hausse des prix. Cette croissance est principalement portée par la dépense des ménages en équipement automobile et par les achats de véhicules en leasing, même si ceux-ci ralentissent tendanciellement.

En 2018, les consommations de tabac, d’alimentation, de boissons alcoolisées et d’habillement se replient. La dépense des ménages en tabac recule fortement en volume, du fait de la hausse des prix. Les Français achètent toujours moins de viandes dans un contexte de hausse modérée des prix. La dépense en fruits et légumes se replie davantage en volume qu’en 2017, tandis que les prix accélèrent en raison notamment du climat sec en France métropolitaine. La dépense en articles d’habillement et en chaussures baisse nettement en volume dans un contexte de prix quasi stables. Ce recul est le fait tant des dépenses en habillement que des dépenses en chaussures.

Les tableaux et graphiques suivants reprennent les principaux résultats de la consommation en terme de coefficient budgétaire par fonction.

 

 

 

 

 

2/ coefficients budgétaires par caractère plus ou moins durable dans la dépense de consommation 

Le coefficient budgétaire rapporte la consommation d’un produit à la consommation intérieure et non à la consommation nationale. On ne sait pas ventiler la PCHTR par produits. L’écart entre les deux ne serait pas très important oour les services d’un coté et les biens de l’autre. En effet, selon les données du Royaume Uni et celles d’Eurostat (projet Figaro), la part des services est de l’ordre de 55 à 60% dans la PCHTR, soit à peu près la part des services dans la consommation intérieure. Toutefois par sous produit cette hypothèse n’est plus tout à fait valable vu que la PCHTR concerne quelque services : hôtels et restaurants, transports aériens, ou quelques biens (alimentation, habillement, bijoux).

Il est aussi assez périlleux de calculer un coefficient budgétaire en volume aux prix de l’année précédente chaînés (volume dans la suite du texte) compte tenu des nombreuses déformations de prix relatifs. Nous le faisons ici en faisant la somme des consommations en volume dans un certain détail des nomenclatures puis en rapportant chaque consommation à ce total. Les résultats sont assez fragiles et varient bien entendu selon le niveau de nomenclature retenu.

On distingue 4 grandes catégories de produits : les biens durables, semi-durables, non durables et les services.

  • Un bien durable est un bien de consommation dont l’utilisation s’étend sur une longue période et/ou dont la valeur diminue lentement avec le temps, voire s’apprécie dans certains cas. Exemples : automobiles, meubles, électroménager. Un bien durable ne s’altère qu’après des usages répétés et il n’y a pratiquement pas d’altération du produit entre deux utilisations successives.  Une conséquence de ce phénomène est qu’un produit durable conserve une valeur après usage et qu’il peut exister un marché de l’occasion.
  • Les produits semi-durables regroupent des produits situés « entre » les produits durables et les produits non durables, au vu de leur durée de vie ( exemples : textiles, jouets, vaisselle, horlogerie).
  • Un produit non durable est un bien de consommation qui disparaît ou est détruit après la première utilisation. Sauf exception, sa valeur diminue en général rapidement avec le temps et/ou subit l’évolution des modes : (exemple : les produits alimentaires). Les dépenses de construction et d’eau font normalement partie des biens non durables dans les données d’Eurostat ci dessous..
  • Les services représentent tous les autres produits que les 3 précédents. Ils comprennent la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné dans les données d’Eurostat.

 

Ne serait ce que pour ces 4 catégories, les évolutions sont fortement divergentes. La part de la dépense de consommation en volume des biens durables augmente fortement depuis 2000. Il en va de même pour les services. La part en biens durables est très élevée en Allemagne. Cette part augmente dans tous les pays. Elle passe de 7,1% en 2000 à 9,5% en 2021 en France. Les nouveaux besoins se traduisent par l’achat de biens : biens directement liés aux loisirs et renouvellement de biens durables qui, grâce aux progrès techniques, permettent toujours plus de gains de temps et de performance. En outre, la baisse du coût d’acquisition de nombreux biens durables rend préférable le renouvellement à la réparation. Cette baisse se traduit alors par une progression des dépenses en volume de biens et une diminution de certains services.

S’agissant des biens semi-durables, leur évolution est plus nuancée selon les pays : leur part est en forte croissance au Royaume Uni. Mais cette évolution est elle réelle ? En France, leur part baisse de 0,5 points entre 2000 (8,3%) et 2021 (7,8%). On retrouve cette légère baisse dans plusieurs pays : Allemagne, Italie, Espagne… Mais cette part croît aux Pays Bas et en Autriche.

La part des biens non durables, notamment les produits alimentaires, baisse dans tous les pays.

C’est le contraire pour les services où leur part augmente plus ou moins dans tous les pays du moins jusqu’en 2019 sauf au Royaume Uni où elle reste quand même relativement élevée.  Elle augmente plus en France qu’en Allemagne entre 2000 et 2019. Déjà plus importante en France, elle gagne plus de 3,4 points entre 2000 et 2019contre 1,5 points en Allemagne. Mais en 2020 c’est la chute dans tous les pays : entre 2000 et 2021, le coefficient budgétaire des services en volume ne gagne plus que 2,2 points. En Allemagne, il perd même 0,7 point.

tableau 82 conso durabilité eurostat

Structure de la dépense de consommation finale de biens durables en volume chaînés en % (*)

Structure de la dépense de consommation finale de biens semi-durables en volume chaînés en % (*)

Structure de la dépense de consommation finale de biens non durables en volume chaînés en % (*)

 

Structure de la dépense de consommation finale de services en volume chaînés en % (*)

 

 

On complète ces graphique par une série longue de la France : la part des services gagne 9,7 points entre 1975 et 2019. Celle des biens durables passe de 4,9% à 9,4%durant la même période.

 

 

 

 

 

 

V – LE COEFFICIENT BUDGÉTAIRE DES SERVICES GAGNE 10 POINTS ENTRE 1975 ET 2019

1/ coefficients budgétaires des services par produit dans la dépense de consommation finale (DCF)

A partir de maintenant, les services excluent la construction et la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné. Ils comprennent les services principalement marchands et principalement non marchands. La part du coefficient budgétaire des services en valeur dans la dépense de consommation finale totale est ainsi ramenée à  51,6% en 2019, comme en volume.

Les évolutions de la consommation des ménages sont plus complexes qu’il n’y paraît. D’un côté, les ménages consacrent une part croissante de leur consommation en valeur à l’achat de services. Les dépenses des ménages en services principalement marchands représentent 51,6% de leur budget en 2019 contre 29,5% en 1960 et 36,5 % en 1975 [8]. Cette hausse est en fait largement imputable à une croissance plus rapide des prix des services du moins jusqu’en 2000.

 

En volume, l’évolution du partage entre biens et services est nettement moins forte mais elle existe quand même : le coefficient budgétaire des services en volume passe de 40,3% en 1960 mais 38,2% en 1975 à 51,6% en 2019 (comme pour les données précédentes en sachant que les services vus sous l’angle de la durabilité ne sont pas tout à fait les mêmes que dans les données par produits de l’Insee). De même, ce pourcentage est de 47% en 2000, soit un gain de 4,6 points entre 2000 et 2019. Mais en 2020, le coefficient budgétaire des services en volume perd 2 points et n’en regagne que 0,4 point en 2021, preuve supplémentaire que la crise du Covid a affecté particulièrement certains services. Du coup ce coefficient ne progresse que de 3 points entre 2000 et 2021.

La hausse relative du coefficient budgétaire correspondant à la plupart des postes de services relève en fait souvent d’une plus forte hausse des prix de ces services, par rapport à l’inflation d’ensemble. Inversement, la baisse de la part des achats de biens manufacturés dans le budget des ménages résulte bien souvent d’une hausse moindre des prix par rapport à l’inflation d’ensemble. En fait ce phénomène concerne la période 1960-2000 : en 40 ans, le coefficient de la DCF de services en valeur gagne plus de  18 points passant de 29,5% à 47,8% quand celui en volume n’en gagne que moins de 7 points (respectivement 40,3% et 47%). Mais cette hausse du prix relatif n’existe plus vraiment après 2000. De 2000 à 2021 le premier augmente de 2,8% quand le coefficient en volume augmente de 3%.

Le diagnostic d’une tendance à la « dématérialisation » de la consommation des ménages s’en trouve un peu nuancé entre 1960 et 2019 mais beaucoup moins entre 1975 et 2019. Il y a un véritable effet de ciseau à partir de la crise pétrolière des années 1973-74. Jusqu’en 1975, la part des biens augmente. A partir de cette année, ce sont les services qui augmentent fortement en part relative. Ce d’autant qu’au-delà de ces considérations sur les évolutions de parts relatives en volume, il faut rappeler la progression spectaculaire du volume global de la consommation effective : celle-ci a été multipliée par 5,4 entre 1960 et 2019 pour les services principalement marchands et par 5 pour les services principalement non marchands.

Biens et services connaissent souvent un développement complémentaire : le taux d’équipement en téléphones mobiles à la fin des années 1990 a, par exemple, fortement augmenté avec les dépenses en services de téléphonie.

tableau 85 dépense conso volume insee

Tableau 86 dépense conso valeur insee

Coefficients budgétaires de services dans la dépense de consommation finale (valeur en %)

Coefficients budgétaires de services dans la dépense de consommation finale (volume chaînés en %)Source Insee, comptes nationaux base 2014

 

 

 

 

 

2/ coefficients budgétaires des services par produit dans la consommation finale effective

Bien entendu les coefficients budgétaires de la consommation effective de services sont supérieurs à ceux de la dépense de consommation finale des services du fait de la santé et l’éducation.

On observe même que la part des services en volume gagne presque 3 points entre 2000 et 2019 (par rapport à la consommation finale effective totale) du fait de la prise en compte des services individualisables des administrations publiques (santé, éducation, action sociale) par rapport au coefficient budgétaire des services dans la dépense de consommation finale. Mais il perd plus d’un point de 2019 à 2021 soit une hausse de 2 points entre 2000 et 2021.

Concernant les évolutions en valeur des coefficients budgétaires, il est à noter que le coefficient budgétaire des services gagne 20,5 points entre 1960 et 2021 en valeur au regard de la dépense de consommation contre 22 points pour la consommation effective, soit à peu près la même variation.

En volume, les coefficients budgétaires ses services gagne 10 points entre 1975 et 2019 mais 8,5 points entre 1960 et 2021 car ils diminuent jusqu’en 1975 ainsi qu’en 2020 avec la crise du Covid qui a plus affecté la consommation de services que de biens. La progression est plus élevée au regard de la dépense de consommation finale  (+9,7 points entre 1960 et 2021).

Le coefficient budgétaire de l’enseignement diminue, passant de 10,5% en 1960 à 6,7% en 2021.

Les coefficients budgétaires en volume des services traditionnels aux ménages (restaurants, hôtellerie, réparations diverses) sont en recul depuis 1960. Ceux de l’hôtellerie-restauration passent de 11% en 1960 à 6,9% en 1975 à 5,5% en 2019 et surtout 4,2% du fait de la crise sanitaire mais 5,6% en 2000 traduisant le fait que la baisse concerne surtout les périodes 1960-2000 puis 2019-2021.

Ceux des activités financières sont stables depuis 2010 après une forte hausse auparavant.

Les coefficients budgétaires de la santé, télécommunications, des activités immobilières augmentent entre 1975 et 2019. Ceux des transports chutent entre 2019 et 2021 (2% en 2021 contre 2,6% en 1960 et 2,8% en 2019).

Sur longue période, la consommation finale effective de santé fait partie des postes de consommation les plus dynamiques, sa part dans la consommation finale effective passant de 3,6 % en 1960 à 9,9% en 2019 et surtout 10,8% en 2021. Les volumes consommés ont considérablement augmenté, sous l’effet de multiples facteurs : l’accroissement de la médicalisation tout au long du cycle de vie ; une meilleure couverture de l’assurance maladie ; le vieillissement de la population, le nombre de visites chez le médecin s’élevant avec l’âge ; et le développement de l’offre de soins, avec notamment l’incorporation continuelle des innovations et du progrès technologique.

tableau-83-conso-effective-volume-insee

Tableau 84 conso effective valeur insee

Coefficients budgétaires de services dans la consommation finale effective (valeur en %)

Coefficients budgétaires de services dans la consommation finale effective (volume chaînés en %)

Source Insee, comptes nationaux base 2014

 

 

 

 

 

3/ Les structures de la consommation des services dans l’ensemble des services

Il s’agit ici d’une analyse par fonction. Les principales rubriques des nomenclatures des fonctions sont entre autres les suivantes :

Estimer la part des service est assez complexe : la fonction transports comprend l’achat de véhicules, le transport lui même, l’assurance automobile, etc… . Le logement (services immobiliers) comprennent les loyers « imputés », d’autres services des agences et un peu de petit entretien de logements. La santé comprend l’achat de médicaments.

 

 

a) la dépense de consommation finale 

Les données de cette partie portent sur des campagnes de comptes anciennes. Mais les conclusions n’en sont pas changées. Les coefficients budgétaires des services traditionnels aux ménages (restaurants, hôtellerie, réparations diverses) sont en recul depuis 1960 (autour de 45% contre 20% en 2017). Ceux des activités financières, en hausse jusqu’à la crise de 2009, se stabilisent depuis. Les coefficients budgétaires de la santé, des transports et surtout des activités immobilières augmentent (autour de 30% en 1960 et 40% en 2017). Ce sont eux les grands gagnants avec les services de communication (autour de 2% en 1960 et 7% en 2017).

Sur longue période, la dépense de consommation finale de santé fait partie des postes de consommation les plus dynamiques, sa part passant de 2,9 % en 1959 à 4,9 % en 2012.

 

 

 

b) La consommation finale effective 

Les effets-prix sont très importants : la part des services traditionnels diminue beaucoup plus fortement en volume qu’en valeur. A l’inverse les services d’informations et de communications, connaissent une très forte croissance de leur part en volume alors que leur part en valeur ne cesse de diminuer du fait d’une très forte baisse des prix.

 

  • Le logement

Le logement est le premier poste de dépenses. Les Trente Glorieuses ont été marquées à la fois par la hausse du nombre de logements, de leur qualité, et par la diffusion intensive de leur équipement en meubles et appareils électroménagers. La part budgétaire consacrée à ce poste a ainsi crû sensiblement entre 1960 (20% en volume) et 1997 (28,8 %). Elle a depuis légèrement baissé (26,7 % en 2017), mais cet infléchissement traduit en réalité la croissance du nombre de ménages propriétaires : leur part dans le nombre total de ménages a augmenté tout particulièrement entre 1973 (45%) et 1988 (54%). En effet, les nouveaux propriétaires, ne payant plus de loyers, ne font plus face aux mêmes dépenses de consommation de services de logement, mais à des dépenses d’autres natures (dépenses d’investissement en logement, remboursement d’emprunts). Au cours des années 1990, la part des propriétaires a continué de croître, mais la hausse est de moindre ampleur (60%en 2017, 56 % en 2002).

Pour neutraliser cet effet trompeur de l’accession à la propriété sur la mesure de la consommation des ménages, la comptabilité nationale considère que les ménages propriétaires occupant leur logement bénéficient de facto d’une consommation de logement, c’est-à-dire se payent des loyers à eux-mêmes (loyers dits « imputés »). Ce choix est motivé par le souhait de faire figurer les achats de logements en FBCF (un actif entraîne la production d’un service) et par un souci de comparabilité temporelle et internationale des agrégats entre des pays où les proportions de propriétaires occupants diffèrent fortement.

La consommation finale des ménages (CFM) comprend ainsi celle des propriétaires de leur logement (loyers « imputés »). Elle est égale à la  P12 en service du logement de ces propriétaires occupants. La répartition de la CFM entre produits du logement en loyers réels (et autres services immobiliers) et loyers « imputés » varie selon les pays. La part des seconds est assez faible en Allemagne. Elle est en France de 75% au dessus de la moyenne de l’UE (72%).

 

 

 

En élargissant ainsi le champ, c’est-à-dire en passant du budget de consommation des ménages (notion microéconomique) au champ des dépenses de consommation des ménages (notion de comptabilité nationale qui inclut les dépenses « imputées »), le poids des dépenses liées au logement augmente alors continûment sur l’ensemble de la période, passant de 20% en 1960 à 27% en 2017. Les loyers imputés sont les principaux contributeurs de cette hausse, celle des loyers réels l’expliquant dans une moindre mesure. Cette hausse de la part budgétaire consacrée aux loyers résulte à la fois d’un effet-prix, le prix des loyers ayant augmenté plus fortement que l’inflation globale, et d’un effet-volume, la quantité et la qualité des logements ayant augmenté globalement plus vite que la consommation d’ensemble. Cela a notamment été le cas dans les années 1960 et 1970, marquées par des efforts massifs de construction pour résorber la crise du logement de l’après-guerre et absorber la forte hausse du nombre de ménages.

Notons que les services immobiliers n’incluent pas ici dans une approche par produit  les charges (eau, gaz, électricité…) qui ont aussi augmenté. Les dépenses liées au logement sont bien souvent ressenties par les ménages comme contraintes car pré-engagées dans leur budget : c’est le cas pour les dépenses de loyers, de  chauffage ou d’éclairage. En 2007, la part des dépenses que les ménages consacrent au logement, à son chauffage et à son éclairage, atteint 25 % de leur consommation. Ces dépenses représentent 75% des dépenses « pré-engagées », sur lesquelles les ménages peuvent difficilement arbitrer à court terme. La part de ces dépenses « pré-engagées » dans le revenu disponible brut des ménages n’a cessé de progresser, atteignant 28% en 2007 contre 13% en 1960. Une forte augmentation de cette part au cours des années récentes, imputable notamment aux prix des loyers, pourrait avoir contribué à faire naître et se creuser un écart entre la mesure du pouvoir d’achat et la perception que s’en font les ménages.

 

  • la santé

Les dépenses de santé croissent avec le niveau de vie. Les ménages ne paient pas directement tout ce qu’ils consomment. Certaines dépenses sont prises en charge en totalité ou en partie par les administrations publiques. C’est tout particulièrement le cas pour les dépenses d’éducation (enseignement primaire, secondaire et universitaire public), de santé (remboursements de la Sécurité sociale) et de logement (allocations logement). En comptabilité nationale, en additionnant à la dépense prise en charge par le ménages, celle prise en charge par la collectivité, on passe d’une logique de dépense de consommation des ménages à une logique de consommation finale effective. Par exemple, du fait de l’importance de l’assurance-maladie en France, les dépenses de santé directement payées par les ménages ne représentent que 3 % de leur budget en 2017 en valeur, mais leur consommation finale effective de santé représente près de 10% de leur consommation finale effective totale.

La hausse de la part des dépenses de santé prises en charge par la collectivité a été forte entre 1960 (65%) et 1980 (85%). Depuis, cette part est relativement stable : elle a légèrement reculé depuis 2002 (80 % en 2017) sous l’effet de mesures visant à maîtriser les dépenses d’assurance-maladie : augmentations des tickets modérateurs et du forfait hospitalier, franchises sur les actes médicaux et sur les boîtes de médicaments, déremboursements de certaines classes de médicaments, développement des dépassements d’honoraires non remboursés.

Sur longue période, la consommation finale effective de santé fait partie des postes de consommation les plus dynamiques, sa part dans la consommation finale effective passant de 4% en 1960 à 10% en 2017. Les volumes consommés ont considérablement augmenté, sous l’effet de multiples facteurs : l’accroissement de la médicalisation tout au long du cycle de vie ; une meilleure couverture de l’assurance maladie ; le vieillissement de la population, le nombre de visites chez le médecin s’élevant avec l’âge ; le développement de l’offre de soins, avec notamment l’incorporation continuelle des innovations et du progrès technologique.

 

 

  • l’ensemble des services « individualisables » et administratifs

Il reste que si on additionne les consommations effectives de santé, d’enseignement et de services administratifs (les services « individualisables » plus ces derniers), on observe que leur part dans la consommation totale des services, n’a pas augmenté entre 1960 et 2017, malgré une très forte hausse jusqu’en 1978, mais ensuite une relative stabilité avant une chute depuis 1993. Entre 1960 et 2017, la hausse relative de la consommation effective de santé est compensée par la baisse relative de la consommation effective de l’enseignement. Ces données sont elles exactes ? Cette baisse entre 1993 et 2008 est pour l’essentiel due à l’enseignement . Le partage volume prix y était il correct durant cette période? Depuis 2008, il y a de fait légère hausse relative de ces dépenses.

La part de la consommation effective de services d’enseignement, action sociale, santé et services administratifs ne progresse néanmoins pas beaucoup en valeur passant de 36,5% en 1960 à 36,8% en 2017 contre une légère baisse en volume (37,6% en 1960; 37,1% en 2017). Ceci conduit à nuancer l’explication de la courbe en « cloche » du graphique suivant en volume par les évolutions de prix de l’enseignement. Il reste que la méthode « output » conduisant à s’appuyer sur le nombre d’heures élèves par catégories d’enseignement reste fragile. Comme ceux ci diminuent, à moins d’un effet qualité important, le volume n’augmente pas au détriment d’une forte hausse des prix.

 

 

 

  • les services d’information de communication

Entre 1960 et 2017, le poids des services de d’information de communication a plus que triplé dans la consommation effective des ménages mais celui des télécommunications a été multiplié par 37. La consommation en volume de ces services a augmenté nettement plus vite (+9,6% par an) que l’ensemble des autres postes de consommation effective des ménages (+ 2,9 %), principalement dans les années 1970 avec la diffusion de la téléphonie fixe et depuis le milieu de la décennie 1990 avec la téléphonie mobile et l’internet. Ces produits apparus comme des produits de luxe se sont rapidement révélés de plus en plus accessibles, et indispensables. En outre, le caractère souvent contractuel de ces dépenses, qui lient les ménages aux opérateurs sur des périodes longues, en a fait, avec le logement, l’un des principaux facteurs du développement des dépenses « pré-engagées » depuis une décennie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI –  LA CONSOMMATION DES MÉNAGES PAR FONCTION EN EUROPE

 Les dépenses de consommation des ménages sont classées par fonction de consommation selon la nomenclature COICOP (Classification Of Individual Consumption by Purpose). Ces données sont plus aisément disponibles et récentes sur la base Eurostat que celles par produits.  Elles ne sont donc pas tout à fait comparables en volume à celles plus désagrégées des comptes français par produits par exemple pour mesurer la part des biens ou des services. Les fonctions sont au nombre de 12 à un niveau agrégé. Pour rappel, les catégories COICOP au niveau à trois chiffres sont les suivantes :

 

 

 

1/ Quelques données dans l’UE en 2021 et 2022

Si l’on examine la composition des dépenses des ménages de l’UE par objectif de consommation et par les 12 principales catégories COICOP sur la base des chiffres des prix courants (graphique suivant), près d’un quart des dépenses des ménages de l’UE (24,1 % du total ou 12,4 % du PIB) était consacrée au « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles ». D’autres parts importantes sont observées pour les « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (13,6 % du total ou 7,0 % du PIB), les « transports » (12,5 % du total ou 6,4 % du PIB) et les « biens et services divers ». (11,3 % du total ou 5,8 % du PIB). Les « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles », « Alimentation et boissons non alcoolisées » et « Transports » représentent la moitié des dépenses totales des ménages (50,2 %), la composition restant stable par rapport à 2021.

Les fonctions « Restaurants et hôtels » (8,5 % du total ou 4,4 % du PIB), « Loisirs et culture » (8,4 % du total ou 4,3 % du PIB) et « Ameublement, équipement du ménage et entretien courant du ménage » (5,8 % du le total, soit 3,0 % du PIB) suivent ensuite. Le reste des dépenses des ménages est réparti entre la « Santé » (4,5 % du total ou 2,3 ​​% du PIB), l’« Vêtements et chaussures » (4,3 % du total ou 2,2 % du PIB), les « Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants » ( 4,0 % du total ou 2,1 % du PIB), « Communications » (2,3 % du total ou 1,2 % du PIB) et « Éducation » (0,8 % du total ou 0,4 % du PIB).

Dépenses des ménages par fonction de consommation – COICOP, UE des 27 pays, 2021 en %

 

 

 

 

a) La part des dépenses des ménages en 2020 est la plus élevée en Grèce et en Croatie

En examinant des pays particuliers, l’analyse peut également mettre en évidence quelques tendances intéressantes : en pourcentage du PIB en 2022, les parts les plus élevées des dépenses des ménages ont été constatées en Croatie (75,3 %), en Grèce (74,6 %) et au Portugal (68,8 %). ). Les parts les plus faibles ont été enregistrées en Irlande (23,9 %), au Luxembourg (32,2 %) et aux Pays-Bas (42,2 %)

Dépenses de consommation des ménages par État membre, 2021, % cumulé du PIB

 

 

 

b) La part des principales fonctions dans les dépenses des ménages

Dans l’UE dans son ensemble, ainsi que dans presque tous les États membres de l’UE, le « logement, l’eau, l’électricité, le gaz et autres combustibles » restait le poste de dépense le plus important des ménages en 2022, suivi par « l’alimentation et les boissons non alcoolisées ». » et « Transports ».

En ce qui concerne les dépenses liées au « logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles », les parts les plus élevées des dépenses des ménages peuvent être observées en Slovaquie (30,3 %), en Finlande (29,7 %) et au Danemark (29,1 %). Les parts les plus faibles ont été enregistrées à Malte (14,1 %), en Croatie (14,9 %) et en Lituanie (16,4 %). La aprt en France est assez élevée ; 26,2%

La fonction logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles, États membres, 2022, % des dépenses totales des ménages

 

 

Pour les dépenses liées aux « Aliments et boissons non alcoolisées », les parts les plus élevées ont été enregistrées en Roumanie (25,0 %), en Bulgarie (20,8 %) et en Lettonie (19,7 %). Les proportions les plus faibles ont été observées en Irlande (8,0 %), au Luxembourg (9,3 %) et en Autriche (10,0 %).

La fonction Aliments et boissons non alcoolisées, États membres, 2022, % des dépenses totales

 

 

En ce qui concerne les dépenses liées aux « Transports », les parts les plus élevées des dépenses des ménages ont été observées en Slovénie (17,5 %), en Lituanie (16,5 %) et au Luxembourg (14,7 %), tandis que les parts les plus faibles ont été constatées en Slovaquie (5,3 %), en Croatie (8,3 %). %) et la Belgique (9,6 %).

La fonction Transport, États membres, 2022, % des dépenses totales

 

 

 

c) Évolutions des prix par fonction entre 2010 et 2021

Les séries de déflateurs implicites sont calculées sous la forme d’un rapport entre les prix courants et les séries de volumes chaînés et donnent une indication des changements de prix sous-jacents. Certaines tendances  méritent d’être mentionnées : l’évolution des prix implicites (du total) au cours de la période 2010-2022 montre une augmentation constante. Par rapport à 2010, les plus fortes augmentations ont été enregistrées dans les « Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants » (+37,0 %), « Alimentation et boissons non alcoolisées » (+33,4 %), « Restaurants et hôtels » (+29,7 %), « Transports » (+29,5 %) et « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » (+28,1 %) ; des diminutions ont été constatées dans la catégorie « Communications » (-25,1 %).

Par rapport à 2021, les augmentations les plus importantes ont été enregistrées pour les « Transports » (+11,5 %), « Alimentation et boissons non alcoolisées » (+11,2 %) et « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » (+8,4 %). ), tandis qu’une baisse a été enregistrée dans la catégorie « Communications » (-0,4 %). On note que le coefficient budgétaire des personnes aux revenus modestes est particulièrement élevé pour les produits dont les prix ont fortement augmenté en 2022.

Évolution du déflateur implicite, indice 2010=100 des dépenses des ménages par fonction de consommation – COICOP, UE, 2010-2022

 

 

 

 

 

 

2/ Évolutions des parts des consommations de « services-logement » et d’autres fonctions

Contrairement aux tableaux et graphiques par produits du chapitre précédent , ces  fonctions comprennent des biens et des services. On peut toutefois avoir une certaine vision des services en agrégeant 7 fonctions : Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (1), santé (2), éducation (3), communications (4), loisirs et cultures (5), restaurants et hôtels (6) et biens et services divers (7). Mais tout ceci est approximatif : la fonction logement inclut l’électricité, gaz et autres combustibles de même que la fonction communications inclut surtout le matériel de téléphonie, ou la fonction Loisirs et culture inclut des biens comme le matériel audiovisuel, photographique et de traitement de l’information et d’autres gros biens durables à fonction récréative et culturelle. Tandis que la fonction transport inclut des services de transport de voyageurs ou bien l’assurance automobile. Autrement dit avec tous ces biens, il n’est pas étonnant que dans ces fonctions dites de « services » (communications, loisirs et cultures), les prix relatifs diminuent fortement.

Ainsi si on agrège des séries chaînés françaises en prenant l’ensemble des 7 fonctions précédentes dites de « services-logement », on ne retrouve pas exactement les évolutions pour la France en terme de produits (voir ci-dessus). Le coefficient budgétaire en volume de l’ensemble de ces 7 fonctions gagne 6 points entre 2000 et 2021 contre 3 points en terme de produits. C’est que la fonction,communications gagne 3,7 points contre seulement 1 point pour le produit information et communication. De même la fonction loisirs et culture gagne 1,7 points quand le coefficient budgétaire du produit « arts, spectacles et activités récréatives » reste quasi stable entre 2000 et 2021.

tableau 80 consommation fonction prix courants et volumes eurostat

 

 

a) La part des consommations des services-logement en volume n’augmente pas dans tous les pays

La croissance de ce coefficient en volume n’est pas du tout la même en Europe : elle est forte surtout en France, Espagne, puis en Allemagne ou Belgique (+5,3%), plus que dans l’UE (+4% entre 1995 et 2020). Mais ce coefficient diminue en Pologne, Pays-Bas, Autriche, Finlande, pays d’Est de l’UE et surtout au Royaume-Uni (-3% entre entre 1995 et 2019). Le plus étonnant est que dans les pays où ce coefficient était le plus élevé en 1995 (Royaume Uni, Pays-Bas et Suède), il y a baisse en volume. La croissance est la plus forte en Espagne du fait du tourisme et surtout en France du fait des fonction communications et loisirs.

Les pays où le coefficient budgétaire en volume des « services-logement » baisse ou stagne depuis 2000 sont presque aussi nombreux que ceux où il augmente. Excepté le Royaume Uni, il augmente dans les grands pays : Italie, Allemagne, France, Espagne,… .

Autre évolution, ce coefficient n’augmente quasiment plus entre 2010 et 2021 (Allemagne, Royaume-Uni, Danemark,..) en partie du fait la la chute en 2020 qui affecte les consommations de services (loisirs, restaurants-hôtels). De nouveau, c’est en France et en Espagne où il progresse le plus entre 2010 et 2021.

Que ce soit sur les données temporelles françaises ou sur les données de comparaisons internationales pour une année donnée, la part budgétaire consacrée aux dépenses de consommation alimentaire diminue avec le niveau de vie des pays. En revanche, pour d’autres postes de consommation, le coefficient budgétaire des ménages apparaît positivement corrélé avec le revenu. C’est le cas par exemple pour les dépenses effectives (i.e. quelles que soient leurs prises en charge) de santé et d’action sociale (crèches, maisons de retraite…) et pour celles de services d’assurance.

Dans cette logique, l’analyse des évolutions propres à chaque pays de la zone Euro s’interpréterait dans un mouvement de convergence des structures de consommation, liée à celle du niveau de vie : une fois leurs besoins « nécessaires » satisfaits (alimentation), les ménages chercheraient à satisfaire des besoins moins indispensables (habillement, équipement du logement, transports…), avant d’acheter des produits « supérieurs » (santé, culture, communication, loisirs…). De fait en 2021, la part des « services-logement » est presque la même dans tous les pays d’Europe occidentale (sauf en Italie), voisinant autour de 60% dans l’UE.

Coefficient budgétaire des dépenses de services-logement en terme de fonction en volumes chaînés en %

 

 

 

b) En valeur, le coefficient budgétaire des « services-logement » par fonction est à peu près au même niveau en 2019 dans les pays de l’ouest de l’Europe

La part budgétaire en prix courants affectée aux « services-logement » augmente entre 1995 et 2019 dans la plupart des pays avce quelques exceptions (Royaume-Uni, Autriche, voire Finlande..). Dans quelques pays, il augmente plus en valeur qu’en en volume (Royaume Uni).

Le coefficient budgétaire en volume des fonctions à majorité de services donc hors logement et communications (loisirs, enseignement, santé, restaurants et hôtels, biens et services divers ) passe de 27,8% en 1995 (29,6% en 2000) à 31,9% en 2021 alors qu’en valeur, il stagne autour de 31%, soit une baisse du prix relatif de ces « services » de -15% (du fait d’une forte baisse dans la fonction loisirs). En sachant que le prix relatif des hôtels restaurants, lui, ne baisse pas et que le coefficient budgétaire en volume baisse fortement dans les restaurants et hôtels  tandis qu’il progresse pour l’enseignement-santé (+1 point dans l’UE mais +1,8% en France). La progression en volume est sensible pour les loisirs. En France le coefficient budgétaire de cette fonction passe de 5,6% en 1995 à 8,4% en 2021 quand celui en valeur diminue de 8,6% à 7,6% sur la même période, et ceci en grande partie du fait des biens qui sont compris dans cette fonction.

Coefficient budgétaire des dépenses de services-logement en terme de fonction en prix courants en %

 

Coefficient budgétaire des dépenses de services (hors logement-communications) en terme de fonction en %

 

 

 

 

 

 

3/ la fonction « communications »

Mais ce qui caractérise la France, c’est la croissance relative époustouflante des services de communication (les TIC) bien plus en volume qu’en valeur, et dans une moindre mesure des services de loisirs..

Le coefficient budgétaire en volume de la fonction communication passe de 0,9% en 1995 à 5% en 2021 contre une variation de 1% à 3,5% dans l’UE. A ce stade les évolutions en valeur ne sont mêmes plus vraiment significatives. Pour mémoire, le coefficient budgétaire en valeur passe de 2,2% à 2,5% en France (3,2% en 2010).

La croissance relative de ces produits est plus importante en volume qu’en valeur, ce qui constitue en soi une véritable révolution. Il n’y a qu’en Suède que le phénomène est presque aussi marqué. Partout, les prix relatifs de ces produits baissent, mais encore plus en France.

Coefficient budgétaire des dépenses de communications en terme de fonction en volumes chaînés en %

 

Coefficient budgétaire des dépenses de communications en terme de fonction en prix courant en %

 

 

4/ la fonction « logement »

La fonction logement inclut ici les dépenses en eau, électricité, gaz et autres combustibles. Elle inclut aussi la consommation des ménages en loyer d’habitation imputés. Au sein de l’Union européenne à 27, on n’observe pas de corrélation positive marquée entre le niveau de revenu par habitant et l’importance accordée aux dépenses de logement. Comme en France où il est le premier poste de dépenses, il s’agit dans tous les pays d’un poste de dépense essentiel.

Le coefficient budgétaire augmente dans de nombreux pays en valeur, sauf en Suède et au Royaume Uni. En revanche, il baisse presque partout en volume sauf en Espagne. la baisse de ce coefficient en volume en France (-9%) est quasiment dans la moyenne des pays de l’UE (-7%) (-8% en Allemagne).

Coefficient budgétaire des dépenses de logement en terme de fonction en volumes chaînés en %

Coefficient budgétaire des dépenses de logement en terme de fonction en prix courant en %

 

 

 

5/ La fonction « meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer »

Le coefficient budgétaire en volume stagne entre 1995 et 2020. Jusqu’au milieu des années 1980, les logements, de plus en plus nombreux, ont de plus en plus été équipés en meubles et gros équipements électroniques, contribuant à la hausse de la consommation d’ensemble. Depuis, la demande semble avoir atteint un niveau de saturation et les achats correspondent désormais plutôt au renouvellement de mobilier. Pour les meubles, la sensibilité des achats aux variations du revenu et des prix est forte, attestant du caractère arbitrable de ces biens. Une grande sensibilité aux aléas conjoncturels caractérise aussi le gros équipement électrique du logement, marqué en outre par des phases cycliques, liées aux cycles de vie de ce type de produit. Peu de ménages peuvent acheter un nouveau produit à son apparition, compte tenu de son coût ; puis les progrès technologiques et les rendements d’échelle permettent des baisses de prix, donc sa plus large diffusion. Le taux d’équipement des ménages augmente jusqu’à sa saturation, dont le niveau dépend du caractère plus ou moins indispensable du produit. La quasi-totalité des ménages possède aujourd’hui un lave-linge et un réfrigérateur ou combiné réfrigérateur-congélateur (apparu au début des années 1970), 80 % un four à micro-ondes (sur le marché depuis le milieu des années 1980), mais moins de 50 % un lave-vaisselle (apparu au début des années 1970).

 

Coefficient budgétaire des dépenses de meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer en terme de fonction en volumes chaînés en %

 

 

6/ la fonction « loisirs »

Pour les dépenses de loisirs, le dynamisme depuis 1995 n’est pas continu dans le temps ni uniforme selon les produits. Les achats de biens pour les loisirs et les dépenses en jeux de hasard ont été plus dynamiques que la progression de l’ensemble du budget de consommation. La part budgétaire consacrée aux services de loisirs est plus stable, les volumes consommés, notamment les services d’hébergement touristique, ayant pâti d’une évolution relativement défavorable de leurs prix.

Au sein de l’Union européenne, en 2019, les comparaisons internationales font apparaître de lien entre coefficient budgétaire lié aux loisirs (hors services d’hébergement) et niveau de richesse par habitant (Danemark, suède, Allemagne, Finlande, Pays-Bas, Autriche) On observe aussi un lien de ce type en France au cours du temps (la hausse du pouvoir d’achat ayant coïncidé sur longue période avec le développement de ce poste). En outre, le poids de ce poste dans le budget des ménages dans les pays de niveau de PIB est comparable à celui de la France il y a trente ou quarante ans, est plus important qu’il ne l’était à l’époque dans l’Hexagone.

 

 

Coefficient budgétaire des dépenses de loisirs en terme de fonction en volumes chaînés en %

Coefficient budgétaire des dépenses de loisirs en terme de fonction en prix courant en %

Coefficient budgétaire des dépenses restaurants et hôtels en terme de fonction en volumes chaînés en %

 

 

 

 

 

 

 

VII –  STRUCTURE DE LA CONSOMMATION SELON LE QUINTILE DU REVENU DU MÉNAGE

Ernst Engel est un statisticien et économiste allemand qui a définit un certain nombre de lois visant à montrer l’évolution des modes de consommation dans le temps en fonction de la variation des revenus. Ces lois empiriques avancées vers 1857 s’appliquent dans le cas d’une augmentation du revenu disponible :

 Loi 1 : les dépenses alimentaires augmentent moins vite que le revenu. En conséquence, les dépenses liées à l’alimentation représentent une part de plus en plus faible des dépenses d’un ménage. La satisfaction du besoin de se nourrir ne nécessite pas en effet une hausse continue de l’achat de biens alimentaires. Cette diminution des dépenses de consommation est relative, pas absolue.

Loi 2 : les autres dépenses liées à des besoins primaires (logement, chauffage, habillement) augmentent au même rythme que le revenu. L’accroissement du pouvoir d’achat permet au ménage d’augmenter ces différents postes de consommation (location d’un appartement plus grand…) mais dans un proportion égale à la hausse constatée du revenu disponible. : les autres dépenses liées à des besoins primaires (logement, chauffage, habillement) augmentent au même rythme que le revenu. L’accroissement du pouvoir d’achat permet au ménage d’augmenter ces différents postes de consommation (location d’un appartement plus grand…) mais dans un proportion égale à la hausse constatée du revenu disponible.

Loi 3 : les dépenses ne relevant pas de la nécessité de satisfaire des besoins primaires augmentent plus rapidement que les revenus. Une fois ses besoins primaires satisfaits, un ménage consacre une part plus importante de son revenu à l’achat de biens et services répondant à des besoins secondaires (loisir…). Les lois de Engel reposent sur l’analyse de la consommation finale des ménages. Elle analyse les variations relatives des différents postes de consommation en fonction de l’augmentation des revenus.

Le graphique suivant reporte l’évolution des dépenses finales, l’évolution des dépenses alimentaires par tête des ménages, les deux déflatées de l’indice des prix correspondant, ainsi que la part de l’alimentation dans les dépenses d’après les données des comptes nationaux. La première loi d’Engel est bien vérifiée entre 1979 et 2006, les dépenses de consommation sont multipliées par deux et la part des dépenses de l’alimentation a diminué significativement, passant de 18 % à 13,5 %. En revanche, entre 1980 et 1984, cette loi ne semble pas vérifiée. Si la loi d’Engel est vraie, la dépense finale par tête de 1980 devrait en effet être égale à celle de 1984 puisque les parts de l’alimentation dans la dépense finale des ménages sont égales alors qu’elle lui est inférieure

En fait, la loi d’Engel s’applique à des individus ayant des caractéristiques identiques : en particulier, la structure du ménage (nombre d’enfants par exemple) influe, toutes choses égales par ailleurs, sur la part des dépenses consacrée à l’alimentation. L’incohérence apparente entre la hausse des dépenses globales de consommation entre 1980 et 1984 pourrait donc aussi s’expliquer par une évolution de la structure de la population entre individus n’ayant pas les mêmes comportements de consommation.

Évolution des dépenses alimentaires, des dépenses totales des ménages en termes réels, par tête et du coefficient budgétaire de l’alimentation

 

 

 

1/ Deux sources pour mesurer la consommation par catégories de ménages en fonction du revenu

Par exemple au niveau européen, le revenu, la consommation et la richesse (ICW en anglais) déterminent la situation financière et le bien-être matériel des ménages et des individus. Les comptes nationaux (NA) et les statistiques sociales sont deux sources statistiques distinctes de données à la disposition des utilisateurs et des décideurs. Les agrégats ICW (NA), qui décrivent la situation des ménages en tant qu’unité institutionnelle dans le contexte macroéconomique, sont utilisés dans l’analyse des politiques macroéconomiques; tandis que les distributions d’ICW basées sur des micro-données (Enquête sur le budget des ménages (HBS)) sont utilisées pour mesurer les inégalités dans les politiques sociales. Ce résumé traite de certains des problèmes de comparabilité entourant les concepts et les données de consommation des ménages.

Le graphique suivant présente un exemple d’analyse complémentaire des dépenses de consommation mesurées en NA et en HBS. Il montre la part des dépenses de consommation des ménages en termes de consommation totale de logement, d’eau, d’électricité, de gaz et d’autres combustibles (04). Cette catégorie de consommation contribue le plus à la consommation totale des deux sources. Alors que les macro-agrégats ne montrent que la part moyenne des composants de consommation, les données HBS peuvent fournir des informations détaillées sur les sous-groupes de population. Les deux sources de données sont d’abord comparées au niveau agrégé; Les données HBS sont ensuite utilisées pour montrer les modèles de distribution entre les quintiles de revenu. Les résultats de la première étape révèlent une disparité dans la cohérence des données entre les pays : pour la Finlande, la France, la Lettonie, l’Autriche et la Belgique ; les deux sources (NA et HBS) indiquent des parts similaires; pour la Bulgarie, la Hongrie, la Lituanie, Roumanie, Portugal et Royaume-Uni, les différences entre les sources de données sont considérables. Ce graphique met en évidence la nécessité de mieux comprendre à la fois les sources de données et les raisons des lacunes existantes dans les données. Concernant les distributions, le graphique montre l’inégalité des parts de consommation pour le 1er et le 5e quintile de revenu dans les données HBS: la plus importante étant le Royaume-Uni (29 points de pourcentage), l’Allemagne (19 points de pourcentage) et la Slovaquie (21 points de pourcentage).

Part des dépenses de consommation pour le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et les autres combustibles (04) dans la consommation totale des ménages en 2010 en %

Source: Eurostat

Des études ont été aussi entreprises à l’Insee. Le revenu disponible, la dépense de consommation et le taux d’épargne des ménages ont été décomposés pour la première fois en 2003 par catégorie de ménages selon le niveau de vie (appréhendé via les quintiles de revenu disponible par unité de consommation), la composition du ménage, l’âge de la personne de référence du ménage et sa catégorie socioprofessionnelle (voir page Inégalités de revenus).

Suite à la participation de l’Insee à un groupe d’experts international mené par l’OCDE et Eurostat sur la mesure de la distribution des revenus, de la consommation et du patrimoine par catégorie de ménages dans le cadre de la comptabilité nationale, de nouvelles variables ont été exploitées : la source principale de revenu du ménage et la composition du ménage croisée avec l’âge de la personne de référence du ménage. En parallèle, la variable Tranche d’Unité Urbaine du lieu de résidence du ménage a également été introduite pour ajouter une dimension géographique aux travaux existants.

Des flux de revenus désignés par le terme « transferts privés » sont introduits car ils ne sont pas uniformément répartis entre les ménages. Il s’agit de transferts monétaires uniquement. Les transferts en nature en sont exclus. Les héritages et donations sont également hors champ de ces « transferts privés ».

La dépense de consommation des ménages correspond aux dépenses que les ménages supportent directement. Elle n’inclut pas la part des dépenses de santé, d’éducation, de logement, prise en charge par la collectivité. Elle inclut en revanche les loyers imputés, c’est à dire les services de logement produits par les ménages propriétaires occupants à leur propre bénéfice. À ce titre, leur revenu et leur consommation sont augmentés de ces loyers imputés, qui correspondent aux loyers qui seraient acquittés par ces propriétaires-occupants dans le secteur locatif privé pour des logements de caractéristiques similaires.

La part du revenu disponible qui n’est pas utilisée en dépense de consommation constitue l’épargne. Le taux d’épargne est le rapport entre l’épargne des ménages et leur revenu disponible brut.

Les analyses par catégorie de ménages sont réalisées à l’aide de plusieurs enquêtes de l’Insee relatives aux ménages. Ces dernières portent pour la plupart sur le seul champ des ménages ordinaires de métropole.

 

 

 

 

2/ Les résultats dans quelques pays de l’UE

tableau 81 structure conso ménages par quintile eurostat

On peut appliquer la loi d’Engel aux différents quintiles de revenu des ménages à partir des enquêtes sur le budget des ménages (EBM). Ce sont des enquêtes nationales axées principalement sur les dépenses des ménages en biens et services. Elles sont menées dans tous les États membres de l’UE et leur principal objectif (en particulier au niveau national) est de calculer des pondérations pour l’indice des prix à la consommation. La collecte des données a lieu environ tous les 5 ans : 1988, 1994, 1999, 2005, 2010,t 2015 et 2020. Il n’y a pas de base légale, c’est pourquoi chaque pays a ses propres objectifs, méthodologie et programmation d’enquête. La différence méthodologique la plus importante en termes quantitatifs, mais pas la seule, est le loyer imputé du propriétaire occupant. En 2020, quelques pays n’ont pas imputé de loyer pour l’utilisation de logements occupés par leur propriétaire comme résidence principale du ménage.

En 2020, dans les pays étudiés, le logement représente en Allemagne jusqu’à plus de  50 % des dépenses des 20 % des ménages les plus modestes (1er quintile de niveau de vie), 35% en France (43% au Royaume-Uni en 2015), et constitue ainsi leur premier poste de consommation, devant l’alimentation à domicile (15 % en France), les biens et services divers, tels que les assurances, les coiffeurs, etc (13% en France)  et  les transports (10 %) (tableaux suivants). Ce classement est à peu près le même dans les autres pays. Mais en Allemagne où la part du logement dépasse la moitié, les parts des 3 autres postes sont plus fables qu’en France.

Pour les 20 % des ménages les plus aisés (5e quintile de niveau de vie), le logement reste le premier poste de dépense du fait des loyers imputés (31% de leur budget  en Allemagne et 26 % en France), devant les biens et services divers et les transports (15 %) et l’alimentation (13 %).

L’écart de 23 points en Allemagne est dû au fait que les plus modestes sont beaucoup plus souvent locataires. Or ceux-ci sont nombreux en Allemagne : la part des loyers réels (42,1% des dépenses de logement) y est relativement importante (24,4% en France). Mais d’un autre côté le pourcentage reste important pour les plus  aisés, 5 points de plus qu’en France. En effet, les loyers imputés des propriétaires de leur résidence principale à hauteur du service de logement qu’ils se rendent à eux-même sont normalement pris en compte dans les tableaux suivants.

Le poids des dépenses en logement dans une catégorie de ménages ne dépend donc pas seulement de la proportion de propriétaires et de locataires.

Part des dépenses de consommation ne loyers réels et imputés dans les loyers totaux par pays en 2020 en %

Structure des dépenses de consommation de logement selon le quintile de revenu du ménage et par fonction de consommation COICOP en %
Structure des dépenses de consommation d’alimentation à domicile selon le quintile de revenu du ménage et par fonction de consommation COICOP en %

Structure des dépenses de consommation des biens et services divers selon le quintile de revenu du ménage et par fonction de consommation COICOP en %

Structure des dépenses de consommation des transports selon le quintile de revenu du ménage et par fonction de consommation COICOP en %

Structure des dépenses de consommation de meubles et d’équipement du foyer selon le quintile de revenu du ménage et par fonction de consommation COICOP en %

 

 

3/ Les résultats de l’enquête budget de famille en France en 2017

Les niveaux de consommation estimés dans l’enquête Budget de famille diffèrent de ceux de la comptabilité nationale.

Les différences entre les deux sources proviennent notamment de différences de concepts, en particulier sur la consommation de logement. Comme en comptabilité nationale, l’achat de logement ou les remboursements de prêts immobiliers sont considérés dans l’enquête comme de l’épargne et non comme une consommation de logement. Cependant, l’enquête ne considère que les consommations effectivement observées chez les ménages, alors que la comptabilité nationale rehausse la consommation des ménages propriétaires de leur résidence principale d’un « loyer imputé », à hauteur du service de logement qu’ils se rendent à eux-mêmes.

 

a) Le logement représente le 1er poste de dépenses pour les ménages modestes, le 4e pour les plus aisés

En 2017, en France, le  logement (hors loyers imputés) représente en moyenne 22 % des dépenses des 20 % des ménages les plus modestes (1er quintile de niveau de vie) et constitue ainsi leur premier poste de consommation, devant l’alimentation à domicile (18 %), les transports (14 %) et les biens et services divers, tels que les assurances, les coiffeurs, etc. (14 %) ; graphique suivant. Pour les 20 % des ménages les plus aisés (5e quintile de niveau de vie), les transports représentent le premier poste de dépenses (18 % de leur budget), devant les biens et services divers (16 %) et l’alimentation (14 %). Le logement ne constitue que leur 4e poste de dépenses (12 %). L’écart sur ce poste est dû en partie au fait que les plus modestes sont beaucoup plus souvent locataires (62 % dans le 1er quintile contre 20 % dans le 5e quintile). En effet, l’achat de logement ou les remboursements des prêts des accédants à la propriété ne sont pas pris en compte ici, de même que les loyers imputés des propriétaires de leur résidence principale (voir ci-dessus). Le poids des dépenses en logement dans une catégorie de ménages dépend ici de la proportion de propriétaires (accédants ou non) et de locataires selon les quintiles de revenus.

Structure de consommation* selon le niveau de vie en 2017 en %Lecture : les 20 % des ménages les plus modestes (1er quintile de niveau de vie) consacrent en moyenne 22,1 % de leur consommation aux dépenses de logement, contre 12,2 % pour les 20 % des ménages les plus aisés (5e quintile).

 

 

 

À statut d’occupation équivalent, les écarts selon le niveau de vie sont nettement moindres. Parmi les locataires, les 20 % les plus modestes consacrent 29 % de leur consommation au logement contre 27 % parmi les 20 % de ménages les plus aisés, soit un écart de 2 points (tableau suivant). Pour les ménages propriétaires ou accédants, le logement représente 11 % de la consommation des 20 % les plus modestes, contre 8 % de celle des 20 % les plus aisés, soit un écart de 3 points.

Toujours à statut d’occupation du logement équivalent, l’alimentation à domicile est le poste qui différencie le plus la consommation des ménages selon leur niveau de vie. Parmi les ménages locataires, la part de l’alimentation dans le budget est supérieure de 7 points pour les 20 % des ménages les plus modestes par rapport aux 20 % les plus aisés. Parmi les ménages propriétaires, l’écart est de 5 points.

Structure de consommation des propriétaires* et des locataires selon le niveau de vie en 2017

 

 

b) En 40 ans, moins d’écarts sur l’alimentation mais davantage sur le logement selon le niveau de vie

Les disparités de structure de consommation selon le niveau de vie s’atténuent au fil des ans. Cependant, les écarts restent marqués entre les ménages les plus aisés et les plus modestes, surtout pour les dépenses de logement.

En 40 ans, en France métropolitaine, la part de l’alimentation dans la consommation des ménages converge selon les différentes catégories de ménages : en 1979, les 20 % des ménages les plus modestes consacraient 35 % de leur budget à l’alimentation et les 20 % les plus aisés 18 %, soit une différence de 17 points. En 2017, l’écart n’est plus que de 4 points (graphique suivant). La part des dépenses consacrées à l’alimentation ne peut plus être, comme auparavant, considérée comme un bon indicateur du niveau de vie d’un ménage.

Écarts de structure de consommation entre les 20 % des ménages les plus aisés et les 20 % les plus modestes en 1979 et 2017 en points

Lecture : en 2017, la part moyenne de l’alimentation (hors alcool) dans la consommation totale des 20 % des ménages les plus aisés (5e quintile de niveau de vie) est inférieure de 3,9 points à celle des 20 % des ménages les plus modestes (1er quintile).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII – IMPACT DE LA PANDÉMIE DU COVID 19 SUR LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

L’apparition de la pandémie de COVID-19 en Europe a eu de graves répercussions économiques qui se reflètent dans les estimations des comptes nationaux pour 2020 et 2021. Les mesures de distanciation sociale ainsi que les restrictions gouvernementales imposées à la circulation des personnes et aux activités économiques non essentielles ont gravement affecté les ménages. dépenses de consommation. Il y a eu un impact énorme à la fois sur le montant global et sur la composition de la consommation des ménages, même si la majorité des États membres de l’UE ont mis en place des programmes gouvernementaux pour soutenir les entreprises et les ménages dans les années 2020 et 2021.

Cette étude présente l’impact de la pandémie de COVID-19 pour les années 2020 et 2021 sur les agrégats européens et les différences entre les pays, ainsi qu’une comparaison de 2021 avec l’année 2019 avant la pandémie et la crise financière de 2008-2009.

 

 

 

1/ Évolutions par catégories COICOP

Pour illustrer la reprise après la pandémie de COVID-19, le graphique suivant montre l’évolution des dépenses parfonction en 2022 par rapport à 2021 et 2019. Par rapport à 2021, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 4,7 % en volume dans l’UE. Les augmentations les plus importantes peuvent être observées pour les « Restaurants et hôtels » (+33,8 %), qui ont été fortement touchés par les restrictions et fermetures liées au COVID et ont presque atteint les niveaux d’avant la pandémie en 2022. « Loisirs et culture » (+ 14,7 %), les « Habillement et chaussures » (+11,5 %) et les « Transports » (+4,7 %) sont également en hausse.

Par rapport à 2019, la plus forte augmentation en 2022 est observée pour la « Communication » (+11,6 %), suivie par la « Santé (+8,8 %) et l’« Ameublement, équipement du ménage et entretien courant du ménage » (+5,7 %). Toutefois, certaines fonctions restent en retard par rapport aux chiffres d’avant la crise. Concrètement, en 2022, la consommation des ménages était encore inférieure aux volumes de 2019 pour les « Transports » (-7,8 %), les « Restaurants et hôtels » (-2,4 %) et l’« Éducation » (-1,5 %).

Dépenses des ménages par fonction de consommation, UE, % de variation entre 2022-2021 et 2022-2019

Source : Eurostat

 

 

 

 

2/ Évolutions par pays

Presque tous les États membres de l’UE ont enregistré une augmentation de la consommation des ménages en 2022 par rapport à 2021. Les plus fortes augmentations de la consommation des ménages ont été enregistrées à Malte (+18,9 %), suivie par Chypre (+11,8 %) et la Croatie (+11,1 %). La Tchéquie est le seul pays à enregistrer une légère baisse (-0,1 %) en 2022 par rapport à l’année précédente.

Par rapport à 2019, seuls cinq États membres de l’UE, la Tchéquie (-6,0 %), l’Espagne (-1,5 %), l’Allemagne (-1,0 %), l’Italie (-0,8 %) et l’Autriche (-0,7 %), ont enregistré des volumes de dépenses de consommation des ménages plus faibles en 2022. Les augmentations les plus importantes en 2022 par rapport à 2019 ont été observées en Croatie (+13,7 %), en Roumanie (+9,9 %), en Bulgarie et en Estonie (chacune +8,9 %).

Dépenses des ménages par État membre, % de variation entre 2022-2021 et 2022-2019

 

3/ Comparaison avec les effets de la crise financière de 2008-2009

Le graphique suivant montre une comparaison de l’évolution des dépenses de consommation des ménages pendant la pandémie de COVID-19 dans les années 2020-2021 avec les évolutions pendant la crise financière de 2008-2009 et la première année post-crise (2010). Alors que les catégories de consommation ont été principalement affectées dans le même sens, l’impact de la pandémie de COVID-19 a été beaucoup plus sévère dans les zones touchées par les fermetures gouvernementales en 2020 et 2021. Les dépenses en « Restaurants et hôtels » ont diminué de 37,5 % en 2020, par rapport à 4,3 % en 2009, suivi de ‘Vêtements et chaussures’ (-16,9 % en 2020 et -3,8 % en 2009), ‘Transports’ (-16,6 % en 2020 et -2,0 % en 2009) et ‘Loisirs et culture’ (- 16,6 % en 2020 et -1,6 % en 2009).

En revanche, des hausses ont été observées dans les ‘Communications’ tant en 2020 (de +3,0 %) qu’en 2009 (de +2,1 %), ainsi que dans le ‘Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles’ (de +0,3 % et de +1,0 % respectivement). Différents impacts ont été observés pour la « Santé », où les dépenses ont diminué de 4,4 % en 2020 et augmenté en 2009 de 0,4 %, ainsi que pour la « Alimentation et boissons non alcoolisées » (+3,1 % en 2020 et -1,2 % en 2009).

Lorsque l’on compare les années de récupération, on peut voir des tendances similaires. Les dépenses en ‘Vêtements et chaussures’ ont augmenté de 8,6 % en 2021, contre +1,5 % en 2010, suivies par ‘Santé’ (+8,3 % en 2021 et +3,4 % en 2010) et ‘Loisirs et culture’ (+7,3 % en 2021 et +2,0 % en 2010).

Différentes tendances ont été observées pour les « Restaurants et hôtels », où les dépenses ont augmenté de 15,5 % en 2021, contre une baisse de 0,3 % en 2010, et les « Transports » (+5,2 % en 2021 et -1,7 % en 2010).

Dépenses de consommation des ménages par fonction de consommation – COICOP, % de variation par rapport à l’année précédente, UE, 2009, 2010, 2020, 2021

 

 

 

 

 

4/ Analyse des agrégats de l’UE

Alors que les chiffres pour 2020 et 2021 sont impactés par les effets exceptionnels de la pandémie de COVID-19, l’évolution des dépenses des ménages de l’UE entre 2010 et 2021 donne un aperçu des tendances à plus long terme. En 2021, les dépenses totales des ménages de l’UE représentaient 50,0 % du PIB. Il s’agit d’une légère baisse par rapport à 2020 (50,5 % du PIB) et d’une baisse significative par rapport à 2019, où elle s’élevait à 52,4 % du PIB. À l’exception de l’année 2012, une tendance générale à la baisse a été observée depuis 2010, où les dépenses des ménages s’élevaient à 54,8 % du PIB.

Évolution des dépenses des ménages par fonction de consommation – COICOP, UE des 27 pays , 2010-2020, % cumulé du PIB

Évolution des dépenses des ménages par fonction de consommation – COICOP, UE, 2010-2020, part du total

 

a) Évolution des parts par rapport à 2020

Alors que la part globale du PIB a fluctué entre un niveau le plus élevé de 54,8 % (2010) et un niveau le plus bas de 50,0 % du PIB (en 2021) sur la période 2010-2021, la composition des dépenses des ménages a évolué progressivement au fil du temps, à l’exception de la deux dernières années où les parts de certains postes de dépenses ont chuté de manière significative en raison de la pandémie de COVID-19.

Plus particulièrement, la plus forte baisse de la part des dépenses totales et de la part du PIB au cours de la période 2020-2021 a été observée pour les « Alimentation et boissons non alcoolisées » et le « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles », tous deux de -0,5 points (pp) dans la part des dépenses totales et de -0,4 pp dans le PIB, suivi de « Biens et services divers » (de -0,2 pp à la fois dans la part des dépenses totales et dans le PIB) et « Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants ‘ (de -0,2 pp dans la part des dépenses totales et de -0,1 pp dans le PIB) et ‘Communications’ (de -0,1 pp à la fois dans la part des dépenses totales et dans le PIB).

Alors que les plus fortes hausses ont été relevées pour les « Restaurants et hôtels » (de +0,6 pp en part dans les dépenses totales et de +0,3 pp dans le PIB), les « Transports » (de +0,5 pp en part dans les dépenses totales et de +0,3 pp dans le PIB ), « Loisirs et culture » (de +0,2 pp en part des dépenses totales et de +0,1 pp en PIB).

b) Évolution des volumes par rapport à 2019 et 2020

L’analyse de la consommation des ménages en termes de volumes permet également d’apporter quelques éclairages intéressants : l’évolution des volumes (total) au cours de la période 2010-2021 montre une augmentation progressive, à quelques exceptions près, sur l’ensemble de la période jusqu’en 2020. En 2020, les baisses reflètent à nouveau l’impact de la pandémie de COVID-19, tandis que des augmentations en 2021 sont observées en raison de la reprise. Par rapport à 2019, les plus fortes baisses ont été enregistrées dans les ‘Restaurants et hôtels’, ‘Loisirs et culture’ et ‘Vêtements et chaussures’. Les augmentations les plus importantes ont été enregistrées dans les secteurs ‘Alimentation et boissons non alcoolisées’, ‘Communications’ et ‘Ameublement et équipement ménager’.

En 2021, toutes les catégories ont affiché une augmentation, les plus fortes augmentations étant enregistrées pour « Restaurants et hôtels », « Vêtements et chaussures », « Santé » et « Loisirs et culture ».

 

Évolution des volumes chaînés, indice 2010=100 des dépenses des ménages par fonction de consommation – COICOP, UE, 2010-2020

 

 

 

IX – LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN FRANCE EN 2021 ET 2022

1/ En 2021, la consommation des ménages rebondit

En 2021, la  rebondit de 5,2 % en volume, après une chute historique de 6,7 % en 2020, mais elle reste en moyenne sur l’année en deçà de sa tendance d’avant‑crise (deux tableaux suivants). Cette franche reprise, très largement liée à l’amélioration de la situation sanitaire, reste partielle en raison de l’impact encore significatif cette année de la Covid-19 sur l’économie (situation épidémique, restrictions sanitaires, difficultés d’approvisionnement). La dépense de consommation finale des ménages contribue pour + 2,7 points à l’évolution du produit intérieur brut (PIB), également en rebond (+ 6,8 % après – 7,8 %). La , incluant les dépenses directement financées par la collectivité, est en plus forte augmentation encore (+ 6,0 %). En effet, la dépense de  des administrations publiques (APU), qui comprend notamment les tests et les vaccins contre la Covid-19, croît fortement (+ 8,4 %).

En valeur, le revenu disponible brut (RDB) des ménages progresse de 4,0 % en 2021, plus vite qu’en 2020 (+ 1,1 %), dans un contexte de forte reprise de l’activité économique. Dans le même temps, le prix de la dépense de consommation finale accélère aussi (+ 1,6 %, après + 0,9 % en 2020), sous l’effet de la montée des prix de l’énergie. Au total, le  du RDB augmente de 2,3 % en 2021 (après + 0,2 % en 2020). Cette progression inclut toutefois un effet démographique : une fois ramené au niveau individuel et en tenant compte de l’évolution de la taille des ménages, le pouvoir d’achat par unité de consommation rebondit nettement : + 1,9 %, après – 0,3 % en 2020.

Évolution de la consommation des ménages par fonction

Écart des composantes de la dépense de consommation finale des ménages à leur tendance 2015-2019 en 2020 et 2021

 

2/ Analyse par fonction

a) Les dépenses en produits alimentaires reculent, mais restent élevées

Alors que la dépense de consommation des ménages s’est reprise, la consommation en produits alimentaires, stimulée en 2020 par les confinements et le télétravail, fait exception. Avec le retour de la restauration hors du domicile, la dépense en produits alimentaires diminue de 1,2 % en volume (après une hausse de 4,5 % en 2020). Pour l’ensemble des sous-postes de dépense, la consommation recule, à quelques rares exceptions comme celle des pains et céréales (+ 7,5 % après + 1,9 %). Un certain nombre de produits de base et de conservation sont moins consommés (farine, riz, pâtes, lait, fromages ou œufs) traduisant un recul du « fait maison » qui avait prévalu en 2020. Les dépenses en fruits et légumes ou en viandes baissent également (respectivement – 4,0 % et – 4,6 %). En moyenne sur l’année, les dépenses en produits alimentaires restent cependant à un niveau légèrement supérieur à leur tendance d’avant-crise (+ 3 points en volume). Le retour à la normale n’est que partiel, car certains établissements de la restauration hors du domicile ont encore été fermés une partie de l’année et de nouvelles habitudes prises par les ménages en 2020 perdurent en lien avec le télétravail. En particulier, les dépenses des ménages en poissons et crustacés, qui baissent peu (– 0,9 %, après + 4,1 % en 2020 et – 3,2 % par an sur la période 2015-2019), restent très nettement supérieures à leur tendance d’avant-crise (+ 13 points). Alors que la hausse soutenue de 2020 était portée par les produits de conservation, notamment les produits congelés, les ménages se tournent davantage en 2021 vers le poisson frais et les produits à base de poisson cru comme les sushis.

La consommation en boissons à domicile continue de croître en 2021, plus particulièrement pour les boissons alcoolisées (+ 1,5 %, après + 2,1 % en 2020). Les dépenses en champagne connaissent un fort rebond (+ 10,1 % après – 21,0 %) avec le retour de moments conviviaux. La consommation en bière reste assez soutenue (+ 4,3 % après + 11,6 %). À l’inverse, la dépense de consommation en vin recule (– 1,8 %, comme en 2020).

 

 

b) Une reprise inégale des dépenses selon les modes de transport

La dépense en transports rebondit en 2021 (+ 11,3 % en volume après – 20,6 %). Les dépenses en carburants et lubrifiants sont particulièrement à la hausse (+ 18,2 % après – 17,0 %) et retrouvent presque leur tendance d’avant-crise (– 3 points). Les dépenses en services de transport progressent fortement (+ 21,8 % après – 49,2 %). Elles restent toutefois très en deçà de leur tendance d’avant-crise (– 42 points), dans une amplitude différente selon le mode de transport : air (– 66 points), eau (– 59 points), rail ou route (– 26 points chacun).

Les dépenses des ménages en véhicules stagnent en moyenne sur l’année (+ 0,3 %, après – 18,0 % en 2020), avec des situations variées selon le type de véhicule. Les achats d’automobiles reculent légèrement (– 0,7 % après – 20,0 %), gênées notamment par les difficultés de production et d’approvisionnement. Les achats de motocycles, moins consommateurs de composants électroniques, se redressent (+ 9,5 % après – 3,0 %). Ceux de vélos continuent d’augmenter fortement (+ 10,9 %, après + 23,9 % en 2020). Dans le contexte de la crise sanitaire, l’évitement des transports en commun a pu favoriser la vente des deux roues en 2021. Par ailleurs, la croissance des prix des matières premières, des carburants et des composants électriques a induit une forte augmentation des prix des dépenses en transports (+ 4,4 % après – 1,9 %).

c) Les dépenses d’hébergement et de restauration en deçà de leur tendance d’avant-crise

À la faveur de la réouverture des établissements et dans un contexte de mise en place du « pass sanitaire », les dépenses en hébergement et restauration progressent fortement en volume (+ 15,2 %) après avoir plongé en 2020 (– 34,0 %). Le niveau reste cependant éloigné de sa tendance d’avant-crise (– 28 points). Les dépenses en restaurants et services de restauration progressent de 16,9 % (après – 33,6 % en 2020) mais restent moins vigoureuses que les achats de sandwiches (+ 29,9 % après – 14,3 %) par exemple dont la hausse est soutenue par les contraintes sanitaires pesant sur la restauration à table. L’activité des services de traiteurs progresse (+ 27,9 %, après – 42,2 % en 2020) mais reste loin de sa tendance d’avant‑crise (– 33 points) malgré la hausse du nombre de réceptions organisées. Les dépenses de cantine peinent à retrouver le niveau de leur tendance passée (– 15 points) en raison du télétravail et des contraintes sanitaires de distanciation.

Les dépenses des ménages en services d’hébergement progressent aussi en 2021 (+ 17,2 % après – 40,7 %) mais sans retrouver en niveau leur tendance d’avant-crise. Les terrains de campings et parcs pour caravane se rapprochent du niveau de leur tendance d’avant-crise (– 4 points), mais les hôtels en sont très loin (– 40 points).

d) Les services culturels et récréatifs toujours moins fréquentés qu’avant la crise sanitaire

La dépense en loisirs et culture rebondit (+ 7,4 % après – 11,6 %), avec des effets contrastés selon les postes de dépenses.

Malgré un ralentissement, les dépenses en appareils électroniques et informatiques continuent de croître à un rythme plus soutenu que la moyenne observée entre 2015 et 2019 (+ 1,6 % contre + 0,5 %) . Elles restent donc nettement supérieures à leur tendance d’avant-crise (+ 8 points).

Les dépenses en autres biens culturels, récréatifs ou en équipements de loisirs se ressaisissent (+ 8,8 % après – 2,7 %) et retrouvent leur niveau de tendance d’avant-crise. Les dépenses en articles de sport progressent (+ 13,6 % après – 10,9 %), tout comme les achats de plantes et fleurs (+ 10,0 % après – 7,0 %) traduisant un fort engouement des ménages pour le jardinage. Les dépenses en animaux et accessoires pour animaux continuent de croître au même rythme que l’an passé (+ 4,1 %). Le marché des jeux et jouets se stabilise : les achats en consoles de jeux restent en forte augmentation (+ 13,9 % après + 10,7 %) sous l’effet de l’arrivée de nouveautés sur le marché et malgré les difficultés d’approvisionnement, ceux en jeux vidéos chutent (– 7,2 % après + 21,4 %) et ceux en jeux et jouets restent stables (+ 0,5 % après + 1,5 %).

Les dépenses en services culturels et récréatifs augmentent fortement (+ 9,9 % après – 25,8 %) mais restent très en deçà de leur tendance d’avant-crise (– 23 points). En 2021, les cinémas et les théâtres ont dû fermer une partie de l’année puis respecter des jauges d’accueil. Les remontées mécaniques ont dû fermer pendant l’hiver.

Enfin, les achats des ménages en presse, livres et papeterie progressent, pour la première fois depuis 2007, portées par ceux de livres.

 

 

e) La consommation en santé soutenue par les tests et les vaccins

Les dépenses en santé et en éducation sont en grande partie prises en charge par les administrations publiques, la quasi-totalité pour l’éducation et 79 % pour la santé. Le reste est payé par les ménages.

Les dépenses en santé financées par les administrations publiques progressent nettement en volume (+ 12,2 %). Les services médicaux (+ 17,0 %) et paramédicaux ambulatoires (+ 44,2 %) contribuent fortement à cette hausse en raison de la reprise de l’activité, mais aussi de l’envolée des dépenses en analyses de laboratoire portées par la prise en charge des tests de dépistage de la Covid-19 (+ 131,2 %) et du financement de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Les services des dentistes connaissent un rebond, contrecoup de l’arrêt de l’offre de soins durant une partie de l’année 2020 et de la mise en place, puis de l’élargissement, du « 100 % santé » dentaire.

Les dépenses de santé financées par les ménages, avant prise en compte des remboursements mutuelles, rebondissent aussi de façon marquée (+ 17,5 % après − 6,5 %). Dans un contexte de reprise de l’activité, tous les postes de dépenses augmentent, mais plus particulièrement les dépenses en optique, en prothèses auditives et dentaires (réforme du « 100 % santé »), ainsi que les dépenses liées à la crise sanitaire (masques de protection sanitaire, tests qui n’ont plus été pris en charge à 100 % pour tous les ménages à partir d’octobre).

 

f) Les dépenses des ménages en enseignement portées par la formation professionnelle

Les dépenses en éducation prises en charge par les administrations publiques augmentent en volume (+ 5,2 % après – 6,2 %) malgré l’imposition d’une semaine de vacances supplémentaire et de la fermeture de classes en cas de Covid détecté. L’ouverture des établissements scolaires, plus massive qu’en 2020, un moindre décrochage et une plus grande intensité des cours suivis par les élèves, expliquent cette hausse. Les dépenses en valeur en éducation (estimées par la somme des coûts, ont été dynamisées (+ 2,5 % après + 1,4 %) par la revalorisation des salaires de certaines catégories d’enseignants. Compte tenu du fort rebond du volume en 2021, le prix est en baisse (– 2,5 % en 2021, après + 8,1 %).

Les dépenses d’éducation financées par les ménages augmentent en volume (+ 3,3 % après – 8,2 %), portées par la très nette reprise des formations pour adulte et de la formation continue (+ 20,0 % après – 4,4 %).

 

g) Une reprise très partielle des dépenses des touristes étrangers en France

En 2021, la correction territoriale, soit la consommation des résidents en dehors du territoire français (29,2 milliards d’euros) diminuée de la consommation des non-résidents sur le territoire français (37,4 milliards d’euros), s’établit à – 8,3 milliards d’euros, loin de son niveau d’avant-crise (− 16,0 milliards d’euros en moyenne entre 2015 et 2019). En 2021, les dépenses à l’étranger des résidents français ont crû légèrement plus que celles des étrangers en France (respectivement + 18,5 % et + 18,1 %, après – 46,5 % et – 48,5 % en 2020).

 

3/ La consommation des ménages en 2022

La consommation effective des ménages croît de 2,4 % en euros constants en 2022, achevant son rebond de 2021 (+5,9 % en 2021, après -6,5 % en 2020). La partie de cette consommation prise en charge par les administrations publiques (APU) ralentit (+2,9 %, après +8,5 % en 2021 et -5,9 % en 2020) en raison de la baisse des volumes de services de santé (-2,2 %, après +12,9 % en 2021 et -4,0 % en 2020). Toutefois, les dépenses en médicaments continuent d’augmenter fortement (+12,0 % après +11,1 %) et les dépenses en services de loisirs accélèrent nettement (+36,0 %, après +17,6 % en 2021 et -35,2 % en 2020).

Les dépenses de consommation des ménages rebondissent grâce à leur consommation en services, bénéficiant d’un fort effet d’acquis : la consommation a été plutôt stable depuis mi-2021 mais son niveau moyen en 2022 est nettement supérieur à celui de 2021, qui était grevé par les effets des mesures de confinement et de couvre-feu en début d’année 2021. Les consommations en hébergement-restauration (+37,1 %) et en services aux ménages (+19,3 %) sont les principaux moteurs de cette croissance. À l’inverse, la consommation des ménages en biens marque une forte baisse, ayant décru tout le long de l’année. La consommation en produits alimentaires recule de façon prononcée (-3,5 %), ainsi que la consommation en gaz – électricité (-9,0 %), en raison d’un hiver très doux en fin d’année et de changements de comportement, possiblement en lien avec les hausses de tarifs et avec les consignes de sobriété.

Au quatrième trimestre 2022, la consommation réelle des ménages par habitant a diminué de 1,2% dans la zone euro, après un taux stable au trimestre précédent. Le revenu réel des ménages par habitant a diminué de 0,5% au quatrième trimestre 2022, après une baisse de 0,1% au troisième trimestre 2022. Le graphique suivant traduit une stabilisation de la consommation des ménages dans la zone euro en 2022 en glissement annuel.

Source : Eurostat

 

 

 

 

 

X – VERS UN NOUVEAU MODÈLE DE CONSOMMATION : L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE

Depuis quelques années est apparue l’économie collaborative [9]. Il s’agit de relation entre ménages notamment (AirBnb, covoiturage, location de matériel,..). L’économie collaborative est un modèle socio-économique qui repose sur le partage ou l’échange de biens, de services ou de connaissances entre particuliers. Elle se traduit par un échange monétaire tel que la vente, la location ou la prestation de services, ou un échange non monétaire comme le troc, le don ou le volontariat. Dans ce système économique, les particuliers sont généralement mis en relation via des plateformes numériques.

L’économie collaborative tend dans certains domaines à concurrencer l’économie traditionnelle (d’où la  nécessité de « mesurer pour comprendre » les grandes tendances de consommation des ménages). des notions : producteur-consommateur / consommateur-producteur / co-producteurs, deviennent de plus en plus complexes. Cette économie concerne quasiment les services.

Mais l’économie collaborative se construit aussi sur la base d’associations d’individus sans forcément passer par les nouvelles technologies. Toutefois l’essor d’Internet, des applications mobiles, bref, des nouvelles technologies, permettent l’émergence de l’économie collaborative qui est en plein développement, et même à la pointe, en France. Selon le ministère de l’Économie, neuf Français sur dix déclarent avoir déjà réalisé au moins une fois une pratique de consommation collaborative. Selon certains sondages,  plus de sept Français sur dix trouvent davantage de plaisir dans l’usage d’un bien d’équipement que dans sa possession, essentiellement pour des raisons économiques. et 19 % estiment qu’il est moins important qu’il y a dix ans d’être propriétaire.

L’économie collaborative diffère ainsi des modèles économiques traditionnels dans le sens où elle met en avant l’usage des biens plutôt que leur possession, le lien entre les personnes comme dimension sociale et les préoccupations environnementales. De ce point de vue, cette forme de modèle économique pointe du doigt la sous-utilisation et le gaspillage des sociétés de consommation. Les particularités de l’économie collaborative sont aussi de proposer, d’une part, des prix attractifs liés à la mutualisation des moyens et, d’autre part, de favoriser les retours d’avis des consommateurs via Internet ou les applications mobiles.

Le développement de l’économie collaborative remet en question un certain nombre de piliers de l’économie traditionnelle. Elle contribue en effet à l’émergence de nouvelles formes d’emploi telles que l’auto-entreprenariat, le portage salarial. Les revenus de l’économie collaborative sont aussi difficiles à intégrer dans le système fiscal actuel qui devra certainement être revu en conséquence. De même, la comptabilité nationale prend assez mal en compte cette nouvelle forme .

  • Le potentiel de développement de l’économie collaborative et dématérialisée est important, il est notamment liée à la part des biens dit « partageables » qui selon l’Iddri (Rapport « Économie du partage : enjeux et opportunités pour la transition écologique », N°03/14 juillet 2014) représentent près d’un quart des dépenses annuelles moyennes des ménages.
  • Le développement des pratiques de réemploi permet d’identifier la « seconde vie » d’un certain nombre de produits, qui est favorisée par l’économie collaborative, du partage, et de pair à pair.
  • L’essor de l’économie collaborative interroge sur la potentielle déformation des indicateurs classiques de suivi économique qu’elle est susceptible d’engendrer sur la consommation des ménages telle qu’elle est enregistrée dans les comptes nationaux.
  • Certaines activité peuvent par exemple se substituer tout ou partie à une activité marchande classique (par exemple AirBnB / hôtellerie classique). Ce phénomène étant émergeant et se développant rapidement, on peut de plus supposer qu’il ne joue pas que sur les niveau de consommation mais aussi sur les évolutions.

C’est le cas dans l’hôtellerie. L’Insee a publié en février 2017 de toutes premières évaluations des nuitées en hébergements touristiques proposés par des particuliers via des plateformes Internet. Au-delà d’une meilleure connaissance quantitative du phénomène des locations entre particuliers via Internet (ce mode de fréquentation représente ainsi 16 % du total des nuitées passées par des touristes), cette démarche a permis de nuancer substantiellement le diagnostic sur l’évolution conjoncturelle de la fréquentation d’hébergements touristiques en France. La seule prise en compte des logements professionnels indiquait un repli de la fréquentation entre 2015 et 2016 (- 1,3 %). Mais les logements particuliers loués via des plateformes sont en hausse (+ 2,6 %).

1/ quelques exemples d’économie collaborative

Beaucoup d’emplois liés à l’«économie collaborative» (chauffeurs Uber, loueurs Airbnb, femmes de ménage sur TaskRabbit, etc.) sont finalement d’une nature assez classique même si le contexte économique et social, dans lequel ils se développent, est relativement nouveau [10].

L’économie collaborative a toujours existé, le covoiturage n’est pas nouveau, mais le développement d’internet et la capacité des réseaux à échanger beaucoup d’information à grande échelle a toutefois créé une rupture technologique en réduisant les coûts de transaction et en accroissant l’échelle des échanges.

On peut dire que  l’économie collaborative est symptomatique d’une quadruple transition selon un Rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) « Les plateformes collaboratives, l’emploi et la protection sociale », mai 2016.

– passage d’une économie de la propriété, dans laquelle les individus possèdent des actifs, à une économie de l’usage (partage des actifs, notamment les plus coûteux).

– passage d’une économie de la consommation à une économie de la coproduction (c’est déjà le cas des clients d’Ikéa qui montent leurs meubles).

– passage d’une économie de l’offre et de la demande à une économie à la demande où les besoins et demandes des consommateurs sont immédiatement satisfaits.

– passage d’une économie de l’entreprise à une économie sans entreprise (au sens de travail intégré et hiérarchisé) où l’entreprise n’est plus nécessairement indispensable, même pour la production à vaste échelle.

L’IGAS recense en France entre 250 et 300 plateformes collaboratives. Leur chiffre d’affaires total (recettes nettes) en 2015 serait de l’ordre de 380 millions d’euros.  Les volumes d’affaires opérés sur ces plateformes (recettes brutes) – soit le montant des transactions entre contributeurs et consommateurs – serait de l’ordre de 7 milliards d’euros en 2015 (+ 79 % depuis 2012). Elles seraient à l’origine de 2 500 emplois directs.

  • Bien que le phénomène des plateformes ait été fulgurant depuis le tournant des années 2010, ce phénomène reste sommes toutes émergent en termes d’ampleur.
  • Les perspectives d’avenir sont fleurissantes en raison d’un mouvement de “plateformisation” de l’économie qui concerne plus particulièrement les secteurs à forte rente ou ceux ayant recours à des formes de travail « flexibles ».
  • Selon plusieurs études, le volume des transactions en Europe pourrait atteindre 570 milliards d’euros en 2025 (soit 20 fois plus qu’en 2015).

 

 

2/location et leasing

Aujourd’hui, presque tout peut se louer : par exemple l’automobile (soit en location de longue durée soit en leasing où le ménage devient propriétaire à la fin du contrat), la téléphonie mobile et les meubles. La frontière entre leasing (crédit-bail) et location longue durée est ainsi de moins en moins précise.

 

a) l’automobile

D’après l’Insee,  la production de la branche de location de biens est passée de 21 à 38 milliards d’euros entre 1995 et 2008, soit + 5 % en moyenne annuelle. Elle se répartit entre trois grands groupes d’activités : la location de machines et de biens d’équipement (50 %), la location de véhicules automobiles (39 %) et la location de biens personnels et domestiques (11 %). En 2015, la production de la branche de location de biens représente 1 % de la production totale de biens et services (graphique suivant).

 

Production de location de biens

Lecture : entre 1995 et 2015, la production de services de locations de biens est passée de 20,7 à 37,7 milliards d’euros. Sa part dans la production totale de biens et services a augmenté jusqu’à la crise de 2009 et a diminué par la suite.

Source : Insee, comptes des services.

 

Depuis 2009, à la suite de la crise, la production ne croît que faiblement (+ 0,4 % en moyenne annuelle), après avoir quasiment doublé entre 1995 et 2008 (de 20,7 à 38,9 milliards d’euros) et chuté de 8 % entre 2008 et 2009. En effet, la location de véhicules automobiles décroche depuis la crise, après avoir crû continûment entre 1995 et 2008. A contrario, celle d’autres machines et équipements se redresse, après avoir fléchi sous le coup de la crise, et celle de biens personnels et domestiques continue d’augmenter. Depuis 2009, les acteurs économiques ont donc contenu leurs dépenses en location de véhicules automobiles. Ils ont de même limité leurs achats d’automobiles ou investissements en matériels de transport. Sur la période 1995–2015, la location a gagné du terrain, mais le rapport entre location et achats ou investissements a évolué différemment avant et après la crise.

Dépenses en locations de biens et services en milliards d’euros (en valeur)

 

 

Pour le consommateur, le leasing est une option ‘clé en main’ assez incitative (Les services de type Autolib ont d’ailleurs tendance à démocratiser ce type d’usage) :

– Le leasing permet notamment au conducteur de rouler dans une voiture neuve et entretenue en moyenne tous les 4 ou 5 ans.

– Les mensualités engagées sont réparties pour une durée souvent plus longue que sur un prêt à la consommation classique ce qui réduit le montant mensuel engagé.

– Le contrat peut inclure un accord de maintenance dans lequel l’entretien courant du véhicule est inclus dans le coût du loyer.

– Le consommateur peut aussi bénéficier d’une garantie réparation en cas de panne, qui court tout au long de la durée de location (donc plus longtemps que les 2 ans classiques pour l’achat d’un bien).

 

 

b) la téléphonie

Un autre exemple est celui de la  location de téléphone mobile : Location longue durée, Téléphone portable Samsung (offre up2you). Il s’agit d’une offre de location longue durée de smartphones avec une option d’upgrade (changement du téléphone pour acquérir la dernière génération, à partir de 4 mois), garantie casse et vol incluse. La location des produits Samsung éligibles à l’offre Up2you s’effectue par un contrat signé directement auprès d’une société prestataire de services indépendante de Samsung Electronics France. Le produit loué ainsi que les accessoires inclus demeurent la propriété du loueur. Le produit loué ne peut donc en aucun cas être prêté, loué ou cédé à un tiers sous quelques formes que ce soient. Par ailleurs, les conditions générales de vente prévoient  implicitement un cas où le téléphone ne serait pas restitué au terme de la location (de l’ordre de 230€), ce qui peut s’apparenter à une valeur résiduelle implicite.

En comptabilité nationale, cette offre présente toutes les  caractéristiques d’une location de longue durée; la propriété juridique est clairement identifiée chez l’organisme prêteur. Il y a un paiement principal en début de contrat mais pour un montant faible relativement au total du contrat. Toutefois ce contrat présente aussi toutes les caractéristiques d’un contrat de crédit-bail, avec notamment une option d’achat implicite.

 

 

3/ le covoiturage

En comptabilité nationale, tant que le chauffeur qui propose son véhicule ne génère pas un excédent net d’exploitation (les paiements des covoitureurs ne dépassent pas les coûts engendrés par le trajet), il y a lieu d’enregistrer une production mais aussi une consommation intermédiaire équivalente qui permet in fine d’annuler toute valeur ajoutée.

Il n’y a donc pas de consommation des ménages ni contribution au PIB. Le renforcement du taux d’utilisation des biens que permet souvent l’économie collaborative ne conduit donc pas nécessairement à créer de la valeur ajoutée en comptabilité nationale

Un barème fiscal prenant en compte le coût de l’essence, des assurances, des dépenses d’entretien et de dépréciation du véhicule permet d’évaluer la contribution maximum de chaque covoitureur.

  • Le ménage propriétaire de la voiture fait payer une partie des frais (essence, péage…) au ménage covoitureur par exemple 70€ sur un coût de 100€. Mais il est tenu de ne pas dépasser le montant de ces frais sinon il y a taxation. Sur ce loyer, la plateforme d’intermédiation prélève une commission (10€).
  • Le ménage covoitureur a une production de services égale à ses frais hors commission : 70-10=60€.
  • La plateforme a une production de commerce égale à sa commission soit 10€.
  • Le ménage covoitureur paie au ménage propriétaire et à la plateforme le total 70€
  • Le ménage propriétaire paie 100€ d’essence, péages etc..

 

Le covoiturage restait une pratique peu développée en 2019 puisque seuls 3 % des passagers déclaraient avoir covoituré pour leurs déplacements en voiture mais en forte croissance depuis cette année là. Plus de 5 millions de trajets auraient été réalisés en France tout opérateur confondu en 2022. Au mois de décembre, le nombre de trajets recule légèrement à -15% du fait des congés de Noël et du jour de l’an (graphique suivant). En 2023, le plan covoiturage annoncé par le gouvernement va permettre à de plus en plus de villes de mettre en place des incitations financières au covoiturage.

 

Trajets mensuels de covoiturage tout opérateurs confondus

Source : https://www.go.klaxit.com/barometre-du-covoiturage?gclid=EAIaIQobChMI1t3H2ZW7_AIVfAwGAB1dsgkAEAAYASAAEgLcmPD_BwE

 

 

4/ la location d’appartement : AirBnb

Le logement est un cas particulier de service ou l’on enregistre un service (loyers réels) lorsqu’il y a location et un loyer imputé pour les propriétaires. Les loyers imputés sont évalués à l’aide d’un modèle hédonique qui permet de valoriser l’équivalent en loyer des logements des ménages propriétaires (voir page compte des services). Donc l’ensemble des services de logement qui concerne les ménages est pris en compte. Par contre, lorsque ce service fait intervenir un professionnel, par exemple le service de chambre hôtel, l’enregistrement est répertorié en comptabilité nationale en produit hébergement (55z).

Prenons un exemple :

  • Un ménage loueur du logement AirBnb fait payer un loyer au ménage locataire par exemple 70€.
  • La plateforme d’intermédiation prélève une commission, par exemple 10€.
  • Le ménage loueur a donc une production de services égale à la partie des frais hors commission, soit 70-10 = 60€.
  • La plateforme d’intermédiation a une production de commerce égale à la commission soit 10€
  • Le ménage locataire paie au ménage loueur et à la plateforme le total 70€

 

 

 

a) L’enregistrement des étrangers

Selon la Balance des Paiements, les dépenses Airbnb font partie du champ des enquêtes « voyage » car il y une modalité « Location d’une maison ou d’un appartement à un particulier » dans la question sur l’hébergement. A ce titre les dépenses Airbnb sont donc incluses dans la correction territoriale (PCHTR) et intégrées aux comptes.

En pratique, il y a plusieurs cas de figure. La location AirBnb d’un logement toute l’année ou la location occasionnelle de sa résidence principale (ou secondaire).

  • Dans le premier cas c’est une activité d’hébergement qui devrait être classée en hébergement (55z), et qui d’ailleurs n’a pas vocation à ce titre à être intégrée au compte du logement.
  • Dans le second cas, d’un point de vue théorique la mise en location par AirBnb devrait diminuer les loyers imputés au profit d’une activité d’hébergement, considérant que le temps de la location le propriétaire décide de ne plus consommer de service de logement (et donc de le produire) au profit d’une activité d’hébergement touristique.

De plus, il paraît très probable que pour un logement donné, les revenus tirés de l’activité d’hébergement (Airbnb) soient supérieurs au loyer imputé de la période, ce qui implique un impact sur le PIB au delà de la commission facturée par la plateforme.

 

 

b) un exemple aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, cette production est déjà enregistrée dans les comptes nationaux. Au delà du nombre de nuitées, les comptables hollandais décomposent :

  • les consommations intermédiaires (chauffage, eau, nourriture pour le petit déjeuner, ainsi que la commission d’AirBnb)
  • la consommation finale des ménages (lorsque le locataire est résident du pays), et les exportations de service de logement (lorsque le locataire est étranger, soit 83% des cas observés aux Pays-Bas).
  • les ménages propriétaires sont consommateurs de loyers imputés : une correction doit être effectuée pour éviter un double-compte lorsqu’ils offrent à la location une part de leur logement. Dans l’exemple des Pays Bas, cette correction est de -51 sur la production (tableau ci dessous).
  • De même, les CI afférentes (40 dans le cas des Pays Bas), qui sont actuellement comptabilisées en consommation des ménages, devraient être réattribuées en consommation intermédiaire de la production du service de logement. Ceci  peut entraîner un biais entre CI et CFM.
  • La commission d’AirBnb (de l’ordre de 10%) est enregistrée, pour les ménages résidents, en consommation des ménages. Pour les ménages non-résidents, elle n’est pas enregistrée dans les comptes néerlandais car il s’agit d’une transaction entre non-résidents. Côté ressources, la commission de AirBnb est enregistrée en importation de services (comme AirBnb est une entreprise étrangère pour les Pays-Bas).

On peut établir l’ERE du services d’AirBnB aux Pays Bas. Ainsi, la production de services de location d’Air BnB est de 215 millions d’euros. les CI correspondantes sont de 50 millions d’euros, dont 6 de versements par le loueur à Air BnB, le reste (44 millions)  en alimentation et chauffage. La valeur ajoutée est donc de 155 dont 10 de taxes de tourisme. Les importations (commissions versées à AirBnb, entreprise étrangère) sont de 10 dont 6 versés par les loueurs et 4 versés par les locataires. les exportations (locations aux touristes étrangers) sont de 179. la consommation des ménages se déduit quasiment par solde, soit 40 qui correspond à la location des touristes domestiques (néerlandais) (36) et à des commission versée à AirBnb pour un montant de 4.

Pour l’ensemble de l’économie, on doit retirer 51 à la production (des loyers « imputés ») afin d’éviter un double compte, et 91 à la consommation des ménages (dont les 51 précédents) et les 44 (dépenses d’alimentation et de chauffage) traitées désormais en CI.

Il a été possible d’estimer sommairement une production Française ainsi que sa décomposition en opérations de comptabilité nationale. L’intégration d’AirBnb (et autres) dans les comptes nationaux Français conduirait à accroître la consommation des ménages d’environ 2 Md€ et représente environ 1,5 Md€ dans le PIBEn s’appuyant sur les chiffres de l’INSEE issus de la collecte auprès des plateformes, avec les hypothèses suivantes :

  • 3 personnes par logement
  • Une part d’étrangers d’environ un quart
  • Avec trois scénario de prix (60€ / 70€ / 80€)

Et en s’appuyant sur la structure du chiffrage Néerlandais,

 

 

 

c) Le tourisme de plateforme dépasse les niveaux de 2019 au cours des neuf premiers mois de 2022 surtout en France

En 2022, 547 millions de nuitées ont été passées dans des hébergements réservés via l’une des quatre plateformes, contre 364 millions en 2021 et 512 millions en 2019. Cela signifie que la reprise amorcée en 2021 s’est poursuivie en 2022 avec une croissance d’environ 50 % par rapport à à l’année précédente. Par rapport au niveau de référence pré-pandémique de 2019, la croissance était toujours d’environ 7 % (graphique suivant).

Nuitées annuelles passées dans des hébergements de court séjour réservés via des plateformes en ligne dans l’UE, 2018-2022, (millions)

Source: Eurostat 

 

En regardant les neuf États membres de l’UE avec plus de 10 millions de nuitées en 2019, il devient clair que le tourisme de plateforme dans les pays de destination les plus populaires s’est (presque) complètement rétabli, à l’exception potentielle du Portugal et de l’Autriche, qui sont néanmoins à la portée de leurs niveaux pré-pandémiques. Près d’un quart de ces nuitées ont été passées en France (131 millions de nuitées), suivie par l’Espagne (106 millions). L’Italie (77 millions de nuitées ), l’Allemagne (39 millions) et le Portugal (31 millions) complètent le top 5. Les autres pays avec plus de 10 millions de nuitées enregistrées en 2022 sont la Grèce (29 millions), la Croatie (28 millions de nuitées), la Pologne (22 millions) et Autriche (15 millions).

Nuitées annuelles passées dans des hébergements de courte durée réservées via des plateformes en ligne dans les pays de destination populaires, 2018-2022, en millions

 

Les destinations de vacances côtières traditionnelles sont restées populaires au deuxième trimestre 2022. Sur les 20 régions les plus populaires au deuxième trimestre 2022, la France et l’Espagne comptaient six régions chacune, cinq régions se trouvaient en Italie, deux au Portugal et une en Croatie. Cinq régions comptaient plus de 4 millions de nuitées passées : l’Andalousie en Espagne avec 6,5 millions, Jadranska Hrvatska en Croatie avec 5,5 millions, la Provence-Alpes-Côte d’Azur en France avec 5,2 millions, la Catalogne en Espagne avec 4,6 millions et l’Île de France en France avec 4,1 millions.

 

Carte des nuitées passées en hébergement de courte durée via des plateformes en ligne, par région NUTS2, avril-juin 2022

Source : Eurostat

 

Les principales destinations urbaines pour les touristes réservant leur hébergement via une plateforme étaient Paris (13,5 millions de nuitées, soit 37 000 invités par nuit moyenne), Barcelone (8,5 millions), Lisbonne (8,5 millions), Rome (8,0 millions) et Madrid (6,7 millions). Ensemble, ces cinq villes représentent plus de 8 % (45,3 millions) de toutes les nuitées passées dans l’UE réservées via les quatre plateformes (547 millions).

 

 

 

 

5/ le cas d’Uber

Les comptes nationaux ont été initialement mis en place dans une économie où la plupart des entreprises étaient engagées dans la production de biens assez homogènes dans un seul pays. La réalité aujourd’hui est assez différente à l’image des chaînes de valeurs mondiales.

Pour les plateformes d’intermédiation dont le rôle est principalement un service de logistique, en théorie, on les comptabilise à partir du moment où elles sont bien basées en France.

Par contre dans le cas de services, comme le service proposé par Uber, la marge dégagée échappe à la comptabilité nationale française :

  • il n’y a pas de facturation des courses mais vente de service de promotion et de marketing à une société-mère néerlandaise (qui collecte les paiements des voyageurs et les reverse aux chauffeurs après avoir prélevé une commission de l’ordre de 20 %)
  • la marge dégagée sur la mise en relation de chauffeurs VTC français et de consommateurs français est fiscalement imposable aux Pays-Bas : elle n’est pas enregistrée dans les comptes français.
  • Mais la production de services de transport par les chauffeurs VTC est bien prise en compte dans la comptabilité nationale française lorsque ces chauffeurs déclarent leur activité au fisc.

 

 

 

 

Michel Braibant


BIBLIOGRAPHIE

[1] Consommation des ménages, base 2014, Insee,  https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/serie/s1036

[2] La Dépense de consommation finale des ménages et la consommation finale effective des ménages, septembre 2016, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832834/depense-conso-finale-menages-conso-finale-effective-menages-base-2010.pdf

[3] La consommation des ménages en produits agro-alimentaires, Insee, septembre 2016, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832834/conso-finale-menages-produits-agricoles-agroalimentaires.pdf;

[4] La consommation des ménages en services, Insee, septembre 2016, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832834/consommation-menages-en-services.pdf

[5] En 2018, la consommation des ménages ralentit plus fortement que le pouvoir d’achat, A. bourgeois, Insee, juin 2019, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4168956

[6] Revenu et épargne des ménages, Insee, Mai, 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/5404633?sommaire=5354786

[7] Dépenses pré-engagées :quel poids dans le budget des ménages ? M. Lelièvre, N. Rémila, DREES, mars 2016,  https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dd25_depenses_pre-engagees_quel_poids_dans_le_budget_des_menages.pdf

[8] La consommation des ménages depuis cinquante ans, G. Consales, M. Fesseau et V. Passeron Économie Française, Insee,   2009, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1372376?sommaire=1372388

[9] Économie collaborative, DGCCRF octobre 2018,,   https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/documentation/fiches_pratiques/fiches/economie-collaborative.pdf

[10] Les services gratuits issus de l’économie numérique : faut‑il, et comment, les valoriser ? A. Bourgeois, Insee,https://www.insee.fr/fr/statistiques/4770136?sommaire=4770254

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)