3) Distinguer transports et logistique dans le montant global
Le second tableau utile pour estimer les marges de transport du produit automobile est celui des ERE des transports en 2005. Ce tableau permet de décomposer ce qui relève du transport de marchandises et ce qui est du domaine de la logistique. Là aussi, il existe une certaine approximation des calculs. En simplifiant, tout ce qui est du ressort des infrastructures est plus ou moins assimilé au poste (Manutention, entreposage et gestionnaire d’infrastructures) ainsi qu’aux organisateurs du transport de fret international et à l’affrètement .
Le transport de marchandises provient des produits où il y a des marges de transport . On pouvait évaluer la partie transport en sommant la production des produits de transport où il y a des marges (54,8 milliards d’euros) et celle qui relève de la logistique soit 23,4 milliards. Les transports faisant l’objet de marges représenteraient ainsi 70% des dépenses de transport-logistique de l’enquête SESSI.
Ce ratio de 70% est appliqué à tous les produits. Par exemple pour l’industrie automobile, les dépenses de transport représentent 70% du montant précédent (soit 4,0 * 0 ,70 = 2,82 milliards) en première itération . A l’issue de la première itération, les dépenses globales « transport + logistique » de l’industrie manufacturière ont été redressées à 30,4 milliards d’euros. Compte tenu des ERE des transports, on pouvait inférer que 70% sont des dépenses de transport pur et 30% des dépenses de logistique, soit un total des dépenses de transport pur de 21,3 milliards d’euros à ce stade.
Toutefois, l’INSEE n’a pas retenu ces montants en niveau 40 de l’ancienne nomenclature pour les décomposer en niveau 118, préférant se caler sur les montants de la base 2000 pour plusieurs produits industriels. Du coup, à l’issue de cette première itération, on trouvait des marges de transport de 19,3 milliards au lieu de 21,3 milliards si on avait pris exactement la même méthode pour tous les produits.
Par ailleurs, un point délicat est que ce montant n’est pas nécessairement à traiter en marges de transport. En effet, le transport d’automobile est en grande partie destiné à la branche « commerce et réparation automobile » dans laquelle se trouve la sous-branche « commerce de l’automobile ». Or, dans ce cas là, le flux doit être comptabilisé comme une CI de transport par la branche Commerce (CI1) . Seul le transport de pièces détachées de l’automobile destinées aux réparateurs d’automobile ou aux autres branches de l’industrie. est à traiter en marges de transport.
A la seconde itération, le ratio 1,74 est obtenu en divisant la somme des marges de transport de la première itération, soit 19,3 milliards calculées précédemment + les CI de services par l’industrie, montant qui lui n’a pas changé (soit toujours 78 ,3 milliards).
Du coup, en rapportant la somme de ces deux montants aux dépenses du SESSI, on trouvait un coefficient de 1,74 pour l’ensemble de l’industrie . Lors de la troisième et dernière itération, on obtenait selon les mêmes principes, des marges de transport de 19 M, à peine inférieures au montant de la seconde itération. C’est ce montant que l’INSEE a retenu dans les marges de transport de l’industrie.
4) La proposition des marges de transport en nouvelle base : année 2005
Ce même type de calcul a été mené pour l’ensemble des produits sous réserve encore une fois qu’on a conservé dans bien des cas les marges de transport de l’ancienne base. On parvenait à un total des marges de transport pour l’industrie manufacturière hors IAA de 19,0 milliards en base 2005 contre 23,3 milliards en base 2000, soit 81,5% de l’ancien montant, après 3 itérations. Certains produits ont fait l’objet d’un traitement particulier :
– Pour l’agriculture, les IAA et les produits pétroliers raffinés, on a appliqué le même taux que pour l’ensemble de l’industrie manufacturière hors IAA, soit 81,5%.
– Pour le gaz naturel, on a gardé les montants de la base 2000.
– Pour les marges de l’industrie automobile dont une partie devrait transiter par le commerce et la réparation automobile et donc être traitée en consommation intermédiaire du produit transport par la branche automobile au lieu de l’être en marges de transport, on a corrigé les données de l’enquête du SESSI.
– Pour les produits minéraux et pour quelques autres biens intermédiaires, ainsi que pour les biens d’équipement mécaniques, on a gardé les données de l’ancienne base un peu inférieures à celles qui résulteraient des calculs précédents car une partie concernent des déchets et gravats à traiter en CI et qu’on ne maîtrisait pas le rehaussement dû aux petites entreprises. Les écarts entre les deux méthodes restent toutefois faibles.
On obtenait un total des marges de transport de 28,9 milliards en 2005 contre 35,1 milliards en base 2000, soit 10,8% des marges de commerce après trois itérations, ce qui paraît assez élevé. A noter toutefois que ce ratio est dans la moyenne des autres pays où ces marge sont connues (Pays Bas, Etats Unis, Australie). Le transport sur production est calculé au prorata du rapport des marges de transport entre les deux bases multiplié par le transport sur production en base 2000, soit un ratio de 67%.
On note que le compte satellite des transports ne s’appuie pas sur ce calcul des marges de transport pour évaluer la dépense nationale de transport [9].
5) Pas d’impact sur le PIB, sous conditions
L’exemple suivant montre que les changements des marges de transport et du transport sur production n’affecte pas le PIB, sous certaines conditions.
Selon l’approche demande, partant des ventes, la production est rehaussée de 3,9 Mds €. compte tenu d’une baisse du transport sur production mais cela n’a pas d’impact sur le PIB si la CI des produits industrie + transport est rehaussée de 3,9 Mds€ du fait d’un rehaussement des CI de transports. Dans les ERE, les modifications apportées côté ressources sur le transport sur production doivent donc être totalement compensées sur la CI uniquement. Il ne fallait surtout pas répartir les écarts sur d’autres emplois (FBCF, variations de stocks ou autres) en équilibrant les ERE. En revanche, le partage « CI de biens / CI de transport » avait changé » entre les deux bases.
En approche production, la valeur ajoutée ne change pas car la production et les CI sont rehaussées d’un même montant (3,904 M).